A69 et État de droit


Lettre ouverte à M. le député TERLIER et aux autres élu.e.s qui se croient au-dessus des lois


Dans le dossier de l’autoroute « Pierre Fabre », la décision du Tribunal administratif de Toulouse présente un caractère historique à un double titre. D’abord, parce que le Tribunal a montré son indépendance, malgré les pressions constantes des porteurs de ce projet pompidolien, et son impartialité, en appliquant tout simplement la loi. Ensuite, en tenant en échec, la pratique du fait accompli qui consiste à réaliser des travaux alors que l’on sait, depuis le début que les autorisations administratives sont atteintes d’un vice irrémédiable. Atosca et ses tenanciers ont joué avec le feu. Ce
n’est pas la faute du tribunal s’ils se sont brûlés.

Mais, les auteurs de ces lignes – qu’ils soient ou non impliqués dans la lutte contre ce projet – sont sidérés de lire les propos de certains élus contre une décision de justice.
Attaque ad hominem (ou plutôt ad feminem parce que la rapporteuse publique est une (jeune) femme, elle serait incapable de traiter le dossier), remise en cause de l’Etat de droit et affirmations que les élus seraient les seuls détenteurs de l’intérêt public, en oubliant au passage que de trop nombreux élus entretiennent des liens directs ou indirects avec les intérêts privés qui profiteront de ce projet qui ne sera
viable qu’en raison d’un apport déraisonnable d’argent public.
Cerise sur le gâteau, certains parlementaires, et en premier lieu M. Terlier, député du Tarn, menacent de faire adopter une “loi de validation” pour briser la jurisprudence du Tribunal administratif.

Alors permettez-nous de rappeler quelques évidences que nous empruntons à quatre hauts-magistrats qui ont lancé une alerte dans les colonnes du Monde (7 mars 2025).
Si l’État de droit est une contrainte qui s’impose à tous, c’est pour assurer le maintien de la paix civile.
Comme le rappelle Rémy Heitz, procureur général près de la Cour de cassation, au-delà du contrat social, c’est un “contrat moral” car “l’État de droit, c’est le bouclier de nos libertés”. S’il suffit pour un groupe privé de faire passer une loi de complaisance, nous serions face à une pratique de simonie et une dérive ploutocratique inquiétante.
De son côté, Didier-Roland Tabuteau, vice-président du Conseil d’État, nous rappelle que “le premier acteur de l’Etat de droit, c’est l’administration”. Et c’est le reproche que l’on peut faire à l’ “administration” préfectorale dans le dossier A69 : ne pas avoir tenu compte des signaux d’alertes lancés par différentes autorités, agences environnementales ou commissions indépendantes.
Avec Christophe Chantepy, président de la section du contentieux du Conseil d’Etat, il faut marteler que “l’Etat de droit aujourd’hui, ce n’est pas seulement le respect de règles formelles, c’est aussi le respect des droits fondamentaux substantiels qui peuvent être opposés à la volonté de la majorité”.

A supposer que M. Terlier et consorts expriment la volonté de la majorité, cela ne les affranchit pas du respect des règles légales qu’ils ont eux-mêmes adoptés au Parlement et surtout de la Constitution qui garantit l’Etat de droit. Quant aux règles supranationales, il convient de rappeler que la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l’Homme (CEDH) consacre la notion de “prééminence du droit”. Dans les sociétés démocratiques et protectrices des droits et libertés fondamentales d’Europe, ce concept assure la sécurité juridique et protège contre l’arbitraire des détenteurs du pouvoir qu’il soit politique ou économique.
Quant aux critiques véhémentes contre le carcan réglementaire qui empêcherait tout projet, nous nous reconnaissons dans l’affirmation du vice-président du Conseil d’Etat lorsqu’il constate “qu’il y a des acteurs qui ont un intérêt à ce que certaines normes ne s’appliquent pas pour des raisons économiques, politiques,philosophiques”. De même, M. Chantepy a décrypté vos manœuvres lorsqu’il constate que “Il y a des agendas politiques ou économiques qui conduisent, pour de diverses raisons, à avancer l’idée que l’État de droit empêcherait d’agir”. C’est oublier un peu vite que les règles qui s’imposent à tous sont issues de lois ou de traités qui résultent d’une décision du souverain, c’est-à-dire le peuple (article 3 de la Constitution), et non à quelques financiers planqués dans des paradis fiscaux ou des industriels qui se comportent comme des “maitre de forges” .
Pour conclure, laissons la parole au Premier président de la Cour de cassation, Christophe Soulard qui souligne cette évidence : ” Lorsqu’on met en cause la légitimité du juge, on fragilise l’ensemble du système : à partir du moment où on peut commencer à s’en prendre à l’une des institutions de l’État de droit, pourquoi les critiques s’arrêteraient là ? Il y a un effet domino dans la mise en cause des différents piliers de la démocratie”.
Et ne venez pas nous dire que votre légitimité serait plus forte car vous avez été élus. Là encore, le président Soulard vous donne tort en affirmant que “le juge à appuyer sa légitimité sur la qualité des débats qui conduisent aux décisions prononcées et sur la prudence qui marque ces dernières. Le processus juridictionnel, c’est le contraire des réseaux sociaux : on n’est jamais dans la surenchère, on est toujours dans la vérification des faits, on est dans le débat des arguments rationnels. C’est en cela que les juridictions sont, profondément, des lieux d’apaisement social”.

Alors, Messieurs et Mesdames les parlementaires, laissez la justice travailler dans le cadre d’un débat contradictoire et rationnel. Foin d’émotions et de déclarations éruptives. Vous devriez respecter les juges comme vous devriez respecter les citoyens qui sont vos électeurs.

Et comme cela, tous ensemble, nous défendrons et l’Etat de droit et la démocratie, quoi qu’il en coûte aux investisseurs de l’A69.


Liste des signataires
Christophe Lèguevaques, avocat au barreau de Paris

Christine Arrighi, députée écologiste de la Haute-Garonne

Frédéric Arrou, citoyen

ATTAC 81

Thomas Brail, Groupement national de Surveillance des Arbres

Lisa Belluco, députée écologiste de la Vienne
Jérémy Bousquet, avocat au barreau de Toulouse
Hélène Cabanes, conseillère municipale et métropolitaine à Toulouse
Cyrielle Chatelain, députée de l’Isère et présidente du groupe écologiste à
l’Assemblée nationale

Didier Cujives, ancien maire de Paulhac (31)
Charles Culioli, avocat au barreau de Paris
Pierre Délivret, avocat au barreau de Toulouse
Karen Erodi, députée LFI du Tarn
Charles Fournier, député écologiste d’Indre-et-Loire
Régis Godec, chef de file pour les écologistes aux élections municipales de
Toulouse

Nicolas Imbert, directeur exécutif de Green Cross France & Territoires
Odile Maurin, élue à Toulouse Métropole
Sébastien Mabile, avocat au barreau de Paris
Antoine Maurice, conseiller municipal et métropolitain à Toulouse
Christine Merckelbach, chef d’entreprise solidaire
Catherine Mouniélou, avocate au barreau de Saint-Gaudens

Julie Ozenne, députée écologiste de l’Essonne
François Piquemal, député LFI de la Haute-Garonne
Jean-Claude Raux, député écologiste de Loire-Atlantique
Eva Sas, députée écologiste de Paris
Sabrina Sebaihi, députée écologiste des Hauts-de-Seine
Mélanie De Sousa, doctorante en droit public
Anne Stambach-Terrenoir, députée LFI de Haute-Garonne
Sophie Taillé-Polian, députée écologiste du Val-de-Marne
Pascal Touhari, avocat au barreau de Lyon
Emmanuel Tordjman, avocat au barreau de Paris
UPNET (Union pour la Protection de la Nature et de l’Environnement du Tarn)
Les Vallons (Association loi 1901)
Dominique Voynet, députée écologiste du Doubs.

Par Un collectif de parlementaires et juristes

Solidarité “Ma ferme sur un fil !” Isabelle et Christophe

(lien vers cagnotte en bas de page ! )

Porte-parole de la Confédération Paysanne du Tarn pendant de nombreuses années, Christophe et son épouse Isabelle ont besoin de votre soutien. La malchance s’acharne sur eux. Une cagnotte a été lancée pour leur venir en aide.

Des années que nous nous battons contre une série de malchances… Cette année une de plus, la fièvre catarrhale a décimé une énorme partie de notre troupeau.

Une de plus, l’aorte près du cœur de Christophe doit être opérée.

UNE DE TROP ! Nous ne pouvons plus faire face. HELP !

Je pleure aujourd’hui…, balayée d’un souffle…J’ai le vertige de tout perdre. Pourtant il n’y a aucune faute que celle d’un corps qui ne peut plus.

Je me remets trop doucement depuis 5 ans d’une maladie rare, il y a quelques jours notre vie se disloque, Christophe mon mari doit subir une opération à cœur ouvert en urgence.

La ferme a perdu son capitaine pour quelques mois… L’embauche d’un salarié semaine et week-end est obligatoire avec un financement aléatoire. Les brebis ne peuvent pas rester orphelines…

Nous devons trouver de l’aide, nous avons besoin d’un peu de vous.

Nous avons toujours l’envie mais plus l’argent, les crédits nous ont rattrapés. Je hurle de ne plus y arriver.

Alors je m’accroche à l’espoir de vous… On m’a soufflé qu’une cagnotte en ligne pourrait nous aider, qu’il fallait juste ranger sa fierté.

Je vous confie ma ferme pour la sauver , nous permettre de trouver le temps de nous soigner, pour continuer, remonter le troupeau décimé par la fièvre catarrhale, acheter de jeunes vaches, payer nos crédits à cours terme.
Compenser aussi la perte du revenu de mes activités, le Food truck, les plats cuisinés, les jus de pommes qui couvraient 30% de notre chiffre , le tout plombé par l’augmentation du gasoil, de l’atelier de découpe, des céréales, des consommables, et j’en oublie, qui ne peut être rattrapée par une augmentation galopante des tarifs.

25 ans de passion déterminée qui nous porte. Dans 3 ans nos crédits s’allègent et pour tenir on a vraiment besoin de vous.

Isabelle et Christophe, les 2 bergers.

Il était une fois,

Tous les jours debout pour le plaisir de vos bouches,

Tous les jours debout pour des moments heureux autour de la table,

Tous les jours debout pour entendre vos familles claquant des rires , la fourchette avide de bon l’air nimbé de joies faciles et légères où le fumet de nos viandes respirent nos prairies.

Le fondant, le délicat murmurent l’agneau parfum montagne saveur liberté… Mais surtout, heureux d’être là quelque part à vos côtés.

C’est cette image de vous qui fait avancer, qui accompagne les gestes sans cesse répétés jusqu’à la lune.

Le corps se rebelle mais  votre enthousiasme dope le quotidien.

La bonne bouffe flotte sur l’horizon des fatigues accumulés. Vos sourires deviennent la vague puissante de notre ardeur qui efface les rudesses du soleil, du vent et du froid.

Je vous souffle mon ciel, ma lune et mes étoiles, Isabelle… la bergère.

https://www.leetchi.com/fr/c/ma-ferme-sur-le-fil-1627874

A69 suite. . . pas encore fin !



NON à la confiscation illégale des déviations de Soual et Puylaurens

Le concessionnaire Atosca a annoncé en 2021 un péage de 13,54 euros pour un aller retour Castres Toulouse. A noter que le péage de l’A69 est indexé sur l’inflation et sera de fait bien plus élevé lors de la mise en service prévue fin 2025 réduisant son accès qu’ à une poignée de privilégiés.

Après un an et demi d’attente pour obtenir l’arrêt de ce projet funeste, l’audience du Tribunal Administratif de Toulouse s’est déroulée le 25 novembre 2024. La salle plus que pleine a vécu un véritable coup de théâtre quand la rapporteure publique du Tribunal Administratif de Toulouse a demandé l’annulation de la Raison Impérative d’Intérêt Public Majeur (RIIPM) de l’A69 en détaillant les causes de son illégalité : Absence d’un projet de développement du territoire justifiant l’ intérêt économique de l’A69, des reports de trafic élevés des déviations confisquées de Soual et Puylaurens pourtant motivées par une Déclaration d’Utilité Publique et qui impacteront derechef la santé et la sécurité des usagers et des riverains des communes traversées.

Consternation des représentants de l’État et des avocats d’Atosca qui contrastait (pour une fois) avec la joie des opposants à l’A69.

L’euphorie fut de courte durée.

Le 30 novembre, les préfets du Tarn et de Haute Garonne déposent au TA une note en délibéré demandant une réouverture de l’instruction sur l’A69 motivée par “un élément de fait nouveau” :

“Reconnaissant que les reports de trafic ont une incidence sur l’appréciation de la RIIPM fondée sur des enjeux sécuritaires, sociaux et économique, l’État propose une diminution de 33 % du péage sur les déviations de Soual et Puylaurens” (environ 40 centimes d’euros).

Le TA de Toulouse accepte l’ouverture de l’instruction et reporte sa décision après le 15 février prochain.

La contribution supplémentaire de la puissance publique pour réduire le péage interroge sur sa légalité au regard des procédures d’appel d’offre imposées par le code des marchés publics.

La proposition des préfets interroge d’autant plus que depuis 2014 ils avaient connaissance de l’estimation des reports de trafic une fois les déviations de Soual et Puylaurens privatisées. Une étude de la DREAL Occitanie avait calculé les reports de trafic sur les itinéraires de substitution.

La DUP accordée en 2016 pour la réalisation d’une autoroute s’appuyait sur une contribution de la puissance publique de 220 millions d’euros pour le montage financier de l’opération et pour le calcul par la DREAL d’un péage appliqué sur les 2 déviations aux véhicules et aux poids lourds.

La RIIPM accordée en 2023 pour la réalisation de l’A69 s’appuie sur une contribution de la puissance publique qui chute à 23 millions d’euros pour le montage financier de l’opération faisant basculer le manque à gagner sur….le PÉAGE.

L’étude de la DREAL Occitanie sur les reports de trafic aurait du obligatoirement être REACTUALISEE avec “cet élément nouveau” qu’est la chute de 80 % de la subvention d’équilibre de la puissance publique.

L’expertise du Commissariat Général à l’Investissement (CGI) qui évalue pour l’État la rentabilité d’une autoroute et son intérêt général aurait du obligatoirement être REACTUALISEE avec “cet élément nouveau” qu’est la chute de 80 % de la subvention d’équilibre de la puissance publique.

En 2016, pour la DUP d’une autoroute Castres Toulouse, le CGI obligatoirement consulté, exprimait des doutes sur la pertinence de ce projet : “le CGI considère que la nécessité d’une amélioration de la liaison Castres Toulouse est établi depuis longtemps. Mais la réponse à ce besoin par une autoroute à 2X2 voies reposant sur une concession avec un péage élevé expose fortement au risque d’un trafic moindre qu’espéré. A court et moyen terme, et pour le  même engagement financier de l’État et des collectivités locales (220 millions d’euros), un simple aménagement routier procurerait des gains de temps substantiels en maintenant une gratuité pour tous les usagers de la route”.….

La puissance publique réalise qu’aujourd’hui que leur maigre contribution financière à l’A69 sera reportée sur un péage plus élevé, donc plus inabordable pour un plus grand nombre d’utilisateurs des 2 déviations gratuites et moins d’utilisateurs de l’A69.

Alors que la loi l’impose, pourquoi les préfets n’ont pas demandé à la DREAL de réactualiser leur étude sur l’estimation des reports de trafic des 2 déviations et au CGI de réactualiser leur expertise sur la rentabilité de l’A69…. Parce que l’A69 n’est pas un projet d’intérêt général mais un projet d’intérêt privé.

Ceux qui renonceront au péage inabordable des 2 déviations utiliseront des itinéraires de substitution, plus dangereux, plus longs avec 12 ronds points, plus bruyants. Les riverains seront victimes de pollutions et nuisances notamment les femmes enceintes et les enfants avec des reports de trafic surtout de poids lourds qui éviteront un péage dispendieux pour un gain de 10 minutes préférant des trajets par Lavaur ou Revel.

L’A69 sera le fruit d’une discrimination entre des privilégiés qui pourront utiliser une autoroute rapide confortable et sécurisée et ceux qui ne pourront pas.

L’A69 sera le fruit d’une discrimination entre les entreprises d’Albi qui pourront utiliser une autoroute rapide sécurisé et GRATUITE et les entreprises de Castres qui seront pénalisées par un péage exorbitant.

Non seulement les habitants du Tarn sud sont privés de leurs 2 déviations gratuites qu’ils ont financées, participent au financement de l’A69 dispendieuse à laquelle beaucoup devront renoncer, en plus, ils vont contribuer au 27 millions d’euros alloués par le Département à des aménagements censés amortir les reports de trafic dont ils seront victimes…durablement.

Notre démocratie est menacée quand l’illégalité de l’A69 dénoncée par la rapporteure publique, juge indépendant, est balayée par l’inconstance d’une justice sous influence.

Les pressions sur la justice sont insoutenables comme le chantage d’une délocalisation du groupe pharmaceutique Fabre pour obtenir son autoroute Castres à Toulouse, une des plus chère de France.

“Monsieur Pierre FABRE aurait il accepté une telle injustice sur cette terre qu’il aimait tant ?”.

Poursuivons notre lutte pour dénoncer l’insulte de l’A69 à l’intérêt général. Continuons notre lutte pour gommer la balafre du tracé de l’A69 avec des projets portés par les populations locales et pour les générations futures.

Continuons notre lutte pour un aménagement durable d’une RN126 rapide confortable, sécurisée et gratuite pour LES USAGERS DU TARN ET D’AILLEURS.

Soyons raisonnable, demandons l’impossible !

Annick et Fred

(article publié dans le n° 172 de Confluences 81)


Le danger de l’expulsion des immigrés, par J F Le Dizes.

Des immigrés illégaux mais bien utiles

En plus de notre Premier ministre, François Bayrou, qui nous parle de submersion migratoire, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, vient de faire passer, pour les immigrés sans papier, de 5 à 7 ans la période minimale pour obtenir une éventuelle régularisation. Déjà avant cette décision, il y avait très peu de régularisations : 34 724 en 2023(1). Or, selon le ministre de l’Intérieur de l’époque, Gérald Darmanin, il y avait en 2021 entre 600 000 et 700 000 personnes en situation irrégulière en France(2). Autant dire que le gouvernement fait tout pour maintenir les « sans papier » dans l’illégalité et dans la précarité et l’insécurité (147 154 interpellation en 2023(3) ; 21 601 expulsions du territoire en 2024(3)). Or, la très grande majorité de ceux-ci en âge de travailler occupent des emplois, notamment ceux délaissés par les Français, mais nécessaires à la bonne marche de la société. Par exemple, en Île-de-France, les étrangers occupent 60 % des emplois dans le bâtiment, 50 % de ceux de la restauration, 61 % de ceux de l’aide à domicile, 44 % de ceux d’assistantes maternelles(4). Nombre d’entre eux sont en situation irrégulière. Les partisans de « l’immigration choisie » incluent-ils dans « leur choix » tous ces travailleurs ou sont-ils favorables à l’expulsion de l’ensemble des « illégaux » ? Imaginons le désordre qui surviendrait dans notre société si l’ensemble des « sans papier » étaient expulsés ! En Italie, la Première ministre, Giorgia Meloni, compère de Marine Le Pen, a bien été obligée de se renier sur ce sujet : elle a attribué, en trois ans, 450 000 titres de séjour(5). En France, le président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment a donné l’alerte : « la rénovation énergétique demande la création de 200 000 à 300 000 emplois d’ici cinq à dix ans »(6). D’ailleurs, à différentes époques, l’essentiel, des logements et des infrastructures français ont été construits par des immigrés ; rappelez-vous des maçons italiens. Depuis, les Portugais, les Maghrébins, les Africains subsahariens ont pris le relais ; sans oublier la quantité de Belges et de Polonais qui sont venus travailler dans les mines françaises au siècle dernier.

Toujours en Île-de-France, même le président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie demande la régularisation des salariés de son secteur(7).

L’immigration est-elle source de délinquance ?

Certains justifient leur opposition à l’immigration par la délinquance qu’elle engendrerait. Certes, les étrangers sont plus souvent condamnés par tribunaux que le reste de la population : ils représentent 23,6 % des détenus en prison alors qu’ils ne représentent que 7 % de la population(8). Mais la pauvreté, dont les étrangers souffrent le plus, a toujours constitué le lit de la délinquance. Le facteur de délinquance n’est-il pas la pauvreté plutôt que le fait d’être étranger ?

La discrimination raciale à l’emploi ne peut que renforcer la pauvreté des étrangers et donc les inciter à commettre des méfaits. En effet le taux de chômage des immigrés (11 %(9)) est supérieur à celui de l’ensemble de la population active (7 %(9)).

Ainsi, l’expulsion de tous les sans papiers, au-delà de la catastrophe qu’elle provoquerait chez les immigrés, engendrerait une série de perturbation dans le quotidien des Français : restaurants fermés, retards dans la construction de son logement, pénurie d’aide à domicile…

À quand la régularisation de tous les sans papier comme le fit le président Mitterrand en 1981 ?

Jean-François Le Dizès

Sources

(1) https://www.lacimade.org/stigmatisation-et-precarisation-la-circulaire-retailleau-nest-pas-une-solution/

(2) https://www.tf1info.fr/politique/sejour-metier-sous-tension-travailleurs-sans-papiers-france-que-disent-les-chiffres-2270169.html

(3) Dauphiné libéré du 5/2/2025

(4) https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/travailleurs-immigres-et-metiers-en-tension-la-grande-hypocrisie-2040761

(5) https://www.tsa-algerie.com/bardella-opte-pour-limmigration-choisie-la-france-est-elle-encore-attractive/#google_vignette

(6) https://www.20minutes.fr/economie/4136054-20250129-immigration-batiment-mal-fonctionner-main-uvre-etrangere

(7) https://rmc.bfmtv.com/actualites/economie/travailleurs-sans-papiers-pourquoi-l-hotellerie-restauration-s-inquiete-de-la-circulaire-de-retailleau_AV-202501250107.html

(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_carc%C3%A9rale_en_France

(9) https://www.immigration.interieur.gouv.fr/Info-ressources/Etudes-et-statistiques/Les-chiffres-de-l-immigration-en-France/Activite-emploi-et-chomage-des-immigres#:~:text=Parmi%20les%20actifs%2C%20le%20taux,%C3%A9lev%C3%A9%20que%20celui%20des%20natifs.

Partager le temps de travail au lieu de licencier ! Jean François Le Dizes

Nous assistons en cet automne à une cascade de licenciements : 1 250 chez Michelin(1), 2 489 chez Auchan(2), au moins 900 chez Valeo(3)… C’est l’échec de la politique économique libérale pratiquée, notamment par Macron, qui basait la création d’emploi sur la croissance.

Certes, avec la nécessaire diminution de la production automobile pour des raisons environnementales, des entreprises comme Michelin et Valeo doivent réduire leur production. Qui dit production moindre dit moins de travail subordonné. Mais au lieu de licencier, ces entreprises pourraient réduire le temps de travail subordonné de chacun de leurs salariés sans réduire les salaires, car elles en ont largement les moyens. En effet, elles distribuent un « pognon de dingue » à leurs actionnaires. Le groupe Michelin leur a distribué 965 millions euros de dividendes en 2023(4) ; cette somme rapporté à ses 132 000 salariés(4)  donne 7 310 €/salarié. Valeo-France en a distribué 100 millions(5)  en 2024 ; cette somme rapporté à ses 13 500 salariés(3) donne 7 407 €/salarié. De même qu’Auchan a les moyens de réduire le temps de travail subordonné sans réduire les salaires puisque l’entreprise a distribué au minimum cent millions d’euros de dividendes en 2023(6) ; cette somme rapportée à ses 53 000 salariés(6) donne 1 886 € /salarié.

Ces chiffres montrent que le ruissellement des revenus vanté par Macron est une arnaque et que des sommes colossales d’argent facile sont distribuées à des gens qui n’ont même pas mis la main à la pâte pour la création de cette richesse. C’est la loi du capitalisme ! 

Quand est-ce qu’un gouvernement interdira les licenciements dans les entreprises qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires ?  

En sachant que les actions sont très inégalitairement réparties au sein de la population, la réduction du temps de travail subordonné contribuerait donc aussi au partage des richesses.

Jean-François Le Dizès

Sources chiffrées

(1)       https://www.lemonde.fr/emploi/article/2024/11/08/michelin-des-centaines-de-manifestants-contre-la-fermeture-des-usines-de-cholet-et-de-vannes-le-ministre-de-l-industrie-invective_6383736_1698637.html

(2)       https://linsoumission.fr/2024/11/13/auchan-licenciements-clan-mulliez/

(3)       https://www.humanite.fr/social-et-economie/licenciements/valeo-entre-900-et-1-200-postes-supprimes-en-france

(4)       https://www.cgtmichelin.fr/wp-content/uploads/2024/02/Communique-Presse-CGT-2024-02-12-Resultats-Michelin-2023-1.pdf

(5)       https://fdgpierrebe.over-blog.com/2024/07/declaration-de-la-cgt-valeo-suite-a-l-annonce-de-la-fermeture-ou-cession-de-3-etablissements.html

(6) https://www.20minutes.fr/economie/4120408-20241112-auchan-difficulte-entreprise-verse-milliard-dividendes-actionnaires-2022-2023-non#:~:text=Auchan%20a%20annonc%C3%A9%20un%20plan,euros%20de%20dividendes%20en%202023

“Liens entre le projet de barrage de Sivens et la société productiviste, nucléarisée, énergétivore”.  Conférence donnée au Testet, le 25 octobre 2014 :

Bonjour,

Si j’ai intitulé mon sujet « Liens entre le projet de barrage de Sivens et la société productiviste, nucléarisée, énergétivore », c’est que justement je vois des liens entre ce projet absurde qui nous réunit ici, aujourd’hui et la société de prédation, la société productiviste dans laquelle, bon gré mal gré, nous évoluons…

C’est ce que je vais essayer de vous prouver.

Ce projet de barrage réservoir n’a pas une vocation hydro-électrique. Par conséquent on pourrait me rétorquer qu’il est maladroit ou malhonnête de ma part de l’inscrire dans un processus de société énergétivore !

Pourtant, ce projet de barrage a quelques liens avec la société capitaliste-productiviste-consumériste-énergétivore-polluante-destructrice-prédatrice que je dénonce.

Avant d’expliquer ce que j’entends par société productiviste, prédatrice, destructrice… je vais l’illustrer par un exemple : le 14 octobre de cette année 2014, la Fédération Nationale des Travaux Publics organisait un rassemblement devant l’Assemblée Nationale à Paris et devant toutes les préfectures de France pour encourager l’État et les collectivités à investir dans des Travaux Publics sous prétexte que ces entreprises voient leur chiffre d’affaire en baisse de 25 % depuis 7 ans et ont du se séparer de 30 000 salarié-e-s. Pour leur faire plaisir, l’État et les Collectivités vont entreprendre des travaux, pas forcément nécessaires, pas forcément utiles (mais pour la plupart destructeurs et nuisibles), pour permettre à ces entreprises de s’enrichir et de maintenir des emplois. Je trouve qu’il serait plus simple de leur donner directement l’argent qu’ils réclament, sans passer par des travaux nuisibles et destructeurs… Puisque l’argent semble présent pour entreprendre ces travaux autant le leur donner !   

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On pourrait remonter à l’origine de l’organisation des sociétés humaines sédentarisées pour définir ce type d’organisation sociale.

Je vais juste faire référence au système qui se met en place à partir de ce que des économistes et des historiens ont appelé « Révolution Industrielle » dès le XIX ° siècle »… Révolution ou processus évolutif, cela nous importe peu…

Il s’agit en tout cas d’un système qui a un impact considérable en faisant passer des sociétés à dominance agraire et artisanale à des sociétés commerçantes et industrielles.

La société productiviste est une société de consommation. La consommation (que celle-ci soit destinée à combler des besoins essentiels ou à satisfaire des envies) nécessite des formes de production.

Parmi les formes de productions existantes, celle qui permet de centraliser entre les mains d’un petit nombre d’individus le maximum de richesses sera considérée comme la plus pertinente. Aussi, celles permettant le maximum de bénéfices seront privilégiées : c’est à dire, celles correspondantes à des organisations scientifiques du travail, théorisées et mises en pratique par exemple dans les abattoirs de Chicago (dès 1865), puis par Taylor (1880), ou Henry Ford (1908)…

Taylorisme : analyse détaillée et rigoureuse des modes et techniques de production (gestes, rythmes, cadences…) + établissement de la « meilleure façon » de produire (définir, délimiter et séquencer les tâches…) + fixation de conditions de rémunération plus motivantes pour les employé-e-s.

La production ainsi augmentée, il faut trouver des débouchés ! La publicité permettra de créer des envies… considérées comme de nouveaux besoins (notamment pour écouler les surplus produits) !

Pour certaines personnes, le productivisme va avec l’idée de progrès. Tout comme la productivité qui permet de produire le même nombre de produits, la même quantité de matière désirée dans un laps de temps plus court. Ces gains de productivité, c’est-à-dire cette disponibilité de temps permis par la technique et la rationalisation des tâches exécutées auraient pu être consacrés à du temps libre. Ce fut un peu le cas. Mais pas de façon proportionnelle aux gains obtenus.

Exemple : en 1880, 1 tisserand français produisait 15 à 18 mètres de tissus par jour. En 1903, il peut en produire 35 à 40 mètres. Soit le double. Est-ce que son salaire est multiplié par deux ? NON ! Est-ce que son temps de travail a été divisé par 2 ? NON ! Il produit + de biens, ce qui fait + de bénéfices pour l’entreprise et le patron. Ce qui fait + de produits disponibles sur le marché… Donc il faut développer la consommation pour vendre le surplus produit = le consumérisme ! Ce système est de fait producteur de gaspillages, mais aussi évidement de prédation des matières premières qu’il doit transformer pour produire des objets finis. Et je ne parle même pas des conditions sociales de travail !

Ce système productiviste et consumériste n’a été permis que grâce à 3 éléments principaux :

1)- la disponibilité en énergie (vent pour la marine à voile, bois, charbon, pétrole…)

2)- une main d’œuvre corvéable et exploitable

3)- l’absence de scrupule quant à l’exploitation des ressources naturelles, de la faune et de la flore. L’absence de scrupule quant à l’exploitation de la main d’œuvre !

Une anecdote qui illustrera ce système absurde : le calcul du Produit Intérieur brut (PIB) : qui est l’indicateur dans lequel apparaît la valeur totale de la production de richesses effectuée par les agents économiques résidant à l’intérieur d’un territoire, si je me réfère à sa définition… Dans cet indicateur, on trouve aussi bien les rentrés d’argent liées aux accidents de la route, aux effets des catastrophes, aux produits des déboisements, à l’occupation des chambres d’hôpital, à la vente de médicaments, à la vente d’armes, à la vente de hamburgers Mc Do et de bouteilles de Coca-cola, ou de cercueils, la construction de prison comme celle de maternité, la consommation de kilowatts d’origine nucléaire comme ceux d’origine photovoltaïque, du gazoil et du vin, d’heures de télévision permettant le lessivage des cerveau ou les ventes de CD de Johnny Hallyday ou de Georges Brassens, tout comme les ventes des livres d’Eric Zemmour, de Piotr Kropotkin, de Michel Tarrier ou de Bernard Charbonneau… Bref tout ce qui s’échange contre de l’argent !

Pour résumer, le productivisme laisse penser que l’accumulation des biens matériels contribue à accroître le bonheur. Il tente de faire des parallèles entre croissance et développement ; changement et progrès ; consommation et niveau de vie.

Pour simplifier, ce système est la recherche du maximum de productivité et de profits à tout prix !

Si pour Marx ou d’autres, la production a pour but la satisfaction des besoins des humains, on voit bien que le productivisme se moque des besoins des humains ! Ce système est à la recherche des profits maximum… qu’importent alors, pour lui, les conséquences ! Ce système pose la production, et la consommation, donc l’économisme, comme finalité de l’humanité.

L’économie n’est plus l’activité consistant à produire, échanger, distribuer… mais elle devient l’entité pour laquelle toute la nature (et donc les humains aussi) devient marchandable, échangeable, exploitable, destructible, saignable… pour les profits de quelques-uns…

En plus d’avoir des conséquences écologiques et sociales, le productivisme a une conséquence « anthropologique » ! Il déstructure l’humain. Il en fait tantôt un producteur stakhanoviste, tantôt un consommateur insatiable. Avec tous les conflits qui découleront de la domination de ce système sur d’autres, plus respectueux, tournés vers le respect de la nature, des écosystèmes, des ressources, des générations futures… et présentes !
Le système productiviste est obligé de se protéger par des forces armées.


Dans ce type de système sociétal, l’individu n’a de place que si il est producteur ou consommateur, ou les 2 à la fois ! Alors que pour les anti-productivistes l’autolimitation de la consommation est nécessaire et urgente et l’être humain ne doit pas se limiter à sa composante économique.

Selon la théorie de la Consommation (ou de la Rivalité) Ostentatoire développée par Thorstein Veblen (1857-1929 USA), consommer ne vise plus à satisfaire des besoins élémentaires, mais des envies, des désirs, des pulsions (savamment entretenues par la pub et la société du spectacle). Chaque classe sociale ou groupes d’individus veut avoir accès aux mêmes possibilités que le groupe social qui lui est économiquement et socialement supérieur… Course à la surenchère… au gaspillage, au pillage des ressources.

Ainsi, un chercheur en Anthropologie comme Timothy Jones estime que dans les pays riches 50 % de la production alimentaire se retrouvent dans les poubelles. Ces produits alimentaires ont nécessité environ 25 % de l’eau consommée ainsi que 300 millions de barils de pétrole pour les seuls États Unis !

Une étude britannique récente estime que si le Royaume Uni met un terme au gaspillage alimentaire (emballage compris), il évitera la production de 15 millions de tonnes de dioxyde de carbone (un des gaz à effet de serre) par an. 

Nous vivons une ère d’accélération du changement climatique, nous subissons une crise énergétique, les écosystèmes souffrent, les ressources naturelles s’épuisent, la sur-pêche menace les animaux aquatiques, la plupart des grands mammifères disparaissent, l’air est presque partout vicié, les eaux et les sols sont contaminés, la déforestation est bien réelle, la désertification aussi… À croire que les décideurs ont envie de voir de leurs yeux la catastrophe finale !

Il faudra bien un jour s’affranchir de l’impérialisme économique. Qu’on l’appelle capitaliste ou autre…

Au lieu de regarder de façon systémique, c’est-à-dire dans la globalité du système ce qui ne fonctionne pas, on va tenter de résorber les problèmes par touches ponctuelles : aux problèmes de faim dans le monde, des ingénieurs vont prétendre que les OGM apporteront la réponse. Aux problèmes d’énergie, le système va dire qu’il faut encore plus de centrales nucléaires, de barrages Hydro-électriques en Amazonie ou sur le Yian-Tseu-Kiang… aux problèmes de mortalité infantile on va encourager les natalités ou les vaccins… Sans oser regarder en face que la faim dans le monde est liée à un système de spéculation, de distribution, de propriétés privées, d’accès aux ressources et de pénuries organisées… Aux problèmes d’énergie on n’osera pas regarder le fait qu’on est encouragé à la gaspiller sans réfléchir aux besoins réels (produire des salades en Hollande pour les faire venir en Italie alors qu’en même temps des salades d’Italie sont consommées au Danemark)… Et à la mortalité infantile, la santé des mères ne sera pas prise en considération, ni l’état de délabrement des maternités ou la présence de maladies endémiques que nous avons les moyens d’éradiquer mais qui servent au système…

Pour lutter contre la pauvreté, certains s’en prennent aux pauvres, pour lutter contre le proxénétisme, on s’en prendra aux prostituées : c’est le même principe !

Leurs erreurs vont inévitablement entraîner d’autres maux, d’autres problèmes. Pas de soucis : une commission d’experts sera mandatée afin d’apporter une solution pour essayer d’apporter une fausse solution : à tel endroit on assèche les marais pour construire des habitations : ainsi on détruit les lieux de ponte des batraciens. Et on s’aperçoit que la zone devient grouillantes de moustiques : on pulvérise par avion des insecticides… on cause des allergies respiratoires… et on développe de nouveaux médicaments pour aider les bronches à s’adapter, tout en testant de nouveaux produits moins toxiques pour les bronches ! Et de fait la croissance et le PIB se gonflent ! Et des emplois sont assurés !

Certains pensent, ou donnent l’impression de penser, qu’on peut continuer à produire en s’affranchissant des contraintes physiques de la nature… ce qu’on nomme « la donne écologique ».

Si les élites, les décideurs, les entrepreneurs admettent l’erreur du système productiviste qui les nourrit, ils admettent de fait leurs propres erreurs, leurs responsabilités et ainsi leur inutilité (ou leur dangerosité). De fait, ils sont obligés de continuer de foncer droit dans le mur… À moins que nous ne décidions de nous passer d’eux et d’auto-organiser la société dans le respect des écosystèmes dans lesquels nous devons savoir reprendre une place la moins nuisible possible ! Transition ou Révolution… Faudrait s’y mettre au lieu de repousser…

Les liens que je vois entre ce système et ce projet de barrage :

– Le système productiviste mène une artificialisation du monde : notamment par la modification de l’aspect naturel, par l’aménagement anthropique, mais aussi et surtout par le bétonnage et le bitume… On considère qu’en France, chaque heure, 10 ha de terres agricole ou forestières sont artificialisées. Soit l’équivalent de la surface d’un département moyen tous les 8 ans !

Ce barrage s’inscrit dans cette artificialisation de la nature.

– Le système productiviste veut donner l’impression qu’il se préoccupe d’écologie en récupérant ses thématiques. Par exemple, il artificialise la nature et en échange propose de créer des zones de compensation écologiques hors-sol ! (Depuis la loi sur la Nature de 1976, les destructions sont admises et reconnues mais il faut en échange de ces destructions et de ces pillages réparer ailleurs les erreurs et abomination commises ici !) Les technocrates et autres hypocrites veulent nous faire croire qu’ils sont en capacité de recréer des biotopes pour « compenser » ceux qu’ils ont détruit !

Ce barrage s’inscrit dans ce déni des réalités écologiques.

– Le système productiviste et capitaliste est un système globalisant : tout doit pouvoir à un moment ou à un autre appartenir à quelqu’un et devenir marchand afin de créer de la « richesse » comptable, capitalisable.

Ce barrage s’inscrit dans une globalisation de l’espace privatisé. – Le système productiviste est croissanciste. Il court derrière une croissance économique qui ne correspond qu’à des indices économiques et non pas à des besoins. Une pensée magique entretient le dogme que la croissance a la vertu de créer des emplois et du bonheur collectif. Suivant les théories de John Keynes et de Roosvlet, en période de crise, il est important que les collectivités investissent dans de grands travaux d’infrastructures pour maintenir des emplois !… Et en ces temps où de nombreuses personnes se retrouvent stigmatisées parce que au chômage, je serai mal venu de les écarter de la course au pouvoir d’achat et de la participation à croissance de la consommation ! Ainsi on voit une prolifération de projets inutiles et nuisibles : aéroports de NDDL, lignes Grande Vitesse Limoges-Poitiers, LGV Bordeaux-Tours, LGV Bordeaux-Toulouse, LGV Turin-Lyon, un hyper-incinérateur en Charente Maritime, un Stade de foot à Lyon, des centrales Nucléaires EPR (réacteur à eau pressurisée) dans la Manche à Flamanville ou à Penly en Seine Maritime, des projets totalement mégalo tels que le surgénérateur ASTRID à Marcoule (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration prototype de réacteur rapide refroidi au sodium du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives sur le site nucléaire de Marcoule. Suite aux réacteurs expérimentaux Rapsodie, Phénix et Superphénix. Le CEA a pour ambition de permettre d’évaluer la capacité des réacteurs à neutrons rapides à incinérer les isotopes du plutonium), ITER à Cadarache dans les Bouches du Rhône (Réacteur thermonucléaire expérimental international. Machine expérimentale visant à démontrer la faisabilité d’un réacteur nucléaire utilisant le principe de la fusion.), un centre d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, des projets d’autoroutes Marseille-Grenoble, Castres-Toulouse, des Lignes THT dans l’Ouest de la France, des projets de méga-hypermarchés (tel les Porte de Gascogne en région toulousaine…), de zones commerciales inutiles (Portes du Tarn…), ferme des 1000 vaches à Ramery… j’en oublie forcément…

Ce barrage s’inscrit dans cette vision croissanciste de l’économie.

– Le système productiviste est élitiste et anti-démocratique : des élu-e-s politiques sont sollicités par des « porteurs de projets », des technocrates et des chefs d’entreprises qui ont besoin de travaux pour faire des bénéfices ! Les Enquêtes publiques et autres consultations citoyennes sont là (et encore pas toujours) pour tenter de donner une coloration démocratique à des décisions qui sont prises au sein de sphères où le peuple n’a pas son mot à dire ! TOUS ces projets soulèvent de l’indignation populaire À LAQUELLE LES POUVOIRS EN PLACE RÉPONDENT PAR LE MÉPRIS OU LA VIOLENCE !

Ce barrage s’inscrit dans l’opacité et le déni démocratique.

– Le système productiviste est « scientiste » : il veut nous persuader que la science est forcément du côté du bien et que s’opposer aux projets apportant un prétendu progrès est de l’obscurantisme ! Ainsi s’impose la parole d’experts qui prétendent savoir !

Ce barrage s’inscrit dans une vision scientiste de la société.

– le système productiviste vise la privatisation de l’espace public. Les biens communs, les biens publics sont gérés ou le deviennent par des entreprises privées ! L’eau, bien commun par excellence, est gérée par des entreprises privées.

 Ce barrage s’inscrit bien dans la privatisation des biens communs. 

Oui, ce barrage correspond à cette société productiviste-énergétivore que je dénonce :

– toujours plus d’eau pour produire toujours plus de maïs (plante qui n’est pas adaptée ni à ce climat, ni à nos besoins)

– toujours plus d’argent public pour une agriculture inadaptée et vivant sous perfusions subventionnées

– toujours plus d’eau pour refroidir les réacteurs de Golfech

– toujours + d’eau pour diluer les pollutions au lieu d’éviter de produire ces pollutions

– et probablement toujours plus de détournements d’argent public pour des intérêts privés…

Dans son utilisation même, ce barrage s’inscrit dans ce système : sa raison d’être est la preuve de l’incapacité de la société à vivre au sein de son environnement sans chercher à tout prix à le modifier au profit de quelques-uns.

  • l’agriculture destinée à bénéficier de cette eau stockée est une agriculture qui a apporté les preuves de ses nuisances. Tant écologique (utilisation de pesticides, d’intrants de synthèse, utilisation de matériels lourds abîmant les sols…), qu’économique et sociale (élimination progressive des petits paysans).
  • le soutien au débit d’étiage. En hydrologie, l’étiage est la période de l’année où le niveau d’un cours d’eau atteint son point le plus bas (basses eaux). Souvent du à une forte sécheresse prolongée, qui peut être aggravée par les pompages agricoles pour l’irrigation. De plus, lors de la période d’étiage, les pollutions peuvent être + importantes à cause des polluants qui se retrouvent concentrés dans moins d’eau ! Le manque d’oxygène est aussi un des risques lors de la période d’étiage, certaines espèces y sont sensibles…

Au lieu de réfléchir à éviter les pollutions, les technocrates, les décideurs politiques et les ingénieurs choisissent des solutions techniques : comme les centrales d’épuration ou les barrage pour soutien d’étiage !  

Lien possible avec la centrale nucléaire de Golfech :

Les 2 réacteurs de la centrale nucléaire de Golfech prélèvent dans la Garonne environ 220 millions de m3 par an et leurs tours de refroidissement en évaporent 40 millions de m3.
Les centrales nucléaires et l’irrigation des grandes cultures (maïs principalement) entraînent ainsi la diminution de la ressource en eau des bassins versants.

Ce barrage du Testet est prévu pour stocker 1,5 million de m3 d’eau.

Selon certaines sources, ces 1,5 millions de m3 d’eau permettraient d’assurer entre 3 et 5 jours d’alimentation à la centrale nucléaire de Golfech.

Pour l’étiage total, Edf prétend que 5 m3/s permettent de mettre en sécurité le refroidissement des 2 réacteurs arrêtés (5 m3/s  x  3600 s  x 24 h = 432 000 m3/jour. Selon ce calcul, les 1,5 millions de m3 de réserve de Sivens permettraient 3 jours ½ de sécurité… (et je cite mes amis Marc Saint-Aroman et Henry Chevalier « (…) quand une catastrophe est imminente ce talon de flotte reste un atout majeur ! (…) »

Si on replace de façon + globale ce barrage dans l’organisation du bassin Adour-Garonne, on s’aperçoit qu’il rajoute ses 1,5 million de m3 au 78 millions de m3 de capacité stockable sur la Garonne en amont de Golfech… Ce qui n’est pas négligeable…

On peut et on doit continuer à espérer : assez proche de nous, 2 projets de grands barrages ont été annulés… En 1988, celui proche de Vabre qui aurait noyé 3 hameaux, (60 millions de m3) sur le Gijou et celui de Laurélie sur le Viaur (50 millions de m3)… 

Ce ne sont pas les ZAD qui manquent ! Puisque la Terre elle-même est une ZAD ! Pour finir, un petit clin d’œil à Ivan Illich (1926-2002 Autriche), avec un de ses propos lu dans son ouvrage « La Convivialité » (1973) : Ivan Illich est  l’inventeur du concept de monopole radical (lorsqu’un moyen technique est ou semble trop efficace, il crée un monopole et empêche l’accès aux moyens plus lents, comme les autoroutes vis-à-vis de la marche à pied par exemple).

« (…) Au stade avancé de la production de masse, la société produit sa propre destruction. La nature est dénaturée. L’humain déraciné (…) ».

Parfois, même les technocrates admettent :

Dominique Dront & Michel Cohen de Laran (de la Cellule de prospective et stratégie) dans un rapport remis au gouvernement en 1995, intitulé « Pour une politique soutenable des transports » estiment que dire que des entreprises vont venir s’installer ou se créer dans les zones traversées par de nouvelles « infrastructures routières relèvent plus du slogan que de la réalité » ! Cette folie des grandeurs semble pourtant participer des mêmes recettes qui nous ont mené dans les impasses dans lesquelles se trouve le système

Sivens ; 10 ans ! Confluences 81 se souvient. . .

Confluences 81 s’associe à l’action du collectif “Sivens, 10 ans” et publiera quotidiennement, à l’occasion des 10 ans de la mort de Rémi FRAISSE, des articles publiés depuis 2012 dans notre journal, ou dans “Rouge et Vert” (Les Alternatifs) , “NRVV” (Alternatives et Autogestion) ou encore dans d’autres médias et repris sur le blog des Alternatifs du Tarn (devenu ensuite celui d’A&A 81)

Voici le premier de cette série “devoir de mémoire”, publié le 13 octobre 2013 sur le blog des Alters 81 :

Nous publions, telle que nous l’avons reçue, cette information du Collectif Testet qui lutte, dans la région de LISLE / TARN, contre l’implantation d’une retenue d’eau (à SIVENS) destinée à l’irrigation pour l’agriculture intensive. Retenue qui, outre son utilisation, pose un certain nombre de problèmes. En premier lieu, la mise à mal d’une zone humide . . .Les Alternatifs du Tarn soutiennent cette lutte

Ils appellent à signer la pétition pour un moratoire dont vous trouverez le lien ci-dessous.

lien_bon_bSuite à la conférence de presse de ce matin, nous avons mis en ligne une courte information, la liste des signataires de l’Appel et les communiqués des différents élus, voir http://www.collectif-testet.org

En seulement une semaine, plus d’une cinquantaine d’élus et d’agriculteurs demandent un moratoire !

Ainsi que des photos

http://www.collectif-testet.org/galerie-115-conference-de-presse-pour-un-moratoire-du-barrage-du-12-10-13.html

Nous avions une belle table d’intervenants, dommage que les médias n’étaient pas plus nombreux du fait du contexte du WE, de l’inauguration près de Carmaux, etc

Nous mettrons en ligne les retombées médias, pensez à regarder notre web dans les prochains jours.  Pour être sûr d’être informé(e) de nos mises à jour sur le site, pensez à inscrire votre email dans la rubrique « Recevoir des nouvelles tous les lundis » en haut à gauche.

Informez-nous des relais médias aussi, nous ne voyons pas tout.

Le projet de barrage est fragile, nous avons là une belle occasion de montrer que la victoire est possible si nous unissons nos forces !

Pensez à nous soutenir financièrement, si vous le pouvez (à partir de 5 €), afin que nous puissions attaquer les 2 arrêtés déjà signés. Nous avons déjà mobilisé plusieurs milliers d’euros mais ce ne sera pas suffisant pour mener le combat juridique sur les deux arrêtés. Or, il y a urgence à obtenir la suspension des 2 arrêtés avant que les travaux ne commencent sur la zone humide.

Diffuser la pétition en ligne autour de vous, déjà 500 personnes, il faut atteindre les 1000 très bientôt pour montrer que nous sommes nombreux à nous mobiliser.
https://secure.avaaz.org/fr/petition/Appel_pour_un_gel_du_projet_de_barrage_de_Sivens_et_pour_des_analyses_independantes

 Aidons les agriculteurs à économiser l’eau !

Merci d’avance pour vos actions, quelles qu’elles soient !

L’équipe d’animation (bénévole) du Collectif