Le “Banquet des Spéculateurs” à SALVAZA (Carcassonne)

Les personnes qui souhaitent filer un coup de main pour l’installation du Banquet des spéculateurs peuvent nous rejoindre à 14h sur le parking en face du portail des jacobins, devant la caserne. 

Celles et ceux qui peuvent aider à partir de 17h30 (service, buvette, rangement à 21h etc ….) peuvent se signaler au stand Laisse béton sur le Pont neuf.

Israël : quand l’impunité donne des habitudes exécrables. . .

Lorsque la journaliste palestino-américaine a été tuée délibérément par l’armée israélienne en 2022, il n’y eut aucune sanction prise par l’oncle Sam. Résultat, cette armée se permet aujourd’hui de tuer à volonté  des journalistes à Gaza : 159 ont connu ce sort en un an(1).

De même, après le meurtre de neuf civils par la marine israélienne le 31 mai 2010 lors de son attaque d’un navire turc transportant de l’aide humanitaire en direction de Gaza, il n’y eut aucune sanction internationale prise contre Israël. Et aujourd’hui l’armée israélienne vise les « humanitaires » à Gaza : 163 tués rien que durant le dernier trimestre de 2023(2) ! L’ONG étasunienne Human Rights Watch affirme : « L’utilisation par le gouvernement israélien de la famine comme arme de guerre se révèle meurtrière pour les enfants de Gaza »(3).

En Cisjordanie, ce n’est que les intifada palestiniennes qui ont peut-être ralenti la colonisation juive ; les Occidentaux n’ont pris aucune sanction contre les installations de colons, pourtant illégales envers le droit international. Et bien qu’il n’y ait eu de « 7 octobre » en Cisjordanie, en 2024 l’armée et les colons israéliens ont tué 640 Palestiniens(4), et ceux-ci ont vu 40 km2 supplémentaires de leurs terres confisquées(5), sur les 400 km2 de terres arables que compte la Cisjordanie(6).

Jamais on n’a obligé Israël à contribuer à la reconstruction  des territoires voisins qu’elle avait détruit par ses attaques militaires, notamment au Liban en 1982 et en 2006 ! Et aujourd’hui elle peut encore bombarder ce pays en toute impunité !

Combien de fois l’armée israélienne a riposté par des bombardements de façon démesurée à l’envoi de quelques missiles à partir de Gaza, envoi justifié par le blocus de ce territoire imposé par Israël ! L’absence de sanctions de la communauté internationale a ouvert la voie à Israël pour procéder à un massacre de Gazaouis sans commune mesure avec la tuerie du 7 octobre : 1 110 Israéliens tués(7) contre déjà 41 000 Gazaouis(8).

Mise en cause par la Cour Internationale de justice de La Hayes, par la Cour pénale internationale, par l’Assemblée générale de l’ONU à une très forte majorité (124 voix contre 10), Israël se fout du monde et n’écoute qu’elle-même. Elle peut se le permettre car l’aide militaire étasunienne continue de couler à flot vers elle. En effet, bien que Biden ait appelé Israël à un cessez-le-feu au Liban, Washington vient d’accorder une nouvelle fois une très importante aide militaire à cet État : 8,7 milliards de dollars(9), soit un cinquième du budget de la Défense française pour une population israélienne sept fois inférieure à celle de la France.

Jean-François Le Dizès

Sources chiffrées

(1) https://www.aa.com.tr/fr/monde/gaza-le-nombre-de-journalistes-tu%C3%A9s-s%C3%A9l%C3%A8ve-%C3%A0-159-depuis-le-7-octobre/3274518

(2) https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/lonu-denonce-un-record-inadmissible-de-violences-contre-les-humanitaires-2114095

(3) https://www.hrw.org/fr/news/2024/04/09/gaza-la-famine-imposee-par-israel-est-mortelle-pour-des-enfants

(4)https://www.lemonde.fr/international/article/2024/08/28/dix-palestiniens-tues-dans-le-nord-de-la-cisjordanie-occupee-l-armee-israelienne-dit-mener-une-operation-de-contre-terrorisme_6297450_3210.html#:~:text=Depuis%20le%20d%C3%A9but%20de%20la,attaques%20palestiniennes%20ou%20lors%20d

(5) https://www.aa.com.tr/fr/monde/isra%C3%ABl-approuve-la-plus-grande-confiscation-de-terres-en-cisjordanie-depuis-30-ans/3265413

(6)https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/AG.LND.ARBL.HA?locations=PS

https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_du_Hamas_contre_Isra%C3%ABl_d%27octobre_2023

(8)https://fr.statista.com/statistiques/1423795/guerre-israel-territoires-palestiniens-nombre-morts-et-blesses/

(9) https://www.dna.fr/defense-guerre-conflit/2024/09/26/israel-va-recevoir-une-aide-de-pres-de-9-milliards-de-dollars-des-etats-unis

Opposition au chantier de l’A 69, toujours des vies en danger !

Boîte de réception

Communiqué de presse de la section LDH Toulouse auquel s’associe la section LDH du Tarn

COMMUNIQUE DE PRESSE DU 4 OCTOBRE 2024

La commission d’enquête de la LDH Toulouse sur les atteintes aux droits lors des opérations de police et de gendarmerie contre les opposant-es à l’A69 a été saisie une nouvelle fois ce 29 septembre 2024 pour une entrave aux soins des écureuil-les, et ce jour 4 octobre  pour mise en danger de la vie des écureuil-les !

 Depuis 19 jours de siège, les écureuil-les ne sont plus ravitaillées normalement et présentent des symptômes inquiétants liées au manque de nourriture. Nous demandons que l’interdiction de ravitaillement en nourriture soit levée car elle entre dans le cadre de l’interdiction des traitements cruels, inhumains ou dégradants, visée par l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme et des obligations internationales de la France relatives à la Convention contre la torture des Nations Unies. [1]

Nous avions déjà alerté la presse à la fin du mois de février quant aux entraves à la circulation des secours lors d’une évacuation d’une opposant-es inanimée.

 Aujourd’hui, un ouvrier de la NGE a déjà déposé des mètres cubes de terre avec sa pelleteuse pour ensevelir deux noyers  dans lequel 5 écureuil-les sont installées.  Il n’y a pas de distance de sécurité installée et elles se trouvent très proches de la pelleteuse. Le bois est cassant et les sont objectivement en danger alors que les gendarmes présents observent la scène, couvrant ainsi les agissements de la NGE (Nouvelle Génération d’Entrepreneurs – concesionnaire pour le projet A 69).

 Les écureuil-les sont surveillé.es et contrôlé.es par les forces de l’ordre.et il leur appartient de protéger et de secourir les personnes qui se trouvent sous leur contrôle. Nous rappelons que la non-assistance à personne en danger est une infraction pénale.

 Toulouse, le 4 octobre 2024

DOSSIER “SIVENS”, publié dans “Rouge et Vert” n° 384, novembre 2014 :

Depuis plusieurs années, Les Alternatifs 81-12 suivent attentivement le dossier du projet de barrage de SIVENS. Depuis quelques mois les évènements se sont accélérés ouvrant vers une médiatisation de cette lutte.
La mort tragique d’un jeune manifestant, le jour où une « marche nationale de réappropriation des lieux » était organisée, donne une autre dimension et à la lutte et au dossier.
Mensonges à tous les étages, petits arrangements entre amis, dossier d’enquête publique mal ficelé, projets alternatifs non pris en compte, faiblesses du montage financier, interrogations sur la destination réelle de l’ouvrage, sont quelques uns des points forts qui sont à présent dans le débat public et auxquels personne ne peut plus échapper, ni les pouvoirs publics, ni les commanditaires. A cela s’ajoutent, outre la question des violences policières, celles de la démocratie dans la prise de décision, celles de l’agriculture pour demain, de l’aménagement du territoire. Questions qui sont au cœur des problématiques que portent Les Alternatifs. Nous avons choisi de donner la parole en priorité à des acteurs de cette lutte multiforme. Nous ne traitons pas de tout : la place manquerait. Tous ne sont pas là, mais celles et ceux qui interviennent dans ce dossier ont des faits à rapporter, des premières analyses à donner, des convictions à défendre.

Les Alternatifs 81-12

Chronique d’une mort annoncée ! Edito

On vous l’avait pourtant bien dit ! Et même seriné depuis plus d’un mois !
Toute personne passant quelques heures sur le Testet pouvait le sentir de façon très sensible. Il suffisait d’ouvrir les yeux (et les oreilles !) pour comprendre que les brutalités et les insultes des forces dites de l’ordre annonçaient que l’irréparable arrivait au galop.
Mais la volonté de ne rien voir ni entendre – et encore moins celle d’écouter – des chefaillons politiques Tarnais, trop obnubilés par leurs intérêts, confondus sciemment avec ceux de leurs petits copains (coquins ?) indiquait clairement, par delà la destruction de la dernière zone humide du département, celle des hommes, des femmes et de tous ces jeunes zadistes qui se sont levés pour empêcher ce massacre.
Jusqu’à l’entêtement « relativement stupide et bête » ! Jusqu’à susciter les violences policières ! Jusqu’à la mort ? Oui, jusqu’à la mort, celle d’un gamin spécialiste des renoncules !
La mort, conséquence ultime de la politique du passage en force, du refus de débattre et de remettre en question ses certitudes et ses méthodes de voyous, dans le mépris le plus total de la démocratie. Laquelle, faut-il le rappeler, s’incarne dans une charte intitulée « Citoyenneté et Démocratie Participative » et adoptée par le Conseil Général du Tarn il n’y a guère plus de 3 ans : mais le chemin est long des paroles (voire des écrits) aux actes !
Souhaitons que ce mépris des citoyens et des jeunes, vite qualifiés de « casseurs » (à remarquer qu’ils sont toujours d’extrême gauche et jamais d’extrême droite !) ne se développe pas sur les autres ZAD !
Jusqu’à l’élimination physique !
On peut en douter. En effet ce « modèle » de société dans laquelle nous vivons est à bout de souffle et n’a d’autre issue que la violence institutionnelle pour imposer au plus grand nombre ses projets néfastes. Ne peut-on hélas s’attendre à d’autres victimes, à Notre Dame des Landes ou ailleurs ?

Candida Rouet

A SIVENS, Rémi est mort

C’est peu dire que je suis bouleversé par les dernières nouvelles, même si rien ne permet, pour l’heure, de savoir de quoi Rémi est mort. Il reste que sur un lieu de confrontation, de manifestation, d’opposition… on a retrouvé à 2 heures matin le corps d’un homme. Cela devrait ramener à de plus justes proportions l’envie des uns et des autres de se faire un nom dans l’histoire des grands projets locaux, ou des bénéfices engrangés. La mort, en définitive, est la seule vraie réalité, puisqu’elle nous attend tous, a pris nos aïeux, prendra nos enfants. En cela elle a quelque chose d’une profondeur sans borne, dans cette césure totale qu’elle nous infligera tôt ou tard, les infinies douleurs qu’elle nous inflige déjà. Car c’est à sa mesure qu’il faut évaluer ce après quoi nous courons. Nous passerons tous, le monde demeurera à jamais, infiniment plus fort que nous. Ceux qui veulent édifier des barrages ici, des empires là, ne sont rien et ne laisseront rien. Ceux qui se seront contentés de rappeler aux premiers que nous sommes solidaires, tous passagers d’un même vaisseau, soudés les uns les autres, quelque conscience que nous en ayons… laisseront au fond de nos cœurs le rappel et la gratitude d’être des frères et sœurs, enfants d’un même tourbillonnant et insondable mystère dont nous faisons partie, et qui nous emporte, au-delà de nos vies misérables, dans l’immense communion de tout.
A bientôt, le cœur lourd,

Jérôme VIALARET

Intervention de Rémy SERRE  au rassemblement contre le barrage,
le 25 octobre 2014 dans le Tarn

Rémy Serre,
Paysan, éleveur de brebis, fondateur de la « 4acg » (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre), milite pour une agriculture raisonnable et respectant l’écologie. A 77 ans il se soucie avant tout du devenir des futurs paysans

Depuis que la bataille du Testet a commencé, plein de questions m’interrogent.
D’abord, ces 40 hectares de terres qui vont disparaître sous l’eau.
40 hectares de très bonne terre, des terres d’alluvions qui pourraient faire de très beaux jardins…
A la vue de cette vallée, je dirais simplement que sur ce terrain nous pourrions installer une
vingtaine de maraîchers qui à eux seuls nourriraient la ville de Gaillac et même plus.
Noyer cette vallée est un crime. Nos enfants nous le reprocheront…
Je reviendrai tout à l’heure sur l’agriculture mais je voulais parler aussi de cette violence que les gendarmes emploient contre depuis début septembre.
Entre nous, ils ont l’air plus à l’aise sur le bitume que dans les champs ou les forêts. Mais, les coquins ils s’adaptent très vite : quand ils courent avec leurs bottes jusqu’aux genoux, on dirait des pingouins !!
Plus sérieusement, ces gens là me font peur. Moi même, j’ai été plaqué au sol pendant un certain temps.
Et pour que je ne parte pas, un de ces costumés a été désigné pour me garder.
Personnellement, je n’avais pas tellement envie d’engager la conversation mais au bout d’un moment, c’est lui qui se met à parler. « Je vais quitter ce métier » me dit-il. Me voyant étonné, il poursuit : « On nous demande de faire des actes de plus en plus durs, je veux partir ».
Mais rassurez-vous !!! Il va en rester !! J’ai rencontré aussi ce chef qui m’empêchait de passer et qui, lui, n’est pas prêt de partir !! Je lui ai dit que nous ne sommes pas des brigands, que nous défendons la nature. Et il me répond : « Nous sommes ici pour faire respecter l’ordre er nous sommes aux ORDRES ».
Quand ce chef m’a dit « nous sommes aux ordres », je suis revenu 50 ans en arrière : c’était la guerre d’Algérie. Nos chefs étaient aux ordres et quels ordres !! Tuer, torturer, brûler, violer : ils étaient aux ordres…. !
Le temps a passé mais les ordres sont toujours les ordres et si demain ces messieurs ont l’ordre de nous tirer dessus avec des balles réelles, cela fera plus mal que les balles de caoutchouc.
D’autant plus que ces gens là n’ont pas le droit de réfléchir. A la guerre, on nous disait : chercher à comprendre, c’est commencer à désobéir.
Et tout cela m’aide à comprendre comment pendant la guerre de 45 la police a pu faire des rafles des indésirables : ils étaient aux ordres.
Revenons à l’agriculture. Si nous continuons à cette cadence à détruire de la terre agricole pour faire des golfs, des autoroutes, des barrages, des zones industrielles, dans 100 ans, cette terre agricole aura disparu. Car tous les 7 ans, l’équivalent d’un département français est volé à l’agriculture.
Et d’ailleurs, aujourd’hui, pourquoi veulent-ils ce barrage ?
La réponse n’est pas très claire.
La plus vraisemblable serait pour arroser le maïs et faire quelques quintaux de plus à l’hectare.
Faut-il faire plus de rendement : les derniers quintaux sont toujours les plus chers et les plus polluants.
Et puis, faut-il faire plus de maïs ? Nous faisons déjà trop de maïs, trop de céréales. Nous les exportons et ainsi nous ruinons les paysans de ces pays. Comment ces paysans pourraient-ils lutter contre nos prix ? Comment pourraient-ils lutter contre notre agriculture subventionnée et mécanisée ?
Les paysans sont donc obligés de quitter leurs fermes et vont souvent grossir les bidonvilles.
Revenons au barrage.
De tout temps ou du moins du temps que je me souvienne, les paysans n’ont pas attendu que les conseillers généraux leur disent qu’il fallait stocker l’eau : ils faisaient des citernes et des marres.
Alors messieurs les petits technocrates, laissez nous avec notre sagesse et notre savoir faire.
Nous sommes assez grands pour savoir ce que nous devons faire.
Et si nous nous réunissions, les paysans de la vallée du Tescou et décidions ensemble si nous avons besoin de retenues d’eau collectives ou individuelles.
Mais que l’on ne vienne pas d’Albi, de Paris ou de Bruxelles pour nous dire ce que nous devons faire.
A travers le refus de ce barrage, nous disons aussi non à cette agriculture productiviste. Cette agriculture qui nous interroge sur plusieurs points :
A partir des années 1960, la France agricole avait assez de denrées : légumes, céréales, lait, fruits, viandes pour nourrir ses habitants.
Pourquoi nous n’en serions pas restés à ce stade : les paysans étaient nombreux, les fermes étaient moyennes, pas trop polluantes. Nous ne vivions pas trop mal sans prime ni subvention.
Alors pourquoi cette marche en avant a continué : tout simplement parce que la machine profit était en marche !!
Cette machine s’appelait Crédit Agricole, INRA, industrie agro-alimentaire, marchands de
machines, d’insecticides, de pesticides, et tout ce monde voulait continuer à s’enrichir sur le dos des paysans.
Les paysans, poussés par la grande FNSEA ont été pris dans la tourmente.
Ils ont contribué à enrichir tout ce monde qui tournait autour de l’agriculture ; mais eux, on les a poussé à s’endetter au point d’en crever : tous les 2 jours, un paysan se suicide en France.
La FNSEA en accord avec les gouvernements a bien contribué à vider les campagnes. Aucun
syndicat n’a été aussi fort pour éliminer ses adhérents ou les envoyer en ville. Durant les années 70, elle a même inventé l’IDV (Indemnité Viagère de Départ). Une prime pour que les paysans arrêtent d’exploiter dès l’âge de 55 ans.
Par contre, aucun encouragement de ce même syndicat pour que des jeunes s’installent à la terre. Eh oui ! A l’époque on avait besoin de main d’oeuvre dans les usines et d’une main d’œuvre endurante, travailleuse et docile…
Et pendant ce temps, les fermes sont devenues des usines et le monde paysan a disparu.
Plutôt que de faire encore un barrage, faisons pression pour redistribuer cette terre nourricière.
Faisons pression, même si ce mot fait peur, pour une réforme agraire.
Celui qui a 100 hectares, il serait le même si on lui en prenait 10 pour installer 10 maraîchers.
Pour conclure, je voudrais dire à ceux qui veulent tout gérer que nous sommes là et que nous aussi nous avons notre mot à dire.
Nous allons décider ensemble s’il faut un barrage ou pas.
Nous voulons décider avec vous comment nous voulons vivre, et comment nous devons entretenir cette nature, cette planète.
Nous voulons, avec vous, voir si les richesses eau, air, terre, argent, peuvent être mieux partagées entre riches et pauvres.
N’attendons surtout pas que les élus nous proposent des solutions. Les solutions, c’est nous, le peuple, qui devons les trouver, les proposer et forcer la main à nos élus pour changer ce monde.

Sivens révélateur local d’une crise globale

Au-delà d’un projet de barrage contesté, Sivens est révélateur d’une cassure profonde des fondements de notre société. Symptomatique d’une rupture entre ses représentants politiques et les citoyens contraints de subir, dans une réalité souvent difficile, des décisions aux motivations floues, arbitraires ou à revers le l’intérêt commun. Des représentants politiques enfermés dans des logiques d’appareils, pratiquant une gestion à vue, sans aucune vision à long terme, sans aucune forme de responsabilité politique, sans aucune considération pour le réel intérêt général, sans aucune considération pour la démocratie invoquée de façon incantatoire, assis dans le confort de cycles d’élections/ré-élections, cumulant les mandats, s’ordonnant administrateurs le cas échéant le temps d’une pseudo alternance, ces représentants du pouvoir coupent les derniers liens avec les citoyens qu’il sont censé représenter.
C’est bien ce qui s’est passé dans le département du Tarn, historiquement acquis à une majorité dite de gauche, où le conseil général par l’intermédiaire de son président M. Carcenac, soutenu par la préfecture, s’est autorisé à imposer un projet de barrage. Un projet proposé en 2001 dont l’étude de réactualisation effectuée en 2009 a été falsifiée. Ont été oubliées les données invalidant la taille du projet en la divisant par 3 : forte réductions des pollutions industrielles sur le cours d’eau, moins de terres irriguées et mise en place de quotas de consommations d’eau, cette dernière donnée gonflée par de faux calculs en pourcentages à l’avantage du barrage ; de plus, il n’est proposé aucune alternative. Ces dérives ont été pointées par le collectif Testet et transmises aux élus concernés. Seul une petite minorité a réagi. Ces affirmations sont vérifiables sur le site du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet : www.collectif-testet.org.
A noter que la déclaration d’intérêt général a été décrétée au mépris des conclusions de l’enquête publique dont la conclusion était soumise à l’avis du CNPN (Conseil National de la Protection de la Nature). Ce conseil, saisi par deux fois, a émis, par deux fois, des avis défavorables.
Dans ce cas précis, l’intérêt de quelques uns, promoteurs du barrage, une minorité de maïsiculteurs, se confond avec l’intérêt général. Il est à noter aussi que la démocratie détournée vient servir de caution morale.
Les causes des enchainements dramatiques qui ont abouti, dans la nuit du 25 au 26 octobre, au décès de Rémi Fraisse, 21 ans, militant écologiste, jeune naturaliste passionné de botanique et engagé au sein de réseaux associatifs pour la préservation de notre environnement, sont à chercher dans l’exercice d’un pouvoir hermétique voire autiste, arcbouté sur ces certitudes, ne répondant qu’à la défense de ses intérêts propres et rétif à toute participation citoyenne. Participation perçue par ailleurs comme une entrave, déclenchant un véritable réflexe de défiance.
Cet autisme à conduit à répondre à l’opposition citoyenne par une répression violente, engendrée par une provocation policière quasiment quotidienne depuis début septembre. Il est à rappeler que les collectifs citoyens demandaient un moratoire afin d’instaurer un dialogue argumenté. Pour les opposants au projet, le quotidien des mois de septembre et octobre fût le mépris des autorités et la terreur sur le terrain. Terreur est bien le mot qu’il convient d’employer ici. Menaces, agressions de nuit par des milices autoproclamées pro-barrage, passages à tabac en règle par les forces de l’ordre dés que les médias tournaient le dos, pluies quotidiennes de gaz lacrymogènes et de grenades de toutes sortes, blessures physiques multiples, inculpations arbitraires, expulsions illégales, voilà le quotidien des mois de septembre et octobre. Un exemple significatif : une grenade lancée dans une petite caravane alors que les occupants s’étaient signalés. Une jeune fille sera sérieusement blessée au bras.
Malgré les alertes répétées, malgré la démonstration par témoignages et vidéos des violences inouïes subies par nombre de civils, ni les représentants politiques, ni les autorités ne prêteront cas à ces appels à retenue.
Le mépris va jusqu’à ordonner une expertise le 29 septembre sans stopper les travaux sur le site. A cette date, le déboisement est terminé et commencent les travaux de décapage et terrassement. La majeure partie de la zone humide du Testet, joyau de biodiversité, écrin protecteur de nombre d’espèces en péril, ne s’en remettra pas.

Cet état de fait est aggravé par l’absence de conscience, que nous pouvons relever dans les propos de M. Carcenac au surlendemain du drame « Mourir pour des idées, c’est une chose mais c’est quand même relativement stupide et bête ». Dans cette inconséquence M. Carcenac ne mesure pas que ses paroles engagent la collectivité dont il est l’élu. M. Carcenac n’est même pas conscient que Rémi Fraisse n’avait pas choisi de venir à Sivens pour potentiellement y mourir.
Un autisme révélé également au niveau national et international, nous le constatons aujourd’hui à la façon dont sont réprimés les mouvements sociaux et entravées les alternatives citoyennes. Une inconscience elle aussi révélée au niveau national et international, nous pouvons le percevoir à la façon dont est prise en compte l’alerte majeure lancée par les scientifiques du Giec, expliquant tant que faire se peut que nous courons au désastre climatique, premier domino d’un effondrement général.

Rémi était l’opposé de cette inconséquence et de cet aveuglement. Il était la conscience et l’engagement. La conscience et l’engagement des jeunes générations face à l’inconséquence mortifère des nos soi-disant responsables politiques. Aujourd’hui, nous sommes tous en deuil d’un jeune homme de grande valeur porteur de belles promesses d’avenir. Un avenir non pas réduit à sa personne, mais un avenir à partager par tous. Vouloir offrir un avenir est la plus belle promesse qui puisse être faite. Rémi incarnait tout simplement cette promesse. Et cette promesse d’avenir, l’inconséquence, l’autisme et l’inconscience politique l’ont assassinée.

Patrice Canal, membre du C.A. Collectif Testet.

SIVENS : le tournant ?

Nous avons interrogé Jean Claude EGIDIO, militant connu et reconnu sur GAILLAC et opposant au barrage depuis des années. Entretien par téléphone vendredi7 novembre

R&V : On a l’impression d’assister, depuis le 25 octobre à un tournant dans la lutte, avec l’assassinat de Rémi FRAISSE d’une part, la remise du rapport des experts et le jeu de Ségolène ROYAL de l’autre ? Qu’en est-il d’après toi ?
JCE : A mon avis également, nous sommes à un tournant. Les discussions vont démarrer dans les jours qui viennent. Que donneront-elles ?
R&V : Ce pourra être, si tu en es d’accord, l’objet d’un prochain entretien. Consacrons-nous donc à ce que pose la mort de Rémi.
JCE : C’est bien un tournant. Pour nous, il s’agit d’une provocation. Voyons-en le scénario. Vendredi soir sur le chantier sont « oubliés » 2 « trucs » un peu incongrus : un générateur et un « algeco ». Dans la nuit du vendredi au samedi, ils vont brûler ce qui va motiver le retour des gardes mobiles. Ceci, alors que des milliers de personnes affluent. Des affrontements ont lieu, dans lesquels on retrouve des personnes qui n’ont rien à voir avec notre lutte. Des affrontements dans lesquels on a pu reconnaitre des gens d’extrême-droite. . .
Il fallait que ce rassemblement nombreux, pacifique, festif, dégénère. C’est ce qui s’est passé, au-delà de ce que l’on pouvait craindre : il y a eu mort d’homme. A mon avis, ils ont été très embêtés, devant la médiatisation soudaine. Il n’y a qu’à voir leurs premières réactions où ils ont cherché à dissimuler la vérité : communiqués flous,(« on a découvert le corps d’un homme. . ., les forces de gendarmerie ont été encerclées, ce sont des explosifs dans le sac . . . « ). On a fait savoir qu’on avait des preuves de l’assassinat, qu’il y avait des témoins. . . Il devenait impossible de masquer les causes réelles de la mort du jeune homme. Se concrétisait alors ce Pour qui a assisté aux affrontements depuis septembre, ce qui venait de se passer concrétisait nos craintes, était inévitable. Comme chaque fois en France (cf la mort de Malik OUSSEKINE en 1986), il y a un déferlement émotionnel qui entraine un coup de projecteur médiatique.. Tout à coup, on regarde les choses autrement.. Coïncidence, le rapport des experts tombe quasi en même temps.
Rapport qui reprend nos arguments (surdimensionnement du projet, faiblesses du montage financier, enquêtes publiques mal menées. . . ). Ce qui tend à fonder notre lutte, à la valider. C’était une porte ouverte pour l’abandon du projet. Mais, pour des raisons « politiques », ils ont aménagé une conclusion venant en contradiction avec ce qui précédait : « vu la façon dont les travaux sont engagés, il faut les continuer ! ».
Forte émotion en France et mobilisations un peu partout, même à l’étranger. J’en retiendrai deux : la mobilisation des lycéens parisiens (et les lycéens ne lâchent pas le morceau facilement !) et ce qui se passe à Rouen, un peu à l’image de ce qui a existé à Albi devant le Conseil Général. Des formes de soutien très claires : refus du barrage et dénonciation des violences policières. On ne sait pas jusqu’où cela va et peut aller.
R&V ; Pour abonder dans ton sens, un témoignage personnel. Nous avons fait ces deux derniers jours deux rassemblements à CASTRES, qui ont rassemblé 40 et 70 personnes de tout âge. Des discussions, des échanges, émerge une impression diffuse « Il faut changer. . .il faut aller jusqu’au bout ». Comme si quelque chose était en train de naitre. Feu de paille ? Mouvement plus durable ? Trop tôt pour le dire. Celà me semble être différent, « dépasser » ce qui s’est passé pour Notre-Dame-des-Landes.
JCE : NDDL est un dossier complexe lui aussi, mais plus directement accessible. Devant l’ampleur de cette prise de conscience, quand on regarde de près et qu’on analyse les différents tenants et aboutissants, on se rend compte que ce n’est pas une simple « protection d’une zone humide ». Dire cela, c’est réduire ce combat à une simple lutte écologique locale. Quand on prend conscience de la malhonnêteté dans la façon dont les choses ont été mises en place par un pouvoir local (et essentiellement par le Conseil Général), du fonctionnement qu’il y a derrière, on est indigné-e-s . On se dit que « on ne peut pas laisser passer çà. On se dit que face à un système qui , depuis des années, s’accommode de petits arrangements, il nous faut , face à cette « .démocratie formelle », opposer une « démocratie réelle ». On est allé au fond. Le Collectif pour la sauvegarde du TESTET a fait un boulot extraordinaire. Quand on voit la réaction des socialistes, (cf le chantage de VALAX à la démission), il y a de quoi halluciner !
Il est vrai que ça remet en question toute la politique de l’eau Adour-Garonne. La série de barrages annoncés sont tous du même type. Cela remet en cause également toute la politique agricole. C’est pourquoi la FDSEA s’arc-boute à la défense de ce projet.
R&V : Nous verrons cela plus à fond une prochaine fois ! Si nous questionnions la violence d’Etat ? La violence policière, inouïe, que tu as quelque peu décrite tout à l’heure mais aussi la violence telle qu’elle s’exprime dans les propos de nos dirigeants locaux ou nationaux (VALLS qui dit « .SIVENS se fera ! « . par exemple) Comment l’expliquer par rapport à l’enjeu : une petite pataugeoire, en somme ?
JCE : D’accord avec la façon dont tu poses le problème : cette violence est construite.. Elle est mise en œuvre par les politiques et les forces de l’ordre armées. Une ZAD à NDDL, ce peut être tolérable. Deux ZAD . . . Bonjour les dégâts ! Il fallait mettre fin à cela. On a vu un déchainement policier inédit, surtout à partir de début octobre (grenade lancée dans une caravane, affaires personnelles brulées plusieurs fois par semaine. . .). Écœurer, humilier, décourager les personnes afin qu’elles partent.
Autre moyen mis en œuvre: criminaliser le mouvement. La justice entérine sans avoir entendu d’autres témoins que les policiers.
La violence est utilisée par le pouvoir pour diviser le mouvement.
Il existe chez nous plusieurs positions, cela va des pacifistes inconditionnels jusqu’à ceux qui pensent qu’il faut faire face et riposter par rapport aux gardes mobiles. Sujet de débats et de tensions. Le tout attisé par le rôle des médias, friands « d’images de guerre civile » et par la présence de provocateurs (policiers et/ou extrême-droite, nous avons des preuves). Il s’agit de créer un climat de peur vis à vis des opposants en premier lieu, mais aussi des populations locales . Cela fait penser à la 2ème guerre mondiale. . . Ainsi la semaine qui a suivi la mort de Rémi, il y avait des centaines de flics à Gaillac. Pourquoi ? Un des débats que nous allons avoir entre nous va être celui d’apparaitre « masqué-e-s ou non, pour couper court à un certain nombre de choses comme les provocations, les interrogations de la population, etc. . .

Ce premier entretien s’arrête là .Suite prochain n° de Rouge et Vert

OPINIONS 2 : SIVENS (Michel COSTADAU, février 2015)

Cette fois on va parler de Sivens, projet ni en cours ni arrêté mais (spécialité française) « dans l’impossibilité de se poursuivre », d’abord parce que c’est local, mais surtout parce que c’est emblématique d’une nouvelle donne politique.
Un filet d’eau qui serpente dans une petite vallée entre des collines basses aux crêtes boisées, c’est le Tescou, aux enjeux infiniment supérieurs à sa taille.
C’est vrai que Sivens concerne seulement 17 ha, certes de zone humide, mais enfin c’est pas trop grand par rapport aux autres projets d’aménagement dont on parle aussi. NDDL c’est 2000 ha, le LGV c’est 1000 ha, Castres-Toulouse c’est 400 ha, la zone de Saint-Sulpice c’est 200 ha.

Pour une fois je ne vais pas vous donner le résultat avant la démonstration, mais quand même on peut dire que Sivens c’est le Waterloo de la puissance publique française.

Cela dit, qu’est-ce que je vais bien pouvoir vous apprendre sur Sivens ; tout a déjà été dit et redit (pour ceux qui s’informent, pas pour ceux qui regardent la télé bien sûr), car cette fois il ne s’agit pas de trouver une solution, mais d’analyser des démarches et leur causalité. On va donc essayer de s’intéresser aux conséquences et enseignements que l’on peut tirer de ce qui se passe dans ce petit coin du Tarn. Tout ce qui suit n’est qu’une opinion pas un jugement.
Par exemple, le projet de Roybon (Isère) a déjà bénéficié d’un retour de Sivens. En effet, la même plainte en référé sur l’urgence d’arrêter les travaux de déboisement, qui a été rejetée à Sivens, a été acceptée à Roybon et le projet est là aussi suspendu, mais cette fois à cause d’une décision de justice, et non comme à Sivens à cause de la mort d’un militant. Il faut dire que les motifs du rejet à Sivens tenaient plus d’une réplique de Molière que de la justice, puisque les juges ont considéré que de raser la zone humide n’était pas irréversible tant qu’on n’avait pas dessouché tous les arbres et que donc les travaux pouvaient continuer. A Roybon, un mois et un mort plus tard, ils ont décidé au contraire qu’il y avait urgence à suspendre les travaux. Merci Remi.

En terme de conséquences il y a vraiment un point sur lequel on n’a pas assez insisté, c’est le désaveu cinglant qu’ont subi les instigateurs du projet (CG, CACG, FDSEA, préfecture…..). C’est ça la nouvelle donne.
Concrètement, le fait que deux experts aient pu en un mois mettre en pièces (je ne m’y attendais pas à ce point-là) ce projet, est la preuve d’une telle incurie (un mélange d’incompétence, de mépris des lois et des citoyens et de confusion d’intérêts) que cela jette la suspicion sur toutes les décisions prises par ce qu’il faut continuer à appeler les autorités. Parce que cette histoire d’experts nommés directement par le ministère, mérite que l’on s’interroge. Le ministère n’envoie pas d’experts sur tous les projets d’aménagement, loin de là. Pour moi, le ministère a analysé que le projet était plombé par des aspects potentiellement illégaux, qu’il y avait une contestation (collectif et occupants) et une crispation (CG et FDSEA). Il a alors eu l’idée (ou on la lui a soufflée) de permettre aux instigateurs (CG) de ne pas perdre la face, en proposant d’aboutir à un compromis (c’est-à-dire un truc ou en théorie chacun fait un pas et donc perd quelque chose). Au début, les opposants ont joué le jeu (pour avoir l’air constructifs, je suppose), mais c’était un piège grossier pour faire quand même le barrage, éventuellement plus petit (mais les promesses n’engagent que ceux à qui elles sont faites). Seulement (je ne dis pas heureusement, car c’est un grand malheur) il y a eu un mort et ça a tiré (momentanément) les opposants de leur fâcheuse posture.

On continue sur les ressentiments que provoque cette gifle sur les tenants du projet. Voilà des gens habitués à leurs petites magouilles et d’un seul coup, baf, parce qu’un collectif de défenseurs de la nature s’est interposé, les voilà obligés de reconnaître … plein de choses, mais essentiellement qu’ils défendaient un projet complètement inutile. Je vous rappelle pour mémoire que quand on dit projet, on dit argent et quand l’argent va quelque part, il ne va pas ailleurs, par exemple sur les routes départementales ou les écoles et les collèges !!!
D’ailleurs ils n’ont pas reconnu du tout leur erreur pour le moment et leur digestion s’avère difficile. Les récents débordements avec milices agricolo-facho-chasseurs, encouragées par une municipalité irresponsable et des élus complices, en sont la preuve. C’est pour ça, aussi, que je dis que Sivens est emblématique d’un profond changement de la donne politique en France.
Qu’est ce qui change ? Ce qui change c’est que d’un seul coup:
– On découvre que les choix du CG n’ont aucun rapport avec la moindre préoccupation politique puisqu’ils votent tous le même projet inutile, preuve qu’il n’y a pas plus de majorité que d’opposition mais bien qu’ils sont tous d’accord pour contourner les lois (avec un max de subventions quand même, parce que tout le monde croit que les subventions ce n’est pas notre argent, c’est celui….des autres, ben non).
– On découvre que le CG s’habille de légitimité pour décréter que le projet est un choix démocratique. Et de demander en chœur, le « retour » à l’Etat de droit. Hop, là on s’arrête 30 secondes car il y a un gros poisson. Ce n’est pas parce qu’ils sont élus que tout ce qu’ils font a le label démocratique du choix populaire. Quand le Conseil constitutionnel est saisi d’une loi, pourtant votée par le parlement qui est directement l’émanation du peuple, personne ne trouve à redire. On ne dit pas que le Conseil constitutionnel bafoue les choix démocratiques des électeurs. Ce devrait être pareil quand la justice est saisie parce qu’un projet ne respecte pas les lois en vigueur. Seulement nous ne sommes plus en démocratie, parce que les élus ont complètement perverti le sens du vote des citoyens. Aujourd’hui on se fait élire pour décider à la place de citoyens et non pas pour les représenter et défendre leur avis. Décider à la place des électeurs, c’est certes commode, car la population a l’impression qu’il se passe des choses sans qu’elle n’ait rien à faire, mais ça crée deux sphères de fonctionnement qui ne communiquent plus. D’un coté les élus, l’administration et les entreprises qui concoctent entre eux ce qui les arrange, et d’un autre les citoyens qui voient passer au-dessus d’eux, des débats, des promesses et autres discours et qui finissent par ne plus comprendre qu’on se moque d’eux à ce point-là. C’est grave parce que, comme vous le savez, le monde est gouverné par des non-élus (finance….) et que les vrais élus leur font allégeance plutôt que de nous défendre Pour fermer la boucle, n’allez pas croire que je dote les sondages d’une fonction de contre-pouvoir et encore moins les médias.

– On découvre que dépenser l’argent du contribuable n’a aucun garde-fou (il n’y a pas de commissaires aux comptes dans les CG) et que donc ils font ce qui les arrange. C’est vrai qu’il y a la Cour des comptes et, d’ailleurs elle vient de donner un avertissement aux agences de l’eau, je cite : « En outre, comme ce sont les Chambres d’agriculture qui désignent ceux qui siégeront aux comités de bassin, c’est la FDSEA qui dispose de fait « d’un quasi-monopole de représentation », souligne le rapport ». Mais vous savez ce que fait le CG des avis de la Cour des comptes… oui bon alors c’est bien, on est d’accord,

– On découvre que la CACG constructeur de barrage (canal de la Neste, Fourogue (jugé illégal juste après réalisation !!) a dans ses organes de décision les même personnes que le commanditaire (CG) qui lui même avait déjà demandé à la même CACG de faire le rapport de faisabilité. Donc, depuis l’étude d’opportunité, en passant par la réalisation et l’utilisation, on a en fait la (les) même personne qui décide tranquillement que c’est faisable, combien ça coûte et le commercialise (pas cher) aux irrigants. Cette collusion que l’on découvre va-t-elle avoir pour première conséquence que tout le monde va regarder de plus près les études de faisabilité et les procédures ? (je l’espère).

– On découvre que la FDSEA a un quasi-monopole dans les décisions concernant l’usage de l’eau (démocratie où es-tu ?). Ce syndicat a aussi un modèle productiviste (ça veut dire produire de plus en plus, sans s’occuper d’à qui ou à quoi ça peut bien servir et sans s’occuper des dégâts collatéraux, pollution, environnement, disparition des exploitations..) qui trouve singulièrement ses limites. Vous savez le fameux plan ecophyto (avec financement européen bien sûr) censé réduire l’utilisation des produits phytosanitaires (ça veut dire désherbants, fongicides, pesticides) sur 5 ans, a eu comme résultat une augmentation substantielle de leur utilisation (cherchez l’erreur). Ce même syndicat porte aussi la responsabilité de la disparition des agriculteurs, puisque la course à la taille élimine tous les petits qui sont souvent les plus rentables.

– On découvre enfin que cette notion de votes démocratiques est, en fait, complètement biaisée (j’adore ce mot-là) dans le sens où il ne s’agit en aucun cas d’intérêt général (ou tout au moins pas en priorité) mais seulement de l’intérêt des élus et de leurs « bonnes » relations.
Allons plus loin et demandons-nous si le CG aurait pu, l’année dernière, demander lui même cette contre-expertise (il aurait pu y avoir au moins un des conseillers qui la demande). Pour fixer les idées en termes de coût, l’expertise c’est de l’ordre de 50 000€/missions et le déploiement des GI, demandé par le CG, de l’ordre de 500 000€/missions.

Mais la réponse est claire : non le CG n’aurait pas pu demander cette contre-expertise car tous les éléments étaient déjà présents dans de nombreux rapports (c’est d’ailleurs aussi pour ça que les deux experts du ministère ont été très rapides) mais le CG avait délibérément choisi de s’asseoir sur les rapports (je crois que maintenant on commence à comprendre comment ça marche).
Seulement d’habitude, quand le CG mène ses petits trafics (c’est à dire ignore les rapports dûment commandés selon les lois (parlement français) en vigueur) pour arriver à réaliser malgré tout ses projets, personne ne dit rien ou plutôt ne disait rien.
Mais il y a un mais, car depuis NDDL la situation a changée.

En effet à NDDL, à cause de la vigueur de la résistance, les pouvoirs publics n’ont pas pu éviter de dire que, pour une fois, les décisions administratives attendraient la fin du jugement de tous les recours.
Malgré cette expérience, à Sivens, le CG dans la lignée de la chape de plomb qui pèse sur le Tarn, a cru pouvoir essayer de passer quand même. D’une certaine manière ça peut s’expliquer par le fait qu’ils ont largement sous-estimé la capacité de résistance du Tarn, parce que, comme on l’a dit au début, Sivens c’est tout petit, avec du coup peu de gens concernés, car un barrage ça fait quand même beaucoup moins de bruit qu’un aéroport. Bref ils n’ont pas compris que quelque chose avait changé. La résistance à NDDL a vraiment été un tournant.

Cependant, dans le Tarn, ça ne se présentait pas du tout bien pour les défenseurs de la zone humide, mais pour dire les choses jusqu’au bout, il se trouve que, pour Sivens, le collectif qui résiste est emmené par un vrai professionnel des luttes environnementales. Ancien salarié d’une ONG qui s’est fait une spécialité de la protection des mammifères marins, c’est un fin connaisseur des textes du Grenelle de l’environnement et autres directives européennes. Avec lui s’est constitué un collectif, assez réduit, mais motivé et pertinent. Au début ils n’étaient qu’une dizaine (plus quelques agriculteurs de la conf) à empêcher les naturalistes de compter les têtards, dans le but de « sauver » la faune habitant la zone humide à détruire (la transhumance des têtards c’est pas un truc qu’on voit souvent, mais c’est ce que proposent les pouvoirs publics parce que les zones humides, si on détruit 1 ha quelque part on peut la refaire en petits bouts ailleurs afin de permettre aux bétonneurs d’avoir la conscience tranquille)
Donc à Sivens il paraissait tout à fait jouable d’appliquer la stratégie habituelle de contournement des lois. La CACG demande au CG de faire un barrage (s’ils ne font pas de barrage ils n’ont rien à faire), le président du CG qui voit des élections sénatoriales à l’horizon se dit que le moment est bien choisi, s’assure de l’appui du syndicat agricole majoritaire (c’est comme en Afrique, ça veut dire unique) qui le lui donne volontiers puisque l’agriculture productiviste est sa seule ligne de pensée, ne remet évidemment pas en cause l’étude faite par la CACG (puisqu’on a les a choisis pour ça), et comme il veut vraiment être élu aux sénatoriales prévoit un budget « forces de l’ordre » puisqu’il sait bien que les recours juridiques n’étant pas purgés, il y aura de l’opposition, mais qu’il doit pouvoir passer en force ou tout au moins faire preuve de la virilité politique nécessaire à son élection. Petit projet (17 ha (35 ha de plan d’eau au max), 9 M €), aucun soutien local aux opposants au projet, la commune sur laquelle se trouve le site, la Chambre d’agriculture, la CACG, le syndicat agricole majoritaire et quelques autres, tous sont (c’est ça la chape de plomb du Tarn) pour le projet de barrage.

Alors le CG du Tarn lance le projet (lancer ça veut dire vote CG, enquête d’utilité publique (dont il n’a été tenu aucun compte bien sûr) et demande au préfet de publier les arrêtés nécessaires). Les arrêtés sont aussitôt l’objet de plaintes pour non-respect des lois sur l’eau et des directives européennes. Mais ces plaintes ne seront jugées que dans deux ou trois ans, la justice étant, comme on le sait, lente dans notre pays. Alors justement cette lenteur est utilisée par les pouvoirs publics pour réaliser les projets avant qu’ils ne deviennent illégaux, de façon à mettre la justice devant le fait accompli. C’est un comportement machiavélique consistant d’un côté à voter des lois (à Paris), et ensuite à les contourner (à Albi) en prenant des décisions (parées de la légitimité du vote d’élus locaux) en contradiction avec la loi, mais avant que la justice ait pu se prononcer sur la légalité de ces décisions.

Vous voyez pourquoi je dis qu’ils sont machiavéliques. Continuons.
Puisque nous sommes là pour réfléchir, posons-nous donc la question : mais pourquoi les pouvoirs publics (en l’occurrence CG et préfecture) agissent-ils ainsi ? La réponse est assez simple, mais demande quelques explications. La réponse c’est que le CG ne fonctionne pas du tout en relation avec les électeurs (c’est à dire la population du département) mais seulement avec les lobbies locaux. Pour illustrer l’exemple qui nous intéresse, le CG du Tarn fonctionne uniquement avec la Chambre d’agriculture (tenue par « le » syndicat agricole), la CACG, les grandes entreprises locales (parce que c’est eux qui financent les campagnes électorales) et le préfet bien entendu.
Donc, quand la CACG dit qu’elle veut faire un barrage, les contacts se nouent directement entre les responsables de ces entités, sans passer par la case consultation des citoyens (c’est la grande déviance démocratique (voir TAFTA) que nous constatons aujourd’hui, à savoir que si des gens sont élus c’est seulement pour qu’ils puissent décider de ce qu’ils veulent sans demander l’avis des électeurs ( puisqu’ils ont déjà été élus) cherchez l’erreur).

Alors maintenant quelle est la situation catastrophique découlant de ces tristes comportements:
– un projet totalement remis en cause en un mois par deux experts,
– un jeune militant écolo tué par les forces de l’ordre,
– une vallée dévastée avec des montagnes de terre empilées dans le plus grand désordre,
– une cinquantaine de jeunes occupants défenseurs chevelus de la zone humide, vivant dans la boue et sous des tentes de fortune, voire dans les arbres,
– de nombreux excités fascisants quadrillant la zone en quad et en 4/4 pour faire la chasse aux occupants, et molester ceux qui veulent passer (sous l’œil complaisant de la gendarmerie),
– des élus locaux en campagne électorale (c’est la seule chose qu’ils savent faire), jetant de l’huile sur le feu, manipulateurs des excités et lançant des anathèmes archaïques mais dangereux contre les occupants et ceux qui s’opposent au projet initial,
– des militants associatifs et syndicaux fournissant leur aide aux occupants mais désorientés par l’attitude désinvolte (c’est le moins que l’on puisse dire) des pouvoirs publics, préfet en tête, se demandant, à quoi peut bien servir la justice aujourd’hui,
– et je ne vous parle pas des animaux errants qui ne savent plus ou ils en sont.
Alors, bon sang de bon sang, comment en est-on arrivé là ?? J’insiste.
Comment, mais à cause de la sombre farce des projets du Conseil général, qui contrairement à ce qu’on pourrait penser, ne concernent pas le moindre besoin, ni le moindre service public mais seulement les influences de certains de ses membres. En effet, voila un prétendu projet de barrage qui un coup sert au soutien d’étiage, un ans plus tard à la dilution des pollutions d’une usine laitière, un an plus tard à réguler le débit (c’est le contraire de l’étiage), un an plus tard aux déficits en eau du département (oui parce que dans le Tarn, on est censé consommer plus d’eau (essentiellement pour l’agriculture) que ce que l’on produit, alors il faut faire des barrages, logique imparable qui conduirait les Pyrénées qui produisent plus d’eau qu’elles n’en consomment, à détruire les barrages) et qui il y a un an devenait (enfin) destiné à l’arrosage du maïs.

Pour finir, peut-on dire un mot de ce qui va se passer dans les années à venir ? A court terme, le CG va voter le (nouveau ?) projet de barrage réduit sur le même site, lancer les études (à la CACG, chiche) pour un ou deux ans (car il faut trouver de nouveau des financements). Pendant le même temps, les recours seront jugés et certainement dans le sens de rejeter à nouveau le projet (réduit si vous avez suivi). On repartira alors pour de nouvelles propositions (avec les mêmes experts, chiche) et de nouveaux recours. Concrètement, dans les années qui viennent, aucun barrage ne sera construit à Sivens. Mais alors que vont devenir les tas de terre et les occupants du site. Je ne suis pas devin mais je vois bien qu’il y aura des expulsions (ou des tentatives) mais alors il y aura retour des occupants et même en plus grand nombre (espérons que le prochain hiver ne sera pas trop rude). Quand à la réhabilitation de la zone humide, si l’on avait affaire à des gens intelligents, elle commencerait tout de suite. Non seulement ça coûterait beaucoup moins cher (à nous) mais en plus ça ferait une zone agricole plus conviviale. Mais ce qui est sûr c’est que nous n’avons pas affaire à des gens intelligents.
Sans contestation possible, le projet du barrage de Sivens est un projet complètement raté.

Michel COSTADAU

DESTITUTION !

Destitution 

Vous vous moquez mes chers élites 

C’est pourquoi nos vies se délitent 

Vraiment du tiers comme du quart :

Vous voyez-vous de fait à part 

Du tiers état et du quart monde ?…

Aucun de nous n’est bête immonde 

Sauf dans votre cœur asséché 

Que vos avoirs ont empêché 

De transmettre à votre cerveau 

Que le partage est bien plus beau 

Que la sempiternelle course 

Vers le haut… du cours de la bourse !

Nous ne sommes que des rouages 

D’une machine qui prend l’eau 

À force d’irrespect, d’outrages 

Et de mensonges à gogo :

Elle rouille, s’abîme et tire 

Vers l’abysse nos vies de chien :

Méfiez vous, si près du pire… 

À perdre nous n’avons plus rien !

Si pour vous ne sommes que nombre, 

Nous pourrions sortir de l’ombre 

Et vous démontrer sur le champ 

Qu’a même couleur notre sang !

Le vol du résultat des urnes 

Est, le crions, l’affront de trop :

Notre âme revêt les cothurnes, 

Coule en nos veines la nitro…

La rue dès l’aube sera pleine 

De miséreux, les poings levés,

Qui s’en iront laver leur peine 

Sur la plage sous les pavés.

De la Bastille à République 

Nous marcherons, enfin unis,

Pour du pouvoir chasser la clique 

Qu’aucun suffrage n’y a mis !

Assez d’irrespect, d’arrogance,

Et de coupables louvoiements, 

Vos discours pleins de suffisance 

Encouragent nos déploiements :

Si le droit ne nous fait justice 

C’est qu’aujourd’hui le compromet 

De préjudice en préjudice 

Celui qu’avons mis au sommet !

Nous avons droit d’investiture 

Jusqu’au sommet de la nation 

Donc pour tout déni de droiture… 

Le pouvoir de destitution !

© Edmond ALLAIN sept 2024

Musiques Latines avec le duo TAQUILE, samedi à Dourgne (81)

Après l’Inde, l’association Ailleurs a le plaisir de vous proposer son prochain voyage musical le samedi 5 octobre, 20 h 30, en l’église Saint-Pierre de Dourgne

Vous vous envolerez cette fois vers un autre continent avec le Duo Taquile, en Amérique latine : Pérou, Argentine, Bolivie, Chili, Venezuela…

Deux musiciens du groupe “Taquile” , Americo et Didier vous proposeront leur nouveau concert – aux chandelles- de musiques latines d’hier et d’aujourd’hui.

Un concept de spectacle original, basé sur l’histoire des musiques latines, Espagne, Amérique du Sud et l’Italie, depuis le baroque jusqu’à nos jours avec les brassages et métissages qui se sont opérés au cours des siècles.

Éventail de sonorités très diversifié haut en couleur où se mêlent des instruments de tous les horizons tel que luth, mandoline, charango, guitare, flûte de pan, ocarina et autres. Un répertoire éclectique, passant du baroque italien, au baroque espagnol, avec des mélodies de musiques contemporaines écrites par de talentueux compositeurs Sud-Américains.

Pas de droit d’entrée, une libre participation vous sera proposée à l’entracte.

Renseignements : Association Ailleurs 06 11 62 93 27.

Nos ZAD dans le Tarn . . . en juin 2013

Relevé des discussions sur les ZAD lors du salon du livre libertaire et des Alternatives (LIBERTARN) du dimanche 2 juin 2013 à Gaillac

Echange animé par l’Altermondialiste. . .

(Publié le vendredi 5 juillet 2013, sur le blog des Alternatifs du Tarn)

Intervenant-e-s :

– Patrice K pour le collectif des « Faucheurs & Faucheuses Volontaires d’OGM » ; 

– Françoise B pour le « Collectif de défense de la zone humide du Testet » ;

– Marylise S-J pour l’association « Antennes 81 » ;

– Jean F pour le collectif « Alternatives à l’Autoroute Castres-Toulouse » ;

– Georges N pour le « collectif Notre Dame Des Landes 81 » ;

– Wil pour Radio Albigès et L’Altermondialiste.

Présentation du sujet :

69978077_p– L’Altermondialiste : Pour nous, les ZAD ce sont les Zones à Défendre, mais pour les bétonneurs, ce sont les Zones d’Aménagement Différé. Les ZAD sont des lieux de vie, de biodiversité, de forêt, de productions agricoles, de zones humides… dont les acteurs du système qui nous broie, qui nous exploite, cherchent à s’approprier en les déstructurant et les réaménageant selon leurs idées, leurs intérêts et surtout pour leurs profits.

Ici dans le Tarn, comme partout ailleurs, des projets destructeurs voient le jour. Qu’ils soient des projets des aménageurs publics ou de multinationales privées, ils ont des points communs : tous méprisent la biodiversité, la vie qui s’y est développée, ils méprisent les liens sociaux et culturels qui s’y sont tissés depuis des siècles. Si ils voient le jour, ils impacteront durablement les sites sur lesquels ils veulent s’implanter et même au-delà de ces sites, en participant à la domination totalisante d’un système qui conçoit tout l’espace comme susceptible de lui être profitable.

Parmi les collectifs n’ayant pas pu participer à cette table ronde, nous avions invité le collectif « Faut pas pucer ». Pour moi, la ZAD du collectif « Faut pas Pucer » n’est pas une zone géographique, mais une « zone anthropologique ». En s’opposant à la généralisation du puçage sur les animaux d’élevage, et à terme, sur celui, probable des humains ; en s’opposant à l’utilisation massive de la puce RFID, ce collectif alerte sur une des méthodes d’appropriation et de contrôle global en cours. Parmi les éleveurs membres du collectif « Faut pas pucer », certains refusent les contrôles des services administratifs. Ils risquent donc de passer en procès pour cet acte de désobéissance. Le soutien du plus grand nombre sera important.

Maintenant passons à la présentation du collectif des Faucheurs Volontaires d’OGM.

– Patrice K : les objectifs principaux des Faucheurs & Faucheuses Volontaires d’OGM sont d’alerter l’opinion publique, d’empêcher la présence de plantes génétiquement modifiées dans l’agriculture et l’alimentation (qu’elle soit humaine ou animale), notamment dans les champs. Puisque alerter ne suffit pas, les citoyens et citoyennes composant ce collectif ont choisi de détruire ces plantes afin d’éviter la propagation de gènes non naturellement présents dans ces organismes. Un autre des objectifs du collectif est de s’opposer à la brevetabilité des semences et du vivant.

– L’Altermondialiste : est-ce que le collectif a des victoires à son actif ?

    

– Patrice K : on peut considérer que le moratoire sur le maïs Monsanto bt 810 est une victoire liée aux actions des Faucheurs & Faucheuses d’OGM. Mais la victoire principale est la médiatisation de l’existence de plantes génétiquement modifiées et des projets nocifs de l’industrie semencière.

 

– L’Altermondialiste : En quelle année a été créé le collectif des FV d’OGM ?

– Patrice K : le collectif a été créé en 2003, suite à un rassemblement sur le Larzac. Notamment après des premiers fauchages d’OGM (Ariège…) et les premiers procès. Le collectif permet d’aller au-delà des actions de la Confédération Paysanne, en fédérant autour de la thématique des OGM toutes celles et tous ceux qui se sentent concernés par la dangerosité des OGM. Nous fêtons donc cette année les 10 ans du collectif. Des rencontres internationales sont organisées à Bouzy la Forêt dans le Loiret les 20 et 21 juillet à l’occasion des 10 ans du collectif !

– L’Altermondialiste : Quelle est l’actualité des FV d’OGM ?

– Patrice K : des procès encore et encore ! L’internationalisation du mouvement des faucheurs et des libérateurs de champs ! L’actualité encore c’est d’informer, de traquer et d’éradiquer ces nouvelles chimères que sont les plantes « mutées », notamment des colzas, des tournesols (de chez BASF et Pioneer)… les pommes de terre Amflora, des arbres (bouleaux, eucalyptus…). Donc de la vigilance encore et toujours.

 

– L’Altermondialiste : passons maintenant au collectif de Sauvegarde de la zone humide du Testet. Françoise, peux-tu nous rappeler l’histoire de ce collectif ?

– Françoise B : fin 2010, nous apprenons qu’un projet de barrage dans la forêt de Sivens a failli faire l’objet d’une enquête publique. Immédiatement, nous sommes un certain nombre à vouloir en savoir plus en réclamant des documents, pour étudier le dossier pour pouvoir émettre un avis, une position. Ce projet est porté par le Conseil général du Tarn, qui, en 2007, avait donné une concession d’aménagement public à la CACG (Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne) ; de ce fait le Conseil Général affirmait ne pouvoir nous remettre de documents car le projet appartenait désormais à la CACG ! Nous avons donc fait des recherches au sein de nos réseaux, sur Internet… nous nous apercevons alors que l’enjeu se situe au niveau de Midi Pyrénées, à savoir, quelle agriculture va se développer, ou continue de se développer, car cette retenue d’eau collinaire a pour but essentiel (70 %) l’irrigation intensive (2000 m3/ha). Mais les porteurs du projet estiment que c’est pour le soutien au débit d’étiage de la Garonne ! Il existe actuellement 185 retenues collinaires sur le bassin versant. Un des buts de la retenue d’eau est de maintenir de la vie dans le Tescou au cas où il soit asséché, mais ce n’est qu’un prétexte ! Début 2011, un collectif se créait sous l’impulsion de l’association Lisle Environnement (basée à Lisle/Tarn). En juillet 2012, on apprend que le projet va être mis en enquête publique. On pourrait alors avoir un dossier à étudier, puis critiquer. Un collectif d’associations se forme alors regroupant Lisle Environnement, le CEPRA de Rabastens, Nature & Progrès 81, ATTAC 81, l’association Vallée du Gijou, SDN 81 + des citoyens réunit en collège citoyen ce qui leur donne le même poids qu’une association au sein du collectif. Le but de ce collectif était de participer à des débats contradictoires à partir des dossiers. Ce qui n’a jamais eu lieu ! L’objet étant de sauvegarder la zone humide du Testet en tête de bassin du Tescou pour promouvoir la restauration et la réhabilitation de l’ancienne zone humide et valoriser la vitalité écologique et la continuité écologique de la rivière et du bassin. Au-delà de la défense de la zone humide, nous voulions prendre en compte tout le cours d’eau. Le collectif défend l’idée d’une gestion partagée de l’eau du bassin adaptée à la ressource disponible et non destructrice des écosystèmes. Le collectif se place dans une logique de développement durable, c’est-à-dire d’une économie respectueuse de l’environnement et socialement équitable dans une démarche d’intérêt général. Le but est d’associer toutes les couches de la population, pas seulement les agriculteurs ! La population locale (hors population agricole) n’est ni informée ni consultée.

– L’Altermondialiste : Quelle est l’actualité de votre collectif ?

– Françoise B : nous avons participé à l’Enquête publique de septembre à début octobre 2012. La commission d’enquête a donné un avis favorable sous réserve d’avoir un avis favorable du Comité National pour la Protection de la Nature. Le CNPN a donné un avis défavorable en avril 2013. Le Conseil Régional Scientifique pour la Protection du Patrimoine Naturel (CRSPN) avait donné, quant à eux, un avis défavorable en décembre 2012. Le Conseil Général du Tarn a voté en catimini (le 17 mai 2013), en commission permanente, sans que le sujet soit à l’ordre du jour, la demande de déclaration d’intérêt général et d’utilité publique. Les élu-e-s PCF ont refusé de participer à ce vote. La préfète a invité le collectif de Sauvegarde de la zone humide du Testet, l’association Vie au Tescou (qui regroupe des partisans du projet de retenue d’eau, essentiellement des exploitants agricoles), la chambre d’agriculture à une réunion d’échanges. Devant le déséquilibre, nous voulions que la fédération de pêche (très critique sur le bénéfice écologique du barrage) soit présente aussi. Mais cette réunion a été annulée ! Le préfet de région a demandé à Delphine Batho (ministre de l’environnement) de statuer sur ce projet, et de donner un avis par rapport à celui de la CNPN rendu en avril 2013. On verra ce que prendra comme décision la préfète du Tarn. Mais nous sommes décidés à aller jusqu’au bout des recours juridiques. 

– L’Altermondialiste : Avez-vous enregistré des victoires ?

– Françoise B : dans les mobilisations, comme en octobre 2011, où nous nous sommes retrouvées + de 200 personnes mobilisées sur la zone humide. Nous avons su populariser le sujet de retenue d’eau (même des médias télé étaient présents). Une autre victoire, lors de l’enquête publique liée à la modification du PLU où le commissaire enquêteur nous donne raison, en préconisant à la municipalité de ne pas déclasser les bois ! La participation massive à l’enquête publique sur le projet lui-même est aussi une forme de victoire. Bien que toutes les questions posées lors de l’enquête n’ont pas obtenu de réponse de la part de la CACG.   

– L’Altermondialiste : et des défaites ?

– Françoise B : l’avis favorable de la commission d’enquête est une défaite pour nous. Continuer à faire du maïs irrigué avec une évapotranspiration importante alors qu’on parle de réchauffement climatique est une aberration ! Si il y a de l’argent à investir, alors c’est l’occasion d’aider les agriculteurs à amorcer le virage des économies d’énergies, à mettre les 185 retenues collinaires en conformité avec la loi (la France court le risque d’être mise à l’amende).

– L’Altermondialiste : Quels sont les espoirs de ton collectif ?

– Françoise B : continuer à convaincre que ce projet est nuisible, continuer à mobiliser. Ce projet s’inscrit dans les projets inutiles et imposés ! Commencer à fédérer sur ce qui rassemble les collectifs opposés aux projets inutiles, à savoir, s’opposer à une logique économique inadaptée ! Et aller sur le terrain des alternatives !

– L’Altermondialiste : et quelles stratégies pour mener à bien vos espoirs ?

– Françoise B : En menant des actions politiques, des actions citoyennes et des actions juridiques !

– L’Altermondialiste : Merci Françoise.

Bonjour Marylise. Peux-tu nous présenter l’Association Antennes 81.

– Marylise S-J : je représente le collectif Antenne de Rivières et l’Association Antennes 81. Le collectif Antenne de Rivières s’est créé en mai 2010 lorsque la commune et la population de Rivières ont été mises devant le fait accompli de l’installation d’une antenne relais de téléphonie mobile. Plus récemment nous avons fondé le collectif Antennes 81 qui regroupe différentes associations et collectifs du Tarn (tels Robins des Toits 81, le collectif de riverains des antennes relais de Castres, la CEPRA de Rabastens…). Le collectif a pour but d’informer les populations sur les risques des ondes électromagnétiques et de responsabiliser les élu-e-s sur les dangers sanitaires. De nombreuses études de scientifiques indépendants montrent un réel danger des ondes et préconisent un plafond à ne pas dépasser de 0,6 volts/mètre (voire 0,2 v/m comme le préconise le Conseil de l’Europe), sachant qu’en France, nous sommes actuellement à 61 v/m, soit 100 fois plus ! Un autre but du collectif est d’œuvrer pour que les citoyens et les élu-e-s aient leur mot à dire sur les implantations des antennes, car les maires n’ont plus compétence pour décider ou refuser de l’implantation d’une antenne sur leur commune !  

– L’Altermondialiste : quelles sont les actions que mènent votre collectif ?

– Marylise S-J : initialement le collectif Antenne de Rivières menait des actions d’informations auprès des habitants de Rivières, auprès des personnels politiques locaux (maires des communes alentours, des conseillers généraux, le président de la communauté Tarn & Dadou, le Congrès des maires). La mairie de Rivières a voté une motion pour l’installation d’antennes ne dépassant pas 0,6 v/m, envisageant d’aller progressivement vers des antennes ne dépassant pas 0,2 v/m ; cette motion a aussi été voté par des communes voisines (Brens, Gaillac, Giroussens, Briatexte, St Benoît de Carmaux). Le collectif a ensuite tenu des stands d’informations sur des marchés de plein vent, en recueillant des signatures pour une lettre destinée à la ministre de la santé Marisol Touraine. Nous avons co-organisé, avec Robins des Toits, des réunions publiques. Nous distribuons dans les boites aux lettres régulièrement des conseils de protection et des informations. Nous avons aussi écrit aux député-e-s et sénateurs pour appuyer la proposition de loi de Laurence Abeille relative à l’application du principe de précaution aux risques résultant des ondes électromagnétiques. Ensuite, nous essayons de mettre en place une « veille onde », notamment par l’élaboration d’une convention avec le maire de Couffouleux, pour l’utilisation de l’appareil de mesure d’ondes qui a été délivré à la mairie de Couffouleux par le gouvernement dans le cadre du « Grenelle des Ondes ».

– L’Altermondialiste : Avez-vous enregistré des victoires ? Des défaites ?

– Marylise S-J : la mairie de Rivières, quand elle a pris connaissance du projet d’implantation d’une antenne relais, a refusé cette implantation. Elle a été mise au tribunal par SFR qui a gagné ! La c’est une défaite ! Pas trop de victoires encore. Sauf que nous rencontrons de plus en plus de collectifs, on essaie de se regrouper… Nous sommes assez pessimistes, car les antennes « 4 G » arrivent (pour les smartphones…), elles sont encore plus puissantes ! Ça nous semble très compliqué de réclamer des seuils très bas d’émissions d’ondes.  

– Daniel : le combat est très difficile. Dans ce domaine (comme dans le cas du projet sur le Tescou) c’est le pognon qui domine la situation. Nous avons envoyé beaucoup de lettres aux parlementaires. Nous avons bien reçu quelques réponses polies, mais ils n’osent pas trop s’attaquer aux intérêts privés… Par exemple, le président d’un Conseil Général qui est PDG d’une société d’économie mixte qui installe la wifi. Alors… entre gens du même bord, on ne se fait pas trop d’oppositions ! Nos démarches auprès des politiciens n’amènent pas de grands changements, en fait.  

– L’Altermondialiste : pour le collectif des Alternatives à l’Autoroute Catsres-Toulouse, Jean, peux-tu nous remettre dans le contexte ?

– Jean F : le projet de Liaison Autoroutière Castres-Toulouse remonte aux années 1980’. Il réapparaît vers 2005. Des associations et collectifs s’opposent alors à ce projet. Un des plus anciens collectifs est certainement la Coulée verte (qui œuvre autour de Sémalens, Castres). Début 2007, plusieurs associations décident de se regrouper et forment le collectif RN 126. Commencent alors un travail d’éducation populaire, un travail d’expertise en étudiant les dossiers (afin de prouver l’inutilité et les coûts du projet !) et un travail de lobbying. Avec un début de structuration lors du débat public du grand contournement de Toulouse et un gros travail des collectifs et associations lors du Débat Public de 2009/2010. Au cours de ce débat public, n’a pas été posé le sujet des alternatives à l’autoroute, ce que de nombreuses associations et certains groupes politiques réclamaient. N’a été étudié que le projet de la DREAL, c’est-à-dire un projet de liaison autoroutière 2×2 voies entre Castres et Toulouse concédée à un opérateur privé, car l’argent public ne permet pas de réaliser et de gérer cet ouvrage ! Le résultat du débat public était prévisible : le projet de la DREAL a été retenu ! C’est alors que le collectif RN 126 s’est élargi pour devenir un collectif pour les Alternatives à l’autoroute. Dans lequel on retrouve des associations (Lauragais sans autoroute, la Coulée Verte…), des agriculteurs (Confédération Paysanne et même des agriculteurs syndiqués à la FDSEA), des groupes politiques (le PS de la Haute Garonne, EELV 31 et 81, Les Alternatifs 31 et 81, le NPA 31 et 81, le POI 31, le groupe ELAF-FA, le Parti de Gauche) et quelques syndicats (SUD, FSU, la Confédération Paysanne, la CGT Chômeur 81)… à savoir que la majorité des syndicats est pour le projet d’autoroute.

Pour certains, les élections présidentielles et législatives de 2012 étaient une promesse de changement ! Certain-e-s candidat-e-s ont fait des promesses. Et certain-e-s d’eux ont été élu-e-s ! Je pense à Linda Gourjade, députée PS du sud du Tarn. Dans certains discours on pouvait noter des ambiguïtés sur la volonté de préférer une 2×2 voies gratuite à l’autoroute. Actuellement, le gouvernement a mis en place une commission « Mobilité 21 » qui doit examiner un certain nombre de projets (infrastructures routières, ferroviaire…), et les classer en fonction de leur faisabilité et de la nécessité de les réaliser rapidement. Cette commission doit rendre son avis fin juin 2013. Mais on peut espérer que le projet d’autoroute Castres-Toulouse soit repoussé à 2030 ! On note qu’actuellement les « pro-autoroute » font le forcing pour ne pas qu’on les oublie !

– L’Altermondialiste : l’actualité du collectif ?

– Jean F : RN 126 estime être arrivé au bout de son travail d’expertise, et qu’il est temps que des mouvement politiques portent les revendications des alternatives à l’autoroute. EELV 81, Les Alternatifs 81, le NPA du vaurais, le POI, le Parti de Gauche et le PCF 81 ont décidé de commencer à travailler ensemble avec les associations qui le souhaiteraient avant même les résultats de la commission « Mobilité 21 ». Notamment pour envisager les solutions alternatives à mettre en débat (aménagement et sécurisation de la RN 126, réflexions sur les aménagements possibles pour l’entrée de Castres, amélioration du service ferroviaire, développement et amélioration du service des transports en commun, quel développement économique du sud du Tarn…). Il faut encore insister sur les dégâts écologiques que causeraient ces travaux. Continuer à dénoncer les Partenariats Public-Privé (le public paient les travaux, le privé empochent les bénéfices ! Et si il n’y a pas suffisamment de bénéfices le privé demande des subventions d’équilibre aux collectivités territoriales !)

– L’Altermondialiste : passons maintenant au collectif Notre Dame des Landes 81. Bonjour Georges.

– Georges N : le collectif Notre Dame des Landes 81 participe à la lutte contre un aéroport, ce grand projet inutile qui veut s’imposer à Notre Dame des Landes (au nord de Nantes). Le collectif s’est fondé en novembre 2012 à Castres. Nous sommes partis très fort, mais nous constatons une baisse de fréquentation. J’espère que les membres ne pensent pas que c’est gagné d’avance ! Parmi nos actions principales : sensibiliser les populations à la problématique de ce projet, organiser des conférences-débats et des projections de films documentaires, réaliser de tracts, des banderoles… Par exemple, sur Albi, nous avons déployés de grandes banderoles pour appeler les gens à se rendre à Notre Dame des Landes pour la chaîne humaine du 11 mai, et nous avons aussi co-organiser un départ en bus vers Notre Dame des Landes pour cette occasion. Nous essayons de mettre en évidence les dangers de ce projet (écologiques, sociaux…), les coûts, l’inutilité de ce projet.   

– L’Altermondialiste : le collectif a-t-il des victoires et/ou des défaites à son actif ?

– Georges N : la première victoire a été de constituer ce collectif ici dans le Tarn ! Une seconde victoire : les liens que nous créons ici et notamment lors du passage des marcheurs de Nice à Notre Dame des Landes que nous avons fait venir à Gaillac lorsqu’ils étaient à Toulouse (par train), en lien avec le collectif de défense de la zone humide du Testet. La mobilisation d’une quinzaine de tarnais-e-s le 11 mai à Notre Dame des Landes est aussi une victoire du collectif.

– L’Altermondialiste : vos projets immédiats ?

– Georges N : nous allons diffuser, en partenariat avec le collectif SDN 81, le film documentaire « Plogoff, des pierres face aux fusils », sur la grande lutte victorieuse de Plogoff où les habitants ont refusé la construction d’une centrale nucléaire. Lutte victorieuse. Rapidement on comprend l’intérêt de diffuser ce film dans le cadre de la lutte contre le projet d’aéroport de Notre Dame des landes !

– Danièle W : ce qui est intéressant à noter c’est la globalité de nos luttes. Nous retrouvons dans tous ces collectifs des gens qui luttent pour la défense de la nature et des humains. Ça me rappelle la lutte du Larzac. Il me semble important de coordonner nos luttes.

– Jean F : le collectif Notre Dame des Landes 81 est aussi disponible pour projeter des films documentaires en liens avec des collectifs de défense ou de lutte contre un projet, afin de lier les luttes entre elles.

– L’Altermondialiste : des présentations de ces collectifs, peut-on faire ressortir l’intérêt de mutualiser les forces, les moyens d’actions, les stratégies d’actions ? Sommes-nous à même d’analyser quelles sont les actions qui ont fait preuve d’efficacité ? Quels sont les moyens d’action qui ont le plus d’impact, qui présentent le plus d’intérêt ? Quelles sont les stratégies les plus efficaces ? Comment les victoires ont-elles été obtenues ? Quelles sont les actions qui n’ont mené à rien (pour l’instant) ? Répondre à ces questions permettrait peut être d’éviter aux collectifs de perdre du temps dans des actions qui ne donnent pas satisfaction.

– Françoise B : l’idée de marche semble efficace. Peut-être pourrions nous organiser une marche qui relie toutes les zones à défendre reliant ainsi tous les collectifs, toutes les luttes dans le Tarn. Cette marche pourrait mettre en avant une lutte différente chaque jour. C’est vrai que faire en marchant demande de la disponibilité, mais lors de ces marches militantes il se créait beaucoup de liens. C’est une expérience très riche. La dimension de l’accueil des marcheurs est importante, avec soupe populaire, convergence… Une marche c’est une dynamique. 

– Marylise S-J : la question que je me pose est de savoir si nous n’allons pas de nouveau rester entre nous, entre collectifs. Comment faire pour amener des gens de l’extérieur ? Comment informer les gens non encore sensibilisés ? 

– Georges N : nous avons laissé 1 banderole dans un jardin (appartenant à un couple membre du collectif NDDL 81) qui donne sur la rue en plein centre d’Albi. C’est assez visible, des gens s’arrêtent, se questionnent. 

– Jean F : aucun moyen n’est à négliger. Une réunion d’information, la distribution de tracts… ça nous permet de discuter avec des gens. Il faut nous attendre à des réactions irrationnelles telles que « vous êtes contre le progrès ! ». Pour cela il faut être en capacité de proposer certaines alternatives aux projets contre lesquels nous sommes. C’est souvent un combat de longue date. D’autant qu’en face, nous avons une hydre qui possède presque tous les médias !

– Stéphane P : les lettres aux parlementaires ont aussi un impact. Certains d’entre eux posent des questions aux gouvernements. Nos réseaux n’ont pas la force des médias. Il faut être dans les réseaux pour savoir qu’il y a tel ou tel évènement, telle action. Il nous manque les médias qui diffusent nos actions, nos rendez-vous.

– Daniel : les élu-e-s se bougent, et de façon très relative, souvent en fonction de leurs propres intérêts ! Antennes 81 diffusent une feuille d’info mensuelle par Internet. Je suis souvent tenté d’y diffuser des infos sur les autres luttes. Il serait intéressant de créer une feuille d’info par Internet regroupant une ou deux infos de chaque collectif.

– Georges N : le Tarn Infos Citoyen joue un peu ce rôle pour les évènements dans le Tarn.

– Patrice K : et les médias indépendants, comme Confluences 81 et l’Altermondialiste rencontrent des difficultés financières…  

– Jean F : sans pub, c’est très difficile de faire vivre un média papier. Il faut éviter de tomber dans le piège de multiplier le nombre de médias locaux alternatifs. Mais une feuille d’infos Internet avec 1 info importante par collectif semble une bonne idée.

– L’Altermondialiste : l’idée de Françoise de faire une marche, vous semble-t-elle une idée pertinente ? Nous pourrions par exemple relier les collectifs en passant sur les lieux de lutte. Par exemple en partant de Puylaurens contre le projet d’Autoroute Castres-Toulouse, en continuant sur Lavaur contre les OGM, par Ambres, contre les projets de gravières, en allant à St Sulpice contre le projet des Portes du Tarn, puis vers la forêt de Sivens contre le projet de retenue d’eau sur le Tescou, par Gaillac sur le thème des monnaies locales, par Rivières contre les projets d’antennes relais de téléphonie mobile, par Albi avec les villes en Transition, par Alban contre les boues de centrales d’épuration, par St Pierre de Trivisy en soutien avec des éleveurs opposés au puçage, par Montredon Labessonié contre les pesticides, par Réalmont pour le collectif 81 Notre Dame des Landes… ça fait un joli tour des ZAD !

– Stéphane P : l’idée est intéressante. Mais nous sommes tous très pris ! Espérant que ça réunisse de nouvelles personnes qui se mobilisent pour organiser cette marche !

– Wil C : ce type d’évènement est important pour tisser des liens. On apprend à mieux se connaître. À se faire confiance. La place de l’argent et donc du temps que nous perdons à travailler pour en gagner est centrale. D’où l’intérêt de réfléchir aussi aux monnaies sociales, locales…

– Jean F : je ne sais pas si au sein de nos collectifs respectifs tous les membres ont la même compréhension que nous de la globalité des luttes.

– Patrice K : je prends l’exemple des problématiques liées aux antennes relais de téléphonie mobile. Nous vivons dans une schizophrénie hypocrite. Nous sommes presque toutes et tous opposé-e-s d’avoir une antenne à proximité de chez soi ou de l’école de nos enfants. Mais la plupart de nos contemporains ont des téléphones portables dans la poche (moi le premier !), dont certains captent Internet et demandent donc encore plus de puissance de la part des antennes. Les vieux téléphones portables nécessitent des antennes certes, mais plus on augmente la disponibilité des nouveaux téléphones captant Internet, nécessitant la 3 G, la 4 G… plus on aura besoin de nouvelles antennes toujours plus puissantes. La jeune génération se rue sur ces appareils qui sont disponibles quasiment gratuitement. Je considère qu’un appareil à 200 € est comme gratuit car son acheteur ne paie pas les coûts sociaux, écologiques et sanitaires que son téléphone va engendrer. Même si je sais que 200 € ça permet à certaines personnes de survivre quelques jours. Peu de personnes sont en capacité de refuser cette innovation technologique à bas prix ! Le jour où une antenne s’implante devant sa fenêtre, on voit le téléphone (des autres) autrement !

– Wil C : sans parler de la manière dont sont fabriqués et recyclés ces téléphones portables.  

– Stéphane P : la problématique que nous rencontrons vient de la spécialisation que nous avons, et dont nous avons besoin pour être efficace au sein de nos collectifs, mais qui engendre aussi une forme d’ignorance des combats des autres. Nous sommes plus ou moins solidaires, mais en creusant on s’aperçoit de l’impact de chaque problème. Quand on s’en aperçoit, là on devient sensibilisé. Par exemple, le projet d’autoroute dans le sud du département, je ne le connais pas bien. Si nous pouvions renouveler ce style de rencontre, où, à chaque fois, les collectifs expliquent leurs luttes et leur actualité nous permettrait de vivre mieux l’information, de mieux saisir les enjeux. 

– Daniel : il y aura toujours des gens pour bondir sur les nouveaux gadgets. C’est donc à la société de réfléchir à ce qui est utile pour la société et ce qui est superflu. Et de les interdire. 

– Patrice K : serait-ce la preuve de notre incapacité à la responsabilité ? Toujours infantilisé. 

– une participante anonyme : le déni aussi est important. Quand je parle autour de moi et que j’essaie d’informer des dangers du téléphone portable, de la voiture… On me répond souvent « oh ne me parle pas de ça ! ». Beaucoup de gens ne veulent pas savoir !

Patrice K & Wil C

* Les collectifs invités absents sont : Pur Burg contre une unité de traitement de boues d’épuration à Paulinet, Ambres patrimoine contre un projet de Gravière, Le collectif Rieudas opposé au projet de ZAC des portes du Tarn.

Et si nous retroussions nos manches. . .Tous ensemble !

A l’heure où cet article est écrit, nous avons un Premier ministre et un gouvernement tout frais. Nous avons un Premier Ministre, mais ce n’est pas celle que le Nouveau Front Populaire aurait souhaité.

Peut-on ne pas évoquer ici la déception, la désespérance qui s’est emparée de celles et ceux d’entre nous qui ont fait campagne pour le Nouveau Front Populaire, porté.e.s par l’espoir tout autant que par le désir de barrer la route aux forces réactionnaires ou néo-fascistes, à travers un projet de société différente à mettre en œuvre. Peut-on laisser de côté ce sentiment amer « d’avoir été volé.e.s du résultat de cette élection »?

N’est-il pas, tout compte fait, plus intéressant, et plus utile, d’être un groupe d’opposition posant ses critiques, ses propositions et ses exigences que d’avoir un.e Premier.e Ministre (et des ministres) empêtré.e.s dans compromis et compromissions.

L’urgence est-elle de composer un gouvernement pour exercer le pouvoir ou de construire les conditions pour que le peuple soit en mesure et en capacité d’exercer lui-même son pouvoir ? Ce qui pourrait commencer à se faire, par exemple, en mettant en place et en faisant vivre des « assemblées locales du Nouveau Front Populaire », parce que « Le Nouveau Front populaire ne vivra que s’il associe largement à la base citoyen•nes, militant•es associatifs, syndicalistes, politiques de tout le territoire afin de poser les bases d’un fonctionnement démocratique« , comme dit un appel signé par nombre d’entre nous en juin (1)

Combiner un mouvement social à une unité populaire électorale, voilà les éléments structurant un Front Populaire Écologique indispensable pour ramener un espoir dans un pays tétanisé par les guerres et l’exploitation.

Plus que jamais, nous devons apprendre à construire collectivement le pouvoir populaire, l’autogestion et l’entraide. Nous avons besoin de construire un projet de société fondé sur la Seconde Commune écologique et sociale.

Plus que jamais, nous avons besoin d’une société d’entraide qui répare la Nature et en finisse avec les rapports d’exploitation et de domination.

Plus que jamais nous avons besoin de maintenir (ou de recréer ?) cet espoir né en juin, de le faire vivre et fructifier. Transformer l’amertume qui a pu naitre de la déception, qui a pu faire dire, certainement à juste raison, que « voter ne servait à rien », en sentiments positifs, en volonté collective de changements profonds, de transformation radicale des sociétés dans lesquelles nous vivons et agissons.

C’est à ce vaste chantier que PEPS s’attaque. C’est l’objet de notre Congrès, du 27 au 29 septembre à BURLATS (près de Castres)

Un thème central pour cadrer notre réflexion et les actions et expérimentations à mettre en place: « La Seconde Commune », à la fois but à atteindre et chemin à défricher et à parcourir

Voici ce que nous en disons dans un de nos textes préparatoires ; « Nous ne prétendons pas par ce Manifeste proposer un modèle de société clés en main. Nous savons très bien que les contradictions inhérentes à toute société humaine, que l’évolution des technologies, des mentalités continueront à jouer leur rôle. Il n’y a pas de société idéale parce que celle-ci dépend des rapports de forces instaurés par des mouvements sociaux. Nous voulons montrer un chemin, qu’il est possible de tracer les contours d’une démocratie écologiste. Notre projet de société est donc un chantier que nous ouvrons et qui ne se refermera pas car il est à redéfinir en permanence.

Ouvrons des portes sur le futur sans prétendre enfermer celui-ci dans une vision totalitaire »

Nous ne mésestimons pas ici la nécessité de mettre en œuvre les mesures proposées par le NFP, auxquelles nous pourrions ajouter les 10 propositions qui seront actées à Burlats.

Mais, tracer des perspectives pour une société autre, où la crise climatique ne serait plus qu’un lointain « mauvais souvenir », tout comme le racisme, l’exploitation sociale et toutes formes de domination ou d’exploitation, ça a de la gueule, non ?

N’oublions pas que :

Les utopies d’aujourd’hui seront les réalités de demain

A la fin, c’est nous qu’on gagne !

Jean FAUCHE, référent PEPS pour le Tarn

(1) : https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/090724/le-nouveau-front-populaire-doit-vivre