
Depuis plusieurs années, Les Alternatifs 81-12 suivent attentivement le dossier du projet de barrage de SIVENS. Depuis quelques mois les évènements se sont accélérés ouvrant vers une médiatisation de cette lutte.
La mort tragique d’un jeune manifestant, le jour où une « marche nationale de réappropriation des lieux » était organisée, donne une autre dimension et à la lutte et au dossier.
Mensonges à tous les étages, petits arrangements entre amis, dossier d’enquête publique mal ficelé, projets alternatifs non pris en compte, faiblesses du montage financier, interrogations sur la destination réelle de l’ouvrage, sont quelques uns des points forts qui sont à présent dans le débat public et auxquels personne ne peut plus échapper, ni les pouvoirs publics, ni les commanditaires. A cela s’ajoutent, outre la question des violences policières, celles de la démocratie dans la prise de décision, celles de l’agriculture pour demain, de l’aménagement du territoire. Questions qui sont au cœur des problématiques que portent Les Alternatifs. Nous avons choisi de donner la parole en priorité à des acteurs de cette lutte multiforme. Nous ne traitons pas de tout : la place manquerait. Tous ne sont pas là, mais celles et ceux qui interviennent dans ce dossier ont des faits à rapporter, des premières analyses à donner, des convictions à défendre.
Les Alternatifs 81-12
Chronique d’une mort annoncée ! Edito

On vous l’avait pourtant bien dit ! Et même seriné depuis plus d’un mois !
Toute personne passant quelques heures sur le Testet pouvait le sentir de façon très sensible. Il suffisait d’ouvrir les yeux (et les oreilles !) pour comprendre que les brutalités et les insultes des forces dites de l’ordre annonçaient que l’irréparable arrivait au galop.
Mais la volonté de ne rien voir ni entendre – et encore moins celle d’écouter – des chefaillons politiques Tarnais, trop obnubilés par leurs intérêts, confondus sciemment avec ceux de leurs petits copains (coquins ?) indiquait clairement, par delà la destruction de la dernière zone humide du département, celle des hommes, des femmes et de tous ces jeunes zadistes qui se sont levés pour empêcher ce massacre.
Jusqu’à l’entêtement « relativement stupide et bête » ! Jusqu’à susciter les violences policières ! Jusqu’à la mort ? Oui, jusqu’à la mort, celle d’un gamin spécialiste des renoncules !
La mort, conséquence ultime de la politique du passage en force, du refus de débattre et de remettre en question ses certitudes et ses méthodes de voyous, dans le mépris le plus total de la démocratie. Laquelle, faut-il le rappeler, s’incarne dans une charte intitulée « Citoyenneté et Démocratie Participative » et adoptée par le Conseil Général du Tarn il n’y a guère plus de 3 ans : mais le chemin est long des paroles (voire des écrits) aux actes !
Souhaitons que ce mépris des citoyens et des jeunes, vite qualifiés de « casseurs » (à remarquer qu’ils sont toujours d’extrême gauche et jamais d’extrême droite !) ne se développe pas sur les autres ZAD !
Jusqu’à l’élimination physique !
On peut en douter. En effet ce « modèle » de société dans laquelle nous vivons est à bout de souffle et n’a d’autre issue que la violence institutionnelle pour imposer au plus grand nombre ses projets néfastes. Ne peut-on hélas s’attendre à d’autres victimes, à Notre Dame des Landes ou ailleurs ?
Candida Rouet
A SIVENS, Rémi est mort

C’est peu dire que je suis bouleversé par les dernières nouvelles, même si rien ne permet, pour l’heure, de savoir de quoi Rémi est mort. Il reste que sur un lieu de confrontation, de manifestation, d’opposition… on a retrouvé à 2 heures matin le corps d’un homme. Cela devrait ramener à de plus justes proportions l’envie des uns et des autres de se faire un nom dans l’histoire des grands projets locaux, ou des bénéfices engrangés. La mort, en définitive, est la seule vraie réalité, puisqu’elle nous attend tous, a pris nos aïeux, prendra nos enfants. En cela elle a quelque chose d’une profondeur sans borne, dans cette césure totale qu’elle nous infligera tôt ou tard, les infinies douleurs qu’elle nous inflige déjà. Car c’est à sa mesure qu’il faut évaluer ce après quoi nous courons. Nous passerons tous, le monde demeurera à jamais, infiniment plus fort que nous. Ceux qui veulent édifier des barrages ici, des empires là, ne sont rien et ne laisseront rien. Ceux qui se seront contentés de rappeler aux premiers que nous sommes solidaires, tous passagers d’un même vaisseau, soudés les uns les autres, quelque conscience que nous en ayons… laisseront au fond de nos cœurs le rappel et la gratitude d’être des frères et sœurs, enfants d’un même tourbillonnant et insondable mystère dont nous faisons partie, et qui nous emporte, au-delà de nos vies misérables, dans l’immense communion de tout.
A bientôt, le cœur lourd,
Jérôme VIALARET
Intervention de Rémy SERRE au rassemblement contre le barrage,
le 25 octobre 2014 dans le Tarn