“Palestine-Israël, microcosme du chaos mondial”.

Conférence de l”AJET (Association Jaurès Espace Tarn)


Animée par André ROSEVEGUE, Retraité de l’enseignement public, membre de Palestine 33 (AFPS). membre de l’Union Juive Française pour la Paix. Il a contribué à plusieurs livres, dont “Parcours de Juifs antisionistes en France”, Syllepse 2022″

En partenariat avec :

Comité Palestine 81  +  Association France Palestine Solidarité  +  Mouvement de la Paix.

La question de Palestine est souvent présentée comme très spéciale et très compliquée. Ne peut-on aider à la clarifier en expliquant comment s’y exacerbent les contradictions du monde ?

Cela ne nous dispense pas de montrer pourquoi il faut s’en saisir, car il y a urgence, pour le peuple palestinien mais aussi pour le monde. Notre passivité serait une complicité directe au génocide en cours. Car la démission de la communauté internationale devant le comportement israélien contribue en retour à ce chaos mondial.

CONFERENCE-DEBAT

en partenariat avec : Comité Palestine 81, Asso. France Palestine Solidarité, Mouvement de la Paix

mardi 26 novembre 2024, à 20h30

Université Champollion (Auditorium FAC ), Place de Verdun 81000 ALBI

Entrée libre et gratuite

Participation au chapeau

“Liens entre le projet de barrage de Sivens et la société productiviste, nucléarisée, énergétivore”.  Conférence donnée au Testet, le 25 octobre 2014 :

Bonjour,

Si j’ai intitulé mon sujet « Liens entre le projet de barrage de Sivens et la société productiviste, nucléarisée, énergétivore », c’est que justement je vois des liens entre ce projet absurde qui nous réunit ici, aujourd’hui et la société de prédation, la société productiviste dans laquelle, bon gré mal gré, nous évoluons…

C’est ce que je vais essayer de vous prouver.

Ce projet de barrage réservoir n’a pas une vocation hydro-électrique. Par conséquent on pourrait me rétorquer qu’il est maladroit ou malhonnête de ma part de l’inscrire dans un processus de société énergétivore !

Pourtant, ce projet de barrage a quelques liens avec la société capitaliste-productiviste-consumériste-énergétivore-polluante-destructrice-prédatrice que je dénonce.

Avant d’expliquer ce que j’entends par société productiviste, prédatrice, destructrice… je vais l’illustrer par un exemple : le 14 octobre de cette année 2014, la Fédération Nationale des Travaux Publics organisait un rassemblement devant l’Assemblée Nationale à Paris et devant toutes les préfectures de France pour encourager l’État et les collectivités à investir dans des Travaux Publics sous prétexte que ces entreprises voient leur chiffre d’affaire en baisse de 25 % depuis 7 ans et ont du se séparer de 30 000 salarié-e-s. Pour leur faire plaisir, l’État et les Collectivités vont entreprendre des travaux, pas forcément nécessaires, pas forcément utiles (mais pour la plupart destructeurs et nuisibles), pour permettre à ces entreprises de s’enrichir et de maintenir des emplois. Je trouve qu’il serait plus simple de leur donner directement l’argent qu’ils réclament, sans passer par des travaux nuisibles et destructeurs… Puisque l’argent semble présent pour entreprendre ces travaux autant le leur donner !   

————–

On pourrait remonter à l’origine de l’organisation des sociétés humaines sédentarisées pour définir ce type d’organisation sociale.

Je vais juste faire référence au système qui se met en place à partir de ce que des économistes et des historiens ont appelé « Révolution Industrielle » dès le XIX ° siècle »… Révolution ou processus évolutif, cela nous importe peu…

Il s’agit en tout cas d’un système qui a un impact considérable en faisant passer des sociétés à dominance agraire et artisanale à des sociétés commerçantes et industrielles.

La société productiviste est une société de consommation. La consommation (que celle-ci soit destinée à combler des besoins essentiels ou à satisfaire des envies) nécessite des formes de production.

Parmi les formes de productions existantes, celle qui permet de centraliser entre les mains d’un petit nombre d’individus le maximum de richesses sera considérée comme la plus pertinente. Aussi, celles permettant le maximum de bénéfices seront privilégiées : c’est à dire, celles correspondantes à des organisations scientifiques du travail, théorisées et mises en pratique par exemple dans les abattoirs de Chicago (dès 1865), puis par Taylor (1880), ou Henry Ford (1908)…

Taylorisme : analyse détaillée et rigoureuse des modes et techniques de production (gestes, rythmes, cadences…) + établissement de la « meilleure façon » de produire (définir, délimiter et séquencer les tâches…) + fixation de conditions de rémunération plus motivantes pour les employé-e-s.

La production ainsi augmentée, il faut trouver des débouchés ! La publicité permettra de créer des envies… considérées comme de nouveaux besoins (notamment pour écouler les surplus produits) !

Pour certaines personnes, le productivisme va avec l’idée de progrès. Tout comme la productivité qui permet de produire le même nombre de produits, la même quantité de matière désirée dans un laps de temps plus court. Ces gains de productivité, c’est-à-dire cette disponibilité de temps permis par la technique et la rationalisation des tâches exécutées auraient pu être consacrés à du temps libre. Ce fut un peu le cas. Mais pas de façon proportionnelle aux gains obtenus.

Exemple : en 1880, 1 tisserand français produisait 15 à 18 mètres de tissus par jour. En 1903, il peut en produire 35 à 40 mètres. Soit le double. Est-ce que son salaire est multiplié par deux ? NON ! Est-ce que son temps de travail a été divisé par 2 ? NON ! Il produit + de biens, ce qui fait + de bénéfices pour l’entreprise et le patron. Ce qui fait + de produits disponibles sur le marché… Donc il faut développer la consommation pour vendre le surplus produit = le consumérisme ! Ce système est de fait producteur de gaspillages, mais aussi évidement de prédation des matières premières qu’il doit transformer pour produire des objets finis. Et je ne parle même pas des conditions sociales de travail !

Ce système productiviste et consumériste n’a été permis que grâce à 3 éléments principaux :

1)- la disponibilité en énergie (vent pour la marine à voile, bois, charbon, pétrole…)

2)- une main d’œuvre corvéable et exploitable

3)- l’absence de scrupule quant à l’exploitation des ressources naturelles, de la faune et de la flore. L’absence de scrupule quant à l’exploitation de la main d’œuvre !

Une anecdote qui illustrera ce système absurde : le calcul du Produit Intérieur brut (PIB) : qui est l’indicateur dans lequel apparaît la valeur totale de la production de richesses effectuée par les agents économiques résidant à l’intérieur d’un territoire, si je me réfère à sa définition… Dans cet indicateur, on trouve aussi bien les rentrés d’argent liées aux accidents de la route, aux effets des catastrophes, aux produits des déboisements, à l’occupation des chambres d’hôpital, à la vente de médicaments, à la vente d’armes, à la vente de hamburgers Mc Do et de bouteilles de Coca-cola, ou de cercueils, la construction de prison comme celle de maternité, la consommation de kilowatts d’origine nucléaire comme ceux d’origine photovoltaïque, du gazoil et du vin, d’heures de télévision permettant le lessivage des cerveau ou les ventes de CD de Johnny Hallyday ou de Georges Brassens, tout comme les ventes des livres d’Eric Zemmour, de Piotr Kropotkin, de Michel Tarrier ou de Bernard Charbonneau… Bref tout ce qui s’échange contre de l’argent !

Pour résumer, le productivisme laisse penser que l’accumulation des biens matériels contribue à accroître le bonheur. Il tente de faire des parallèles entre croissance et développement ; changement et progrès ; consommation et niveau de vie.

Pour simplifier, ce système est la recherche du maximum de productivité et de profits à tout prix !

Si pour Marx ou d’autres, la production a pour but la satisfaction des besoins des humains, on voit bien que le productivisme se moque des besoins des humains ! Ce système est à la recherche des profits maximum… qu’importent alors, pour lui, les conséquences ! Ce système pose la production, et la consommation, donc l’économisme, comme finalité de l’humanité.

L’économie n’est plus l’activité consistant à produire, échanger, distribuer… mais elle devient l’entité pour laquelle toute la nature (et donc les humains aussi) devient marchandable, échangeable, exploitable, destructible, saignable… pour les profits de quelques-uns…

En plus d’avoir des conséquences écologiques et sociales, le productivisme a une conséquence « anthropologique » ! Il déstructure l’humain. Il en fait tantôt un producteur stakhanoviste, tantôt un consommateur insatiable. Avec tous les conflits qui découleront de la domination de ce système sur d’autres, plus respectueux, tournés vers le respect de la nature, des écosystèmes, des ressources, des générations futures… et présentes !
Le système productiviste est obligé de se protéger par des forces armées.


Dans ce type de système sociétal, l’individu n’a de place que si il est producteur ou consommateur, ou les 2 à la fois ! Alors que pour les anti-productivistes l’autolimitation de la consommation est nécessaire et urgente et l’être humain ne doit pas se limiter à sa composante économique.

Selon la théorie de la Consommation (ou de la Rivalité) Ostentatoire développée par Thorstein Veblen (1857-1929 USA), consommer ne vise plus à satisfaire des besoins élémentaires, mais des envies, des désirs, des pulsions (savamment entretenues par la pub et la société du spectacle). Chaque classe sociale ou groupes d’individus veut avoir accès aux mêmes possibilités que le groupe social qui lui est économiquement et socialement supérieur… Course à la surenchère… au gaspillage, au pillage des ressources.

Ainsi, un chercheur en Anthropologie comme Timothy Jones estime que dans les pays riches 50 % de la production alimentaire se retrouvent dans les poubelles. Ces produits alimentaires ont nécessité environ 25 % de l’eau consommée ainsi que 300 millions de barils de pétrole pour les seuls États Unis !

Une étude britannique récente estime que si le Royaume Uni met un terme au gaspillage alimentaire (emballage compris), il évitera la production de 15 millions de tonnes de dioxyde de carbone (un des gaz à effet de serre) par an. 

Nous vivons une ère d’accélération du changement climatique, nous subissons une crise énergétique, les écosystèmes souffrent, les ressources naturelles s’épuisent, la sur-pêche menace les animaux aquatiques, la plupart des grands mammifères disparaissent, l’air est presque partout vicié, les eaux et les sols sont contaminés, la déforestation est bien réelle, la désertification aussi… À croire que les décideurs ont envie de voir de leurs yeux la catastrophe finale !

Il faudra bien un jour s’affranchir de l’impérialisme économique. Qu’on l’appelle capitaliste ou autre…

Au lieu de regarder de façon systémique, c’est-à-dire dans la globalité du système ce qui ne fonctionne pas, on va tenter de résorber les problèmes par touches ponctuelles : aux problèmes de faim dans le monde, des ingénieurs vont prétendre que les OGM apporteront la réponse. Aux problèmes d’énergie, le système va dire qu’il faut encore plus de centrales nucléaires, de barrages Hydro-électriques en Amazonie ou sur le Yian-Tseu-Kiang… aux problèmes de mortalité infantile on va encourager les natalités ou les vaccins… Sans oser regarder en face que la faim dans le monde est liée à un système de spéculation, de distribution, de propriétés privées, d’accès aux ressources et de pénuries organisées… Aux problèmes d’énergie on n’osera pas regarder le fait qu’on est encouragé à la gaspiller sans réfléchir aux besoins réels (produire des salades en Hollande pour les faire venir en Italie alors qu’en même temps des salades d’Italie sont consommées au Danemark)… Et à la mortalité infantile, la santé des mères ne sera pas prise en considération, ni l’état de délabrement des maternités ou la présence de maladies endémiques que nous avons les moyens d’éradiquer mais qui servent au système…

Pour lutter contre la pauvreté, certains s’en prennent aux pauvres, pour lutter contre le proxénétisme, on s’en prendra aux prostituées : c’est le même principe !

Leurs erreurs vont inévitablement entraîner d’autres maux, d’autres problèmes. Pas de soucis : une commission d’experts sera mandatée afin d’apporter une solution pour essayer d’apporter une fausse solution : à tel endroit on assèche les marais pour construire des habitations : ainsi on détruit les lieux de ponte des batraciens. Et on s’aperçoit que la zone devient grouillantes de moustiques : on pulvérise par avion des insecticides… on cause des allergies respiratoires… et on développe de nouveaux médicaments pour aider les bronches à s’adapter, tout en testant de nouveaux produits moins toxiques pour les bronches ! Et de fait la croissance et le PIB se gonflent ! Et des emplois sont assurés !

Certains pensent, ou donnent l’impression de penser, qu’on peut continuer à produire en s’affranchissant des contraintes physiques de la nature… ce qu’on nomme « la donne écologique ».

Si les élites, les décideurs, les entrepreneurs admettent l’erreur du système productiviste qui les nourrit, ils admettent de fait leurs propres erreurs, leurs responsabilités et ainsi leur inutilité (ou leur dangerosité). De fait, ils sont obligés de continuer de foncer droit dans le mur… À moins que nous ne décidions de nous passer d’eux et d’auto-organiser la société dans le respect des écosystèmes dans lesquels nous devons savoir reprendre une place la moins nuisible possible ! Transition ou Révolution… Faudrait s’y mettre au lieu de repousser…

Les liens que je vois entre ce système et ce projet de barrage :

– Le système productiviste mène une artificialisation du monde : notamment par la modification de l’aspect naturel, par l’aménagement anthropique, mais aussi et surtout par le bétonnage et le bitume… On considère qu’en France, chaque heure, 10 ha de terres agricole ou forestières sont artificialisées. Soit l’équivalent de la surface d’un département moyen tous les 8 ans !

Ce barrage s’inscrit dans cette artificialisation de la nature.

– Le système productiviste veut donner l’impression qu’il se préoccupe d’écologie en récupérant ses thématiques. Par exemple, il artificialise la nature et en échange propose de créer des zones de compensation écologiques hors-sol ! (Depuis la loi sur la Nature de 1976, les destructions sont admises et reconnues mais il faut en échange de ces destructions et de ces pillages réparer ailleurs les erreurs et abomination commises ici !) Les technocrates et autres hypocrites veulent nous faire croire qu’ils sont en capacité de recréer des biotopes pour « compenser » ceux qu’ils ont détruit !

Ce barrage s’inscrit dans ce déni des réalités écologiques.

– Le système productiviste et capitaliste est un système globalisant : tout doit pouvoir à un moment ou à un autre appartenir à quelqu’un et devenir marchand afin de créer de la « richesse » comptable, capitalisable.

Ce barrage s’inscrit dans une globalisation de l’espace privatisé. – Le système productiviste est croissanciste. Il court derrière une croissance économique qui ne correspond qu’à des indices économiques et non pas à des besoins. Une pensée magique entretient le dogme que la croissance a la vertu de créer des emplois et du bonheur collectif. Suivant les théories de John Keynes et de Roosvlet, en période de crise, il est important que les collectivités investissent dans de grands travaux d’infrastructures pour maintenir des emplois !… Et en ces temps où de nombreuses personnes se retrouvent stigmatisées parce que au chômage, je serai mal venu de les écarter de la course au pouvoir d’achat et de la participation à croissance de la consommation ! Ainsi on voit une prolifération de projets inutiles et nuisibles : aéroports de NDDL, lignes Grande Vitesse Limoges-Poitiers, LGV Bordeaux-Tours, LGV Bordeaux-Toulouse, LGV Turin-Lyon, un hyper-incinérateur en Charente Maritime, un Stade de foot à Lyon, des centrales Nucléaires EPR (réacteur à eau pressurisée) dans la Manche à Flamanville ou à Penly en Seine Maritime, des projets totalement mégalo tels que le surgénérateur ASTRID à Marcoule (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration prototype de réacteur rapide refroidi au sodium du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives sur le site nucléaire de Marcoule. Suite aux réacteurs expérimentaux Rapsodie, Phénix et Superphénix. Le CEA a pour ambition de permettre d’évaluer la capacité des réacteurs à neutrons rapides à incinérer les isotopes du plutonium), ITER à Cadarache dans les Bouches du Rhône (Réacteur thermonucléaire expérimental international. Machine expérimentale visant à démontrer la faisabilité d’un réacteur nucléaire utilisant le principe de la fusion.), un centre d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, des projets d’autoroutes Marseille-Grenoble, Castres-Toulouse, des Lignes THT dans l’Ouest de la France, des projets de méga-hypermarchés (tel les Porte de Gascogne en région toulousaine…), de zones commerciales inutiles (Portes du Tarn…), ferme des 1000 vaches à Ramery… j’en oublie forcément…

Ce barrage s’inscrit dans cette vision croissanciste de l’économie.

– Le système productiviste est élitiste et anti-démocratique : des élu-e-s politiques sont sollicités par des « porteurs de projets », des technocrates et des chefs d’entreprises qui ont besoin de travaux pour faire des bénéfices ! Les Enquêtes publiques et autres consultations citoyennes sont là (et encore pas toujours) pour tenter de donner une coloration démocratique à des décisions qui sont prises au sein de sphères où le peuple n’a pas son mot à dire ! TOUS ces projets soulèvent de l’indignation populaire À LAQUELLE LES POUVOIRS EN PLACE RÉPONDENT PAR LE MÉPRIS OU LA VIOLENCE !

Ce barrage s’inscrit dans l’opacité et le déni démocratique.

– Le système productiviste est « scientiste » : il veut nous persuader que la science est forcément du côté du bien et que s’opposer aux projets apportant un prétendu progrès est de l’obscurantisme ! Ainsi s’impose la parole d’experts qui prétendent savoir !

Ce barrage s’inscrit dans une vision scientiste de la société.

– le système productiviste vise la privatisation de l’espace public. Les biens communs, les biens publics sont gérés ou le deviennent par des entreprises privées ! L’eau, bien commun par excellence, est gérée par des entreprises privées.

 Ce barrage s’inscrit bien dans la privatisation des biens communs. 

Oui, ce barrage correspond à cette société productiviste-énergétivore que je dénonce :

– toujours plus d’eau pour produire toujours plus de maïs (plante qui n’est pas adaptée ni à ce climat, ni à nos besoins)

– toujours plus d’argent public pour une agriculture inadaptée et vivant sous perfusions subventionnées

– toujours plus d’eau pour refroidir les réacteurs de Golfech

– toujours + d’eau pour diluer les pollutions au lieu d’éviter de produire ces pollutions

– et probablement toujours plus de détournements d’argent public pour des intérêts privés…

Dans son utilisation même, ce barrage s’inscrit dans ce système : sa raison d’être est la preuve de l’incapacité de la société à vivre au sein de son environnement sans chercher à tout prix à le modifier au profit de quelques-uns.

  • l’agriculture destinée à bénéficier de cette eau stockée est une agriculture qui a apporté les preuves de ses nuisances. Tant écologique (utilisation de pesticides, d’intrants de synthèse, utilisation de matériels lourds abîmant les sols…), qu’économique et sociale (élimination progressive des petits paysans).
  • le soutien au débit d’étiage. En hydrologie, l’étiage est la période de l’année où le niveau d’un cours d’eau atteint son point le plus bas (basses eaux). Souvent du à une forte sécheresse prolongée, qui peut être aggravée par les pompages agricoles pour l’irrigation. De plus, lors de la période d’étiage, les pollutions peuvent être + importantes à cause des polluants qui se retrouvent concentrés dans moins d’eau ! Le manque d’oxygène est aussi un des risques lors de la période d’étiage, certaines espèces y sont sensibles…

Au lieu de réfléchir à éviter les pollutions, les technocrates, les décideurs politiques et les ingénieurs choisissent des solutions techniques : comme les centrales d’épuration ou les barrage pour soutien d’étiage !  

Lien possible avec la centrale nucléaire de Golfech :

Les 2 réacteurs de la centrale nucléaire de Golfech prélèvent dans la Garonne environ 220 millions de m3 par an et leurs tours de refroidissement en évaporent 40 millions de m3.
Les centrales nucléaires et l’irrigation des grandes cultures (maïs principalement) entraînent ainsi la diminution de la ressource en eau des bassins versants.

Ce barrage du Testet est prévu pour stocker 1,5 million de m3 d’eau.

Selon certaines sources, ces 1,5 millions de m3 d’eau permettraient d’assurer entre 3 et 5 jours d’alimentation à la centrale nucléaire de Golfech.

Pour l’étiage total, Edf prétend que 5 m3/s permettent de mettre en sécurité le refroidissement des 2 réacteurs arrêtés (5 m3/s  x  3600 s  x 24 h = 432 000 m3/jour. Selon ce calcul, les 1,5 millions de m3 de réserve de Sivens permettraient 3 jours ½ de sécurité… (et je cite mes amis Marc Saint-Aroman et Henry Chevalier « (…) quand une catastrophe est imminente ce talon de flotte reste un atout majeur ! (…) »

Si on replace de façon + globale ce barrage dans l’organisation du bassin Adour-Garonne, on s’aperçoit qu’il rajoute ses 1,5 million de m3 au 78 millions de m3 de capacité stockable sur la Garonne en amont de Golfech… Ce qui n’est pas négligeable…

On peut et on doit continuer à espérer : assez proche de nous, 2 projets de grands barrages ont été annulés… En 1988, celui proche de Vabre qui aurait noyé 3 hameaux, (60 millions de m3) sur le Gijou et celui de Laurélie sur le Viaur (50 millions de m3)… 

Ce ne sont pas les ZAD qui manquent ! Puisque la Terre elle-même est une ZAD ! Pour finir, un petit clin d’œil à Ivan Illich (1926-2002 Autriche), avec un de ses propos lu dans son ouvrage « La Convivialité » (1973) : Ivan Illich est  l’inventeur du concept de monopole radical (lorsqu’un moyen technique est ou semble trop efficace, il crée un monopole et empêche l’accès aux moyens plus lents, comme les autoroutes vis-à-vis de la marche à pied par exemple).

« (…) Au stade avancé de la production de masse, la société produit sa propre destruction. La nature est dénaturée. L’humain déraciné (…) ».

Parfois, même les technocrates admettent :

Dominique Dront & Michel Cohen de Laran (de la Cellule de prospective et stratégie) dans un rapport remis au gouvernement en 1995, intitulé « Pour une politique soutenable des transports » estiment que dire que des entreprises vont venir s’installer ou se créer dans les zones traversées par de nouvelles « infrastructures routières relèvent plus du slogan que de la réalité » ! Cette folie des grandeurs semble pourtant participer des mêmes recettes qui nous ont mené dans les impasses dans lesquelles se trouve le système

Projet de Territoire pour le Bassin Versant du Tescou

(publié Confluences 81, n° de janvier 201Suite à l’abandon du projet de barrage à Sivens et à la signature du protocole transactionnel entre l’État et le Conseil départemental, le 24 décembre 2015, il s’en suit que tout nouveau projet devra se conformer avec l’instruction ministérielle du 4 juin 2015. Celle-ci conditionne la participation financière de l’agence de l’eau à la
mise en oeuvre d’un projet de territoire.
L’historique des événements ainsi que la mise en place de ce projet de territoire sont à consulter sur le site du Collectif Testet http://www.collectif-testet.org/
Devant le gâchis dramatique, humain, écologique et économique, dans le contexte d’un territoire traversé par une grave fracture démocratique, que pouvions-nous faire pour créer les conditions “du plus jamais ça”
Il fallait, et il faut toujours, rappeler ce qui s’est passé. Ne rien lâcher sur le refus des projets nuisibles fomentés par les lobbies financiers, ne rien lâcher sur la dénonciation des violences policières d’État.
Cette dénonciation doit s’accompagner des chemins de l’alternative, de la construction partagée. Parce que les habitants veulent retrouver un territoire où l’on se parle, parce que la seule façon d’échapper à la logique des marchés financiers et des volontés imposées par le pouvoir centraliste est de s’organiser pour décider ensemble, sur le territoire, de ce que qui est le meilleur pour nous.
Alors, oui, nous avons saisi l’occasion de travailler à cette sortie par le haut, de participer.
Nous n’ignorons pas le risque de cautionner un projet laissant la porte ouverte à la reproduction de ce que nous avons combattu et nous conditionnons notre engagement à l’obtention de garanties sur les domaines cruciaux.
Nous le faisons de façon organisée, dans un groupe rassemblant des adhérents du
Collectif Testet, de la Confédération Paysanne, de France Nature Environnement 82, de l’UPNET (Union de protection de la nature et de l’environnement du Tarn), de Nature et Progrès Tarn qui formulent des exigences communes.
Nous participons parce que c’est dans le débat que nous avons les meilleurs atouts pour faire évoluer les pratiques.
Sans présager de la fin du projet nous avons obtenu une réponse positive aux pré requis concernant la ré-attribution de terres à l’usage des agriculteurs, même s’il faut rester vigilants sur la mise en œuvre effective des engagements du Conseil départemental.
Nous avons obtenu aussi qu’un collège de citoyens tirés au sort sur le territoire soit
associé à ce projet. La concrétisation ne s’est pas vraiment faite comme nous l’aurions souhaité, mais il s’agit tout de même d’un pas engagé pour rompre avec les pratiques de décisions en cercles fermés, pour associer des habitants aux décisions qui les concernent. Le bilan du collège citoyen est disponible sur http://www.collectif-testet.org/
Au moment d’écrire cet article nous sommes dans une période charnière. Un document d’étape nommé “charte préalable au projet stratégique du territoire du bassin versant du Tescou” , qui reprend les points négociés depuis le début du processus, est soumis à la signature des participants. La co-construction doit se poursuivre avec ceux qui se seront engagés jusqu’à la rédaction du projet de territoire en juin 2018.
Le dilemme se pose toujours entre participer au risque de cautionner une manipulation ou rester à l’écart en laissant le champ libre pour la construction du barrage-bis déjà voté par le Conseil départemental.
A la différence près que nous disposons des enseignements de la phase passée.
Le texte d’étape de décembre 2017 se présente parfois comme un catalogue juxtaposant les demandes des un et des autres, ce qui laisse ouvertes les craintes sur la suite qui sera donnée par les décideurs, au vu de pratiques passées.
Cependant nous avons obtenu par notre action coordonnée qu’on y retrouve des perspectives intéressantes pour faire évoluer les pratiques agricoles et, surtout, des orientations claires sur des domaines clés:

  • que les données objectives sur la consommation d’eau soient partagées et jointes à la « charte préalable au projet stratégique du territoire du bassin versant du Tescou »
  • que la mise en oeuvre d’une retenue ne soit envisagée que : “En cas de réponse insuffisante aux besoins par les autres solutions ”eau” envisagées”,
  • que la gouvernance du projet de territoire ne soit pas imposée par les élus mais coconstruite au même titre que les autres points afférents au projet de territoire.
    En ce début de mois de décembre 2017 les organisations participantes délibèrent pour savoir si elles signeront le document d’étape à l’échéance du 21 décembre.

Jean BOURDONCLE

Barrage de SIVENS : la drôle de guerre. Article de Jean Claude EGIDIO pour Rouge et Vert n° 386

Publié le mardi 27 janvier 2015, sur le blog des Alternatifs du Tarn et de l’Aveyron

Des négociations en panne

La dernière rencontre présidée par les experts gouvernementaux, chargée d’étudier une solution alternative au barrage s’est tenue le vendredi 9 janvier à Toulouse et a abouti à une impasse complète. La FDSEA du Tarn, demeure arc-boutée sur ses positions depuis la suspension des travaux: le barrage doit être achevé comme il avait été initialement conçu, au même endroit et selon la même capacité. La seule concession concerne l’allocation des volumes d’eau: 50% à la rivière et 50% à l’irrigation au lieu des 30% et 70% prévus à l’origine
Les opposants, (FNE midi py, le Collectif Testet et la Confédération paysanne) font valoir deux autres solutions. La première consisterait à mobiliser rationnellement les masses énormes d’eau actuellement stockées dans des retenues collinaires et bien souvent sous utilisées. Ceci, quitte à prévoir des connexions entre plusieurs de ces réserves afin de répartir au mieux la ressource, laquelle cesserait d’être complètement privée puisqu’elle serait mutualisée. Une autre solution serait la construction de deux bassins latéraux d’une capacité totale de 700000 m3.

Il est à noter que les partisans du barrage admettent désormais qu’une retenue de 1 M de m3 serait suffisante quand le projet en prévoyait 1M5). Un autre chiffre est intéressant à relever à partir du rapport intermédiaire des experts produit à la fin décembre, c’est le nombre d’agriculteurs effectivement privés d’eau et avouant être demandeurs d’un aménagement pour pallier ce manque: il s’élève en définitive à 6. On est bien loin du nombre de 80 dont se réclamaient les porteurs du barrage.
Nul doute que la position du syndicat agricole ne se fonde pas sur des considérations techniques. L’enjeu est d’ordre politique: pas question de se laisser imposer par des écologistes, ni de plier devant qui remet en cause le modèle agricole dominant et menace l’agro-business.

Raisons d’y croire

D’une façon générale, le rapport final devant être rendu le 20 janvier 2015 s’annonce plus favorable encore aux opposants que ne l’était le premier rapport rendu en novembre.
Deux autres éléments sont à prendre en compte dans cette drôle de guerre: d’une part, la procédure lancée par la commission européenne pour infraction à la loi sur l’eau et d’autre part, une récente note du ministère de l’agriculturequi se déclare défavorable au barrage: «La Commission a transmis une mise en demeure à la France, dont la réponse sera à faire pour fin janvier 2015. Au-delà de ce projet, qui n’est pas soutenu par le MAAF en l’état et qui sera, quoiqu’il en soit, au minimum revu si ce n’est abandonné, la jurisprudence qui en ressortira peut avoir des incidences importantes sur le positionnement général de la Commission concernant les retenues d’eau et donc plus globalement sur la doctrine en matière de gestion quantitative de l’eau en agriculture.» (Voir Reporterre du 9 janvier 2015).

Motifs d’inquiétude.

Cependant, malgré ces éléments de bon augure, rien n’est acquis et nous avons plusieurs sujets d’inquiétude. D’abord, le fait que le calendrier politique se rapproche et que CARCENAC a annoncé son désir de se représenter aux élections départementales. Dans un article à la Dépêche, il prône «des alliances élargies» déjà concrétisées par des duos politiquement mixtes. Nous avions dès la mi-novembre la préfiguration de cette alliance élargie dans la manifestation à Albi des élus favorables au barrage. On peut craindre que cette élection face figure de référendum sur la question de Sivens.
Et si, contre toute attente, CARCENAC parvenait à rassembler victorieusement sur son nom les anti-barrage de tous bords, il offrirait au pouvoir la formule magique pouvant être opposée à toute lutte anti GPI, à commencer par le Center parc de Roybon ou l’aéroport de NDDL, et qui tient en quelques mots: fermeté et alliance élargie (pour ne pas dire «union sacrée)
L’autre motif d’inquiétude touche à la question juridique. A l’heure actuelle, les travaux sont certes suspendus mais aucune décision de justice n’a prononcé leur caractère illégal. Si bien que ce sont les opposants, avant tout ceux qui écopent de peines de justice disproportionnées en regard des griefs, mais aussi les occupants qui sont considérés et traités comme illégaux.
Un référé suspensif, dans l’attente du jugement sur le fond qui n’interviendra pas avant le dernier trimestre 2015, serait le moyen de rappeler les responsabilités initiales des porteurs du barrage que la mort de Rémi Fraisse avait contribué à mettre au grand jour.
Un jugement en notre faveur plomberait la campagne de CARCENAC et l’empêcherait de reprendre la main.

Perspectives.

Cependant, un rassemblement au printemps sur le site de Sivens est en gestation, à l’instar de ceux du printemps dernier et de l’automne passé. A coup sûr, l’événement sera d’ampleur nationale. D’ores et déjà, un appel à manifester à Nantes et à Toulouse est lancé pour le 22 février date anniversaire
du tournant dans la répression opéré l’an dernier à Nantes. Plus prosaïquement, des groupes de réflexion élaborent en marge des rencontres officielles ce que pourrait être l’avenir du Testet, en terme de projet de territoire, respectueux des milieux naturels autant que de l’intérêt de ses habitants.
La dynamique instituée entre les divers collectifs, les Bouilles et le Testet, entre locaux et occupants, continue de fonctionner à plein notamment grâce à la coordination des opposants régulièrement convoquée.

le 10 janvier 2015
Jean Claude EGIDIO, Membre de la Coordination des Opposant-e-s au barrage

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Barrage de SIVENS : un témoignage après les agressions de milices pro-barrage, dimanche 1er février sur la ZAD et à GAILLAC

Publié le 3 février 2015, sur le blog des Alternatifs 81

Nous publions ici le témoignage de Patrick ROSSIGNOL, maire d’une commune rurale du Sud-Tarn . Agriculteur

Bonsoir,
Souhaitant participer à la journée sur les zones humides pour assister à des animations « découverte du milieu » et me tenir au courant de l’évolution du projet de barrage de Sivens je me suis rendu au lieu dit Barat. Là, comme d’autres, je me suis vu interdire l’utilisation de la départementale D32 par des partisans du projet de barrage. Je n’étais pas informé de leur présence. Si, après m’être présenté, j’ai pu débattre avec certaines personnes, je me suis fait insulter et menacer par quelques autres. Menaces verbales et menaces physiques. Certains ont photographiés mon fourgon.
Ne cherchant pas la provocation, je suis retourné directement à Gaillac où j’ai retrouvé d’autres opposants au barrage. Peu de temps après (aurai-je été suivi?) des « pro-barrage » circulaient dans les rues de Gaillac armés de barres en fer, manches de pioches. En tant qu’élu (Maire de St Amancet) j’ai essayé de m’interposer alors qu’ils voulaient s’en prendre à des jeunes. J’ai été à nouveau menacé. Les gendarmes sont intervenus sans désarmer ces hommes. Sous prétexte d’une agression sur un pro barrage (fait à démontrer…) les gendarmes ont tenté de pénétrer à l’intérieur d’un appartement privé où se tenait une réunion.
Quand j’ai rejoint mon véhicule, rue des côtes du Tarn à Gaillac, j’ai constaté que le pare-brise et une vitre latérale avaient été détruites à coup de barre. Les impacts sur le pare-brise ne prêtent pas à confusion.

Accompagné par quelques personnes je suis allé déposer une plainte à la gendarmerie de Gaillac. Quelques minutes après ma sortie des bâtiments de la gendarmerie, les mêmes hommes, armés des mêmes ustensiles, sont arrivés devant la Gendarmerie. Malgré mes appels à l’aide dans l’interphone, les gendarmes ne sont sortis que lors de l’agression d’un journaliste stagiaire qui tentait de prendre des photos. Les gendarmes ont séparé les deux groupes et ont laissé partir les agresseurs. Connaitra-t-on leurs identités? Seront-ils inquiétés ou attendra-t-on un nouveau drame?

Une sale journée, très inquiétante si des genres de milices (en treillis, aux brassards oranges) peuvent faire régner la terreur dans une ville comme Gaillac.
J’ai été choqué, il y a quelques mois, par la violence développée, et ceci quelque soit le bord. Des opinions différentes concernant un projet de barrage ne justifient aucune violence. Je continuerai à lutter dans ce sens quelque soient les menaces.
Bien cordialement,
Patrick Rossignol

 Article paru dans médiapart

Le maire écolo de Saint-Amancet voulait se rendre sur le site de Sivens. Impossible : des pro-barrage bloquent la route, l’insultent et le menacent. Nouvelle altercation un peu plus tard. Cette fois, ils sont armés de barres de fer.

Dimanche 1er février au matin, j’étais sur la route en direction de la forêt de Sivens, pour assister aux animations prévues dans le cadre de la Journée mondiale des Zones Humides. En arrivant sur le lieu-dit de Barat, aux alentours de 10h15, j’ai découvert que la route était bloquée par une trentaine d’individus. Ils se sont présentés comme des agriculteurs et chasseurs pro-barrage, originaires de la région.

Je suis agriculteur et maire de la petite commune de Saint-Amancet. Je n’étais a priori pas opposé au barrage, mais j’ai été choqué par la mise en place de la violence qui a conduit à la mort de Rémi Fraisse. Ceci m’a poussé à explorer le sujet plus en détails. C’est là que j’ai réalisé le manque de sérieux du projet et depuis, je continue à suivre la question de près.

Insultes et menaces

J’ai entamé la conversation avec certains d’entre eux, mais la discussion a vite tourné court car d’autres ont commencé à m’insulter à coups de « Dégage de là ! » et autres phrases du genre :

« Vous êtes un élu ? J’espère que vos électeurs vont vous cracher à la gueule ! »

Ils ont ensuite menacé de me « foutre dans le ruisseau » et de « retourner [mon] véhicule » à l’aide de leurs tracteurs. Vers 11h30, nous avons décidé, avec d’autres conducteurs bloqués, de faire demi-tour. Au moment de partir, j’ai surpris quelques-uns des « pro-barrage » en train de prendre des photos de ma voiture.

Des pro-barrage armés de barres de fers et de pioches

Arrivés à Gaillac, avec quelques-unes des personnes n’ayant pas pu accéder au site, nous nous sommes réunis dans un appartement afin de décider de ce que nous allions faire. C’est là qu’on nous a prévenus qu’une bande de pro-barrage se dirigeaient vers nous, barres de fer et pioches à la main. Je pense qu’ils nous avaient suivis. Ils portaient des treillis, des brassards orange et des sweat-shirts noirs à cagoule ornés du logo :

« Brigade anti-Pelluts – Soutien aux gendarmes de Sivens »

Avec quelques-uns, on a décidé de sortir à leur rencontre, histoire de calmer le jeu. Je pensais qu’en tant que maire et agriculteur, j’arriverais à leur faire entendre raison, mais ça n’a pas vraiment marché et on s’est fait accueillir par une volée d’insultes et de menaces.

Les gendarmes sont arrivés peu après : ils étaient en fait à la recherche d’un anti-barrage, qui aurait, selon eux, agressé un membre de la bande. Lorsque je leur ai expliqué la véritable situation, ils m’ont rétorqué que le témoignage de la personne qui avait été agressée était plus crédible que le nôtre. Ils sont alors entrés de force dans l’appartement dont je venais de sortir, en me bousculant et en ne prêtant que très peu d’attention à la bande qui nous agressait et à leurs armes.

Pare-brise cassé

Un peu plus tard, alors que j’allais reprendre ma voiture, j’ai découvert que mon pare-brise et ma vitre latérale avaient été cassés à coups de barre de fer. C’est assez clair, au vu des impacts. Une autre personne de notre groupe s’était déjà fait crever les 4 pneus dans la matinée. Nous nous sommes alors rendus à la gendarmerie pour porter plainte : les gendarmes ont accepté la plainte pour vandalisme mais rejeté tout ce qui concernait les menaces et les insultes. Nous sommes donc sortis.

C’est alors que 5 personnes, faisant partie du même groupe qui nous avait déjà agressés deux fois, sont arrivées devant la gendarmerie. J’ai appelé à l’aide par l’interphone, mais les gendarmes m’ont répondu qu’ils pouvaient voir la scène de la fenêtre et que le groupe n’était pas menaçant. Ce n’est que lorsqu’un jeune journaliste présent sur place s’est fait fracasser son appareil photo que les gendarmes sont ressortis. Plutôt que d’immobiliser l’agresseur, ils ont préféré demander à la victime de présenter sa carte de presse. Finalement, ils ont bien ceinturé un type armé d’une barre de fer, mais l’ont relâché quelques minutes plus tard sans même relever son identité.

La France ne peut accepter les milices

J’ai été très choqué par toute cette histoire. Bloquer la route, c’était de bonne guerre. Mais il n’est absolument pas normal que les forces de l’ordre aient laissé se promener dans Gaillac de véritables miliciens armés, en plein dimanche après-midi. D’ailleurs, je désapprouve autant la violence de « casseurs-radicaux » que celle des « miliciens-pro-barrage ». Les scènes que j’ai vues dimanche m’ont rappelé des épisodes conduits par le parti Aube Dorée auxquels j’ai pu assister en Grèce. Elles sont inacceptables dans un pays comme la France. Et je continuerai à lutter contre cette violence quelles que soient les menaces.

Propos recueillis par Camille Diao

ATOSCA et la préfecture de Haute-Garonne main dans la main pour du grand n’importe quoi. (communiqué de la ZAD A69)

Ce Lundi 7 octobre, après 22 jours d’une incroyable résistance aux  chantiers de l’A69 et à son monde de merde, la ZAD doit faire face à  l’abject, la bêtise et la violence des gendarmes et des ouvriers d’ATOSCA.

Dès 8h00, les gendarmes ont interpellé et placé en garde à vue la  quinzaine de personnes qui soutenaient les écureuilles. Rien ne  justifiait cela alors que le petit campement était sur un terrain privé avec le soutien du propriétaire et qu’aucune notification d’aucune sorte  n’avait été faite. Une répression basée sur le Code de procédure du  doigt mouillé au service du BTP.

Dans la foulée, les engins de NGE se sont mis en marche pour continuer d’enterrer les deux noyers et leurs 5 écureuil.le.s.

Sous l’oeil des gendarmes les engins de 50 tonnes sont allés jusqu’à  pousser des écureuil.le.s directement avec leurs bennes ! On a même vu un  ouvrier de NGE se jeter sur une écureuil.le pour tenter de l’attraper et chuter dans un même mouvement !

Ces scènes complètement ahurissantes traduisent l’absurde d’un monde en déroute qui s’agite bêtement pour un projet inutile avec l’entêtement  malsain que provoque le pognon. Tout ce monde est à vomir et leurs actions sont aussi ridicules que leurs utopies financières, libérales et oppressives.

À l’heure de l’envoi de ce communiqué, une écureuil.le a été interpellée  et placée en garde à vue pendant que les plateformes et les couchages  ont été détruites par des ouvriers qui s’improvisent grimpeurs. Une  autre est descendu avec un simple contrôle d’identité.

Ce monde va mal mais nous lui feront toujours face !

“Sivens 10 ans : on n’oublie pas”, samedi 26 octobre à 19h00

Vous êtes invité.e à participer à la soirée “Sivens 10 ans : on n’oublie pas”

 Si vous souhaitez participer à cette soirée, il faut vous inscrire sur la billetterie Hello assos en cliquant ici.

2 choix prix coûtant (ou plus) ou prix libre. N’oubliez pas de cocher les options, notamment si vous vous proposez comme bénévole.

La soirée « Sivens 10 ans : on n’oublie pas » a pour vocation d’être une soirée de solidarité avec les luttes environnementales et sociales actuelles. Les bénéfices de la soirée serviront à soutenir ces luttes.

Elle se tient à Colo&Co (Saint Jérôme sur la commune de Castelnau de Montmiral – coordonnées GPS : 43.939, 1.833)

Attention :  le lieu ne permettant pas d’accueillir plus de 200 personnes, vous serez inscrit.e par ordre de réservation.

Programme de la soirée :

19h00 : accueil

19h30 à 21h00 : repas avec animation musicale par Nino Korta (DJ à Puycelsi)

21h30 à 23h00 : Karma Sista en concert (réalisatrice du film « la résistance respire »)

23h15 à 2h00 : Karaoké avec Lucas Lemauff (vous pourrez venir chanter seul.e ou en groupe ou dire des poèmes)

D’autres initiatives complémentaires …..

Peut=être avez-vous reçu ce mail par un autre canal. Dans ce cas, désolé du doublon.

CordialementChristian

Opposition au chantier de l’A 69, toujours des vies en danger !

Boîte de réception

Communiqué de presse de la section LDH Toulouse auquel s’associe la section LDH du Tarn

COMMUNIQUE DE PRESSE DU 4 OCTOBRE 2024

La commission d’enquête de la LDH Toulouse sur les atteintes aux droits lors des opérations de police et de gendarmerie contre les opposant-es à l’A69 a été saisie une nouvelle fois ce 29 septembre 2024 pour une entrave aux soins des écureuil-les, et ce jour 4 octobre  pour mise en danger de la vie des écureuil-les !

 Depuis 19 jours de siège, les écureuil-les ne sont plus ravitaillées normalement et présentent des symptômes inquiétants liées au manque de nourriture. Nous demandons que l’interdiction de ravitaillement en nourriture soit levée car elle entre dans le cadre de l’interdiction des traitements cruels, inhumains ou dégradants, visée par l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme et des obligations internationales de la France relatives à la Convention contre la torture des Nations Unies. [1]

Nous avions déjà alerté la presse à la fin du mois de février quant aux entraves à la circulation des secours lors d’une évacuation d’une opposant-es inanimée.

 Aujourd’hui, un ouvrier de la NGE a déjà déposé des mètres cubes de terre avec sa pelleteuse pour ensevelir deux noyers  dans lequel 5 écureuil-les sont installées.  Il n’y a pas de distance de sécurité installée et elles se trouvent très proches de la pelleteuse. Le bois est cassant et les sont objectivement en danger alors que les gendarmes présents observent la scène, couvrant ainsi les agissements de la NGE (Nouvelle Génération d’Entrepreneurs – concesionnaire pour le projet A 69).

 Les écureuil-les sont surveillé.es et contrôlé.es par les forces de l’ordre.et il leur appartient de protéger et de secourir les personnes qui se trouvent sous leur contrôle. Nous rappelons que la non-assistance à personne en danger est une infraction pénale.

 Toulouse, le 4 octobre 2024