La sociale : un film à voir !

LA SOCIALE

Le film de Gilles Perret est un magnifique documentaire sur la création de la Sécurité Sociale, une histoire occultée, une découverte pour la plupart des spectateurs.

Le héros contemporain, Jolfred Frégonara, 96 ans, émouvant survivant, est le fil conducteur de cette épopée sociale qui se termine devant les élèves enthousiastes de l’École d’Administration de la Sécurité Sociale.

Ambroise Croizat en est le grand héros, réhabilité par ce film. Ouvrier métallurgiste, ministre communiste, il est le porteur de cette grande idée politique un système de protection sociale solidaire et démocratique qui couvrirait la vieillesse, la santé, les accidents du travail. Une caisse  pour tous, alimentée par les cotisations, la gestion étant  assurée par les salariés qui occupent ¾ des sièges au CA : la solidarité à la place du caritatif. Un budget indépendant de celui de l’État. Le gouvernement d’après guerre présidé par De Gaulle qui comptait des députés communistes, socialistes, MRP, a donné unanimement son accord à ce grand projet humaniste malgré les oppositions du patronat, des mutuelles, des églises.

Ambroise Croizat s’est appuyé sur Pierre Laroque, son chef de cabinet, fonctionnaire intègre qui a mis ses compétences techniques au service de cette grande idée politique. Lui n’est pas oublié on   utilise même son nom ou celui de De Gaulle pour occulter celui de Croizat.

Il a fallu tout créer, fédérer des milliers de caisses existantes, trouver des locaux, rassembler et classer une infinité de dossiers. Un énorme travail de terrain qui aboutira en quelques mois à la concrétisation du slogan  « de chacun suivant ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Les grands patrons discrédités par leur collaboration avec le nazisme n’ont pas pu empêcher le projet d’aboutir.

Résultat : l’augmentation de l’espérance de vie, la baisse de la mortalité infantile.

 

Ce tournant social décisif n’a jamais cessé d’être occulté et combattu. Présenté comme archaïque et sous couvert de modernisation, le système est démantelé peu à peu pour le faire rentrer dans l’économie de marché (il y a beaucoup à dire, on y reviendra).

La plupart des élus semblent oublier que leur mission est de représenter le peuple. Le Ministre Rebsamen occupe aujourd’hui le bureau qui a été celui d’Ambroise Croizat. Ce malheureux ne connaît  pas son illustre prédécesseur…

Elise SEGUR