Edito du n°64 de Confluences 81

L’antilibéralisme triomphera-t-il… en 2012 ?

Antilibéralisme : anti = contre.

Libéralisme : à l’origine, doctrine politique ou économique qui défend l’application de la liberté dans la société. Rapidement, cela devient un mode de gestion du capitalisme : le libre jeu de la concurrence (non intervention de l’Etat, cf. « la concurrence libre et non faussée » de feu le Traité Constitutionnel Européen), le marché, la liberté d’entreprendre s’imposent comme prioritaires. Et l’on passe, pour des millions de travailleurs et de chômeurs, à la liberté de la fermer (cf. les lois sécuritaires récentes et de plus en plus nombreuses en France) sous peine de se faire taper sur les doigts… ou plutôt sur la tête !

Anticapitalisme : pour notre part, ce terme nous semble plus clair.

Nous avons suffisamment listé les méfaits du libéralisme ici pour ne pas y revenir. La droite (ultra)libérale est rejetée. Quant à la « gauche » social-libérale (le PS et Ségolène Royal pour faire court), son succès aux dernières élections régionales et européennes, est un succès « faute de mieux », faute de candidat réellement anti-capitaliste sur qui porter ses suffrages. On constate une attente forte de bien des citoyens, d’en finir avec le libéralisme par les luttes sociales (combat contre le CPE par ex.) mais aussi par le vote (résultat du référendum sur le TCE). Après les secousses dans les banlieues fin 2005, l’inscription des jeunes des quartiers sur les listes électorales est un signe à interpréter positivement.

Ainsi donc les 9 et 10 décembre, les antilibéraux se sont réunis (environ 1500 délégué-e-s pour 569 collectifs de base représentés) à l’Ile St Denis (93) pour désigner leur candidat-e à l’élection présidentielle, après avoir adopté une stratégie et un programme unitaires les mois précédents : Marie-Georges Buffet ? Yves Salesse ? Clémentine Autain ? (José Bové et Patrick Braouzec ayant jeté l’éponge depuis peu).

Nous ne reviendrons pas sur des débats pourtant centraux comme celui du mode de désignation de cette candidature (double consensus ou vote majoritaire ?), sur l’opposition entre personnalisation de la campagne et volonté d’en finir avec ce régime présidentiel de la Vème république, sur la nécessité de trouver une candidature qui représente toutes les composantes du rassemblement anti-libéral, mais surtout bien au-delà les électeurs en attente d’un véritable changement.

Après cette réunion nationale qui n’a pas débouché, après le vote des adhérents du PCF le 20 décembre (pas tout à fait 19 % des votants pour le retrait de la candidature MG Buffet, et 81 % pour son maintien), après le maintien par la LCR de la candidature Besancenot (s’il a les 500 parrainages), il s’avère que le jeu –hélas traditionnel !- des partis prend le pas sur le désir de changement de nos concitoyens et que, pour des raisons cocardières et partisanes, leur attente dure encore 5 ans … au moins !

Reste que dans les collectifs de base, des militant-e-s ont appris à se connaître, à travailler en commun. Lorsque tous ces partis et mouvements seront morts –ce qui ne saurait tarder !- alors pourrons-nous créer la (tant attendue) force alternative aux libéralismes aujourd’hui triomphants ?