Projet de Territoire pour le Bassin Versant du Tescou

(publié Confluences 81, n° de janvier 201Suite à l’abandon du projet de barrage à Sivens et à la signature du protocole transactionnel entre l’État et le Conseil départemental, le 24 décembre 2015, il s’en suit que tout nouveau projet devra se conformer avec l’instruction ministérielle du 4 juin 2015. Celle-ci conditionne la participation financière de l’agence de l’eau à la
mise en oeuvre d’un projet de territoire.
L’historique des événements ainsi que la mise en place de ce projet de territoire sont à consulter sur le site du Collectif Testet http://www.collectif-testet.org/
Devant le gâchis dramatique, humain, écologique et économique, dans le contexte d’un territoire traversé par une grave fracture démocratique, que pouvions-nous faire pour créer les conditions “du plus jamais ça”
Il fallait, et il faut toujours, rappeler ce qui s’est passé. Ne rien lâcher sur le refus des projets nuisibles fomentés par les lobbies financiers, ne rien lâcher sur la dénonciation des violences policières d’État.
Cette dénonciation doit s’accompagner des chemins de l’alternative, de la construction partagée. Parce que les habitants veulent retrouver un territoire où l’on se parle, parce que la seule façon d’échapper à la logique des marchés financiers et des volontés imposées par le pouvoir centraliste est de s’organiser pour décider ensemble, sur le territoire, de ce que qui est le meilleur pour nous.
Alors, oui, nous avons saisi l’occasion de travailler à cette sortie par le haut, de participer.
Nous n’ignorons pas le risque de cautionner un projet laissant la porte ouverte à la reproduction de ce que nous avons combattu et nous conditionnons notre engagement à l’obtention de garanties sur les domaines cruciaux.
Nous le faisons de façon organisée, dans un groupe rassemblant des adhérents du
Collectif Testet, de la Confédération Paysanne, de France Nature Environnement 82, de l’UPNET (Union de protection de la nature et de l’environnement du Tarn), de Nature et Progrès Tarn qui formulent des exigences communes.
Nous participons parce que c’est dans le débat que nous avons les meilleurs atouts pour faire évoluer les pratiques.
Sans présager de la fin du projet nous avons obtenu une réponse positive aux pré requis concernant la ré-attribution de terres à l’usage des agriculteurs, même s’il faut rester vigilants sur la mise en œuvre effective des engagements du Conseil départemental.
Nous avons obtenu aussi qu’un collège de citoyens tirés au sort sur le territoire soit
associé à ce projet. La concrétisation ne s’est pas vraiment faite comme nous l’aurions souhaité, mais il s’agit tout de même d’un pas engagé pour rompre avec les pratiques de décisions en cercles fermés, pour associer des habitants aux décisions qui les concernent. Le bilan du collège citoyen est disponible sur http://www.collectif-testet.org/
Au moment d’écrire cet article nous sommes dans une période charnière. Un document d’étape nommé “charte préalable au projet stratégique du territoire du bassin versant du Tescou” , qui reprend les points négociés depuis le début du processus, est soumis à la signature des participants. La co-construction doit se poursuivre avec ceux qui se seront engagés jusqu’à la rédaction du projet de territoire en juin 2018.
Le dilemme se pose toujours entre participer au risque de cautionner une manipulation ou rester à l’écart en laissant le champ libre pour la construction du barrage-bis déjà voté par le Conseil départemental.
A la différence près que nous disposons des enseignements de la phase passée.
Le texte d’étape de décembre 2017 se présente parfois comme un catalogue juxtaposant les demandes des un et des autres, ce qui laisse ouvertes les craintes sur la suite qui sera donnée par les décideurs, au vu de pratiques passées.
Cependant nous avons obtenu par notre action coordonnée qu’on y retrouve des perspectives intéressantes pour faire évoluer les pratiques agricoles et, surtout, des orientations claires sur des domaines clés:

  • que les données objectives sur la consommation d’eau soient partagées et jointes à la « charte préalable au projet stratégique du territoire du bassin versant du Tescou »
  • que la mise en oeuvre d’une retenue ne soit envisagée que : “En cas de réponse insuffisante aux besoins par les autres solutions ”eau” envisagées”,
  • que la gouvernance du projet de territoire ne soit pas imposée par les élus mais coconstruite au même titre que les autres points afférents au projet de territoire.
    En ce début de mois de décembre 2017 les organisations participantes délibèrent pour savoir si elles signeront le document d’étape à l’échéance du 21 décembre.

Jean BOURDONCLE

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