Les premiers pas de la réflexion sur l’avortement thérapeutique en France.
Assez récemment, le 29 juin 2015, le Mozambique dépénalisait l’avortement (en même temps qu’il dépénalisait les relations homosexuelles). L’occasion pour moi de donner un coup de projecteur sur une femme oubliée dans la longue histoire de la lutte pour l’accès à l’avortement en France, Louyse Bourgeois. Elle est née en 1563 et décédée en 1636. En 1594, elle épouse Martin Boursier, un chirurgien, élève d’Ambroise Paré. En novembre 1598, elle obtient son diplôme de sage-femme et acquiert rapidement une renommée auprès des dames de la cour. Elle accouche la reine Marie de Médicis à six reprises. Elle est rétribuée 500 couronnes pour la naissance d’un garçon et 300 pour la naissance d’une fille.
En 1609, elle publie « Observations diverses sur la stérilité, perte de fruits, fécondité, accouchements et maladies des femmes et enfants nouveau-nés, », qui est considéré comme un des 1ers ouvrages d’obstétrique écrits par une femme (après celui attribué à Cléopâtre VII d’Égypte et ceux de la médecienne Trotula de Salerne au XI° siècle). Dans cet ouvrage, elle avoue avoir eu recours à des avortements thérapeutiques pour sauver la vie de la mère. Acte alors inacceptable ! Une cinquantaine d’années avant la publication de cet ouvrage, le roi Henri II promulguait son Édit de février 1556 qui obligeait les femmes et les veuves à se déclarer quand elles se trouvaient enceintes et réservait la peine de mort aux personnes qui se rendaient coupables d’infanticide (et par extension, d’avortement). On peut aussi voir dans cet Édit une tentative du pouvoir royal de reprendre au clergé la responsabilité de gérer l’avortement, longtemps « chasse gardée » des tribunaux ecclésiastiques.
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