On arrête toutes !

Dessin de Smily
pour Confluences 81

C’ÉTAIT LE 8 Mars !

C’était le 8 mars. Il y a tout juste un mois. Nous étions 150 000 dans toutes la France. 150 000 à manifester pour les droits des femmes, contre le prix accordé à Polansky, contre les féminicides qui avaient dévasté l’année 2019, contre la « réforme » des retraites, contre les inégalités salariales, contre la casse des services publics, contre la fermeture des maternités de proximité et des CIVG qui érode le droit à l’avortement, contre la fermeture des frontières, contre l’exploitation éhontée de la planète …..

Le coronavirus est passé par là et les violences conjugales explosent. Elles sont présentes tous les jours chez les femmes confinées avec leur compagnon violent et partout sur la planète. Le 8 mars nous étions dans la rue pour dire aussi notre solidarité avec les femmes du monde entier.

Le coronavirus est passé par là et les femmes rencontrent de nombreux obstacles pour avorter.

Nous voulions en disant « On Arrête Toutes », en lançant la grève féministe, montrer le rôle fondamental des femmes dans la société. Montrer qu’une société où les femmes s’arrêtent de travailler est une société bloquée.

Le coronavirus est passé par là et toutes les femmes travaillent. Femmes de ménage, travailleuses en usine, agentes hospitalières, aides soignantes, infirmières, médecins, travailleuses sociales, auxiliaires de vie caissières, boulangères, enseignantes, éducatrices, agricultrices : ces femmes, dont beaucoup sont des migrantes, prennent des risques au péril de leur vie pour que la société continue à fonctionner. D’autres sont en télétravail, redoublent de tâches domestiques et prennent de surcroît en charge les enfants.

Imaginons une minute que toutes ces femmes s’arrêtent de travailler à l’heure actuelle…. Le monde s’écroulerait pour de bon.

Nous voulons dire aujourd’hui, un mois après le 8 mars, que nous ne sommes pas prêtes à repartir sur les mêmes bases qu’avant. On ne peut saluer sans cesse le courage des personnes, femmes et hommes, qui assurent la survie de la société et prennent soin de toutes et tous, et repartir comme précédemment avec les inégalités, exploitations, discriminations, sexisme, racisme, violences, saccage de la nature, égoïsmes, cynisme. Avec comme seul horizon de vie, la loi d’airain du profit maximum.

Ce système capitaliste et patriarcal fait tous les jours la preuve de son incurie, nous ferons tout pour le dégager.

C’était le 8 mars, il y a tout juste un mois. Tout juste un monde.

ON ARRÊTE TOUTES