“Liens entre le projet de barrage de Sivens et la société productiviste, nucléarisée, énergétivore”.  Conférence donnée au Testet, le 25 octobre 2014 :

Bonjour,

Si j’ai intitulé mon sujet « Liens entre le projet de barrage de Sivens et la société productiviste, nucléarisée, énergétivore », c’est que justement je vois des liens entre ce projet absurde qui nous réunit ici, aujourd’hui et la société de prédation, la société productiviste dans laquelle, bon gré mal gré, nous évoluons…

C’est ce que je vais essayer de vous prouver.

Ce projet de barrage réservoir n’a pas une vocation hydro-électrique. Par conséquent on pourrait me rétorquer qu’il est maladroit ou malhonnête de ma part de l’inscrire dans un processus de société énergétivore !

Pourtant, ce projet de barrage a quelques liens avec la société capitaliste-productiviste-consumériste-énergétivore-polluante-destructrice-prédatrice que je dénonce.

Avant d’expliquer ce que j’entends par société productiviste, prédatrice, destructrice… je vais l’illustrer par un exemple : le 14 octobre de cette année 2014, la Fédération Nationale des Travaux Publics organisait un rassemblement devant l’Assemblée Nationale à Paris et devant toutes les préfectures de France pour encourager l’État et les collectivités à investir dans des Travaux Publics sous prétexte que ces entreprises voient leur chiffre d’affaire en baisse de 25 % depuis 7 ans et ont du se séparer de 30 000 salarié-e-s. Pour leur faire plaisir, l’État et les Collectivités vont entreprendre des travaux, pas forcément nécessaires, pas forcément utiles (mais pour la plupart destructeurs et nuisibles), pour permettre à ces entreprises de s’enrichir et de maintenir des emplois. Je trouve qu’il serait plus simple de leur donner directement l’argent qu’ils réclament, sans passer par des travaux nuisibles et destructeurs… Puisque l’argent semble présent pour entreprendre ces travaux autant le leur donner !   

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On pourrait remonter à l’origine de l’organisation des sociétés humaines sédentarisées pour définir ce type d’organisation sociale.

Je vais juste faire référence au système qui se met en place à partir de ce que des économistes et des historiens ont appelé « Révolution Industrielle » dès le XIX ° siècle »… Révolution ou processus évolutif, cela nous importe peu…

Il s’agit en tout cas d’un système qui a un impact considérable en faisant passer des sociétés à dominance agraire et artisanale à des sociétés commerçantes et industrielles.

La société productiviste est une société de consommation. La consommation (que celle-ci soit destinée à combler des besoins essentiels ou à satisfaire des envies) nécessite des formes de production.

Parmi les formes de productions existantes, celle qui permet de centraliser entre les mains d’un petit nombre d’individus le maximum de richesses sera considérée comme la plus pertinente. Aussi, celles permettant le maximum de bénéfices seront privilégiées : c’est à dire, celles correspondantes à des organisations scientifiques du travail, théorisées et mises en pratique par exemple dans les abattoirs de Chicago (dès 1865), puis par Taylor (1880), ou Henry Ford (1908)…

Taylorisme : analyse détaillée et rigoureuse des modes et techniques de production (gestes, rythmes, cadences…) + établissement de la « meilleure façon » de produire (définir, délimiter et séquencer les tâches…) + fixation de conditions de rémunération plus motivantes pour les employé-e-s.

La production ainsi augmentée, il faut trouver des débouchés ! La publicité permettra de créer des envies… considérées comme de nouveaux besoins (notamment pour écouler les surplus produits) !

Pour certaines personnes, le productivisme va avec l’idée de progrès. Tout comme la productivité qui permet de produire le même nombre de produits, la même quantité de matière désirée dans un laps de temps plus court. Ces gains de productivité, c’est-à-dire cette disponibilité de temps permis par la technique et la rationalisation des tâches exécutées auraient pu être consacrés à du temps libre. Ce fut un peu le cas. Mais pas de façon proportionnelle aux gains obtenus.

Exemple : en 1880, 1 tisserand français produisait 15 à 18 mètres de tissus par jour. En 1903, il peut en produire 35 à 40 mètres. Soit le double. Est-ce que son salaire est multiplié par deux ? NON ! Est-ce que son temps de travail a été divisé par 2 ? NON ! Il produit + de biens, ce qui fait + de bénéfices pour l’entreprise et le patron. Ce qui fait + de produits disponibles sur le marché… Donc il faut développer la consommation pour vendre le surplus produit = le consumérisme ! Ce système est de fait producteur de gaspillages, mais aussi évidement de prédation des matières premières qu’il doit transformer pour produire des objets finis. Et je ne parle même pas des conditions sociales de travail !

Ce système productiviste et consumériste n’a été permis que grâce à 3 éléments principaux :

1)- la disponibilité en énergie (vent pour la marine à voile, bois, charbon, pétrole…)

2)- une main d’œuvre corvéable et exploitable

3)- l’absence de scrupule quant à l’exploitation des ressources naturelles, de la faune et de la flore. L’absence de scrupule quant à l’exploitation de la main d’œuvre !

Une anecdote qui illustrera ce système absurde : le calcul du Produit Intérieur brut (PIB) : qui est l’indicateur dans lequel apparaît la valeur totale de la production de richesses effectuée par les agents économiques résidant à l’intérieur d’un territoire, si je me réfère à sa définition… Dans cet indicateur, on trouve aussi bien les rentrés d’argent liées aux accidents de la route, aux effets des catastrophes, aux produits des déboisements, à l’occupation des chambres d’hôpital, à la vente de médicaments, à la vente d’armes, à la vente de hamburgers Mc Do et de bouteilles de Coca-cola, ou de cercueils, la construction de prison comme celle de maternité, la consommation de kilowatts d’origine nucléaire comme ceux d’origine photovoltaïque, du gazoil et du vin, d’heures de télévision permettant le lessivage des cerveau ou les ventes de CD de Johnny Hallyday ou de Georges Brassens, tout comme les ventes des livres d’Eric Zemmour, de Piotr Kropotkin, de Michel Tarrier ou de Bernard Charbonneau… Bref tout ce qui s’échange contre de l’argent !

Pour résumer, le productivisme laisse penser que l’accumulation des biens matériels contribue à accroître le bonheur. Il tente de faire des parallèles entre croissance et développement ; changement et progrès ; consommation et niveau de vie.

Pour simplifier, ce système est la recherche du maximum de productivité et de profits à tout prix !

Si pour Marx ou d’autres, la production a pour but la satisfaction des besoins des humains, on voit bien que le productivisme se moque des besoins des humains ! Ce système est à la recherche des profits maximum… qu’importent alors, pour lui, les conséquences ! Ce système pose la production, et la consommation, donc l’économisme, comme finalité de l’humanité.

L’économie n’est plus l’activité consistant à produire, échanger, distribuer… mais elle devient l’entité pour laquelle toute la nature (et donc les humains aussi) devient marchandable, échangeable, exploitable, destructible, saignable… pour les profits de quelques-uns…

En plus d’avoir des conséquences écologiques et sociales, le productivisme a une conséquence « anthropologique » ! Il déstructure l’humain. Il en fait tantôt un producteur stakhanoviste, tantôt un consommateur insatiable. Avec tous les conflits qui découleront de la domination de ce système sur d’autres, plus respectueux, tournés vers le respect de la nature, des écosystèmes, des ressources, des générations futures… et présentes !
Le système productiviste est obligé de se protéger par des forces armées.


Dans ce type de système sociétal, l’individu n’a de place que si il est producteur ou consommateur, ou les 2 à la fois ! Alors que pour les anti-productivistes l’autolimitation de la consommation est nécessaire et urgente et l’être humain ne doit pas se limiter à sa composante économique.

Selon la théorie de la Consommation (ou de la Rivalité) Ostentatoire développée par Thorstein Veblen (1857-1929 USA), consommer ne vise plus à satisfaire des besoins élémentaires, mais des envies, des désirs, des pulsions (savamment entretenues par la pub et la société du spectacle). Chaque classe sociale ou groupes d’individus veut avoir accès aux mêmes possibilités que le groupe social qui lui est économiquement et socialement supérieur… Course à la surenchère… au gaspillage, au pillage des ressources.

Ainsi, un chercheur en Anthropologie comme Timothy Jones estime que dans les pays riches 50 % de la production alimentaire se retrouvent dans les poubelles. Ces produits alimentaires ont nécessité environ 25 % de l’eau consommée ainsi que 300 millions de barils de pétrole pour les seuls États Unis !

Une étude britannique récente estime que si le Royaume Uni met un terme au gaspillage alimentaire (emballage compris), il évitera la production de 15 millions de tonnes de dioxyde de carbone (un des gaz à effet de serre) par an. 

Nous vivons une ère d’accélération du changement climatique, nous subissons une crise énergétique, les écosystèmes souffrent, les ressources naturelles s’épuisent, la sur-pêche menace les animaux aquatiques, la plupart des grands mammifères disparaissent, l’air est presque partout vicié, les eaux et les sols sont contaminés, la déforestation est bien réelle, la désertification aussi… À croire que les décideurs ont envie de voir de leurs yeux la catastrophe finale !

Il faudra bien un jour s’affranchir de l’impérialisme économique. Qu’on l’appelle capitaliste ou autre…

Au lieu de regarder de façon systémique, c’est-à-dire dans la globalité du système ce qui ne fonctionne pas, on va tenter de résorber les problèmes par touches ponctuelles : aux problèmes de faim dans le monde, des ingénieurs vont prétendre que les OGM apporteront la réponse. Aux problèmes d’énergie, le système va dire qu’il faut encore plus de centrales nucléaires, de barrages Hydro-électriques en Amazonie ou sur le Yian-Tseu-Kiang… aux problèmes de mortalité infantile on va encourager les natalités ou les vaccins… Sans oser regarder en face que la faim dans le monde est liée à un système de spéculation, de distribution, de propriétés privées, d’accès aux ressources et de pénuries organisées… Aux problèmes d’énergie on n’osera pas regarder le fait qu’on est encouragé à la gaspiller sans réfléchir aux besoins réels (produire des salades en Hollande pour les faire venir en Italie alors qu’en même temps des salades d’Italie sont consommées au Danemark)… Et à la mortalité infantile, la santé des mères ne sera pas prise en considération, ni l’état de délabrement des maternités ou la présence de maladies endémiques que nous avons les moyens d’éradiquer mais qui servent au système…

Pour lutter contre la pauvreté, certains s’en prennent aux pauvres, pour lutter contre le proxénétisme, on s’en prendra aux prostituées : c’est le même principe !

Leurs erreurs vont inévitablement entraîner d’autres maux, d’autres problèmes. Pas de soucis : une commission d’experts sera mandatée afin d’apporter une solution pour essayer d’apporter une fausse solution : à tel endroit on assèche les marais pour construire des habitations : ainsi on détruit les lieux de ponte des batraciens. Et on s’aperçoit que la zone devient grouillantes de moustiques : on pulvérise par avion des insecticides… on cause des allergies respiratoires… et on développe de nouveaux médicaments pour aider les bronches à s’adapter, tout en testant de nouveaux produits moins toxiques pour les bronches ! Et de fait la croissance et le PIB se gonflent ! Et des emplois sont assurés !

Certains pensent, ou donnent l’impression de penser, qu’on peut continuer à produire en s’affranchissant des contraintes physiques de la nature… ce qu’on nomme « la donne écologique ».

Si les élites, les décideurs, les entrepreneurs admettent l’erreur du système productiviste qui les nourrit, ils admettent de fait leurs propres erreurs, leurs responsabilités et ainsi leur inutilité (ou leur dangerosité). De fait, ils sont obligés de continuer de foncer droit dans le mur… À moins que nous ne décidions de nous passer d’eux et d’auto-organiser la société dans le respect des écosystèmes dans lesquels nous devons savoir reprendre une place la moins nuisible possible ! Transition ou Révolution… Faudrait s’y mettre au lieu de repousser…

Les liens que je vois entre ce système et ce projet de barrage :

– Le système productiviste mène une artificialisation du monde : notamment par la modification de l’aspect naturel, par l’aménagement anthropique, mais aussi et surtout par le bétonnage et le bitume… On considère qu’en France, chaque heure, 10 ha de terres agricole ou forestières sont artificialisées. Soit l’équivalent de la surface d’un département moyen tous les 8 ans !

Ce barrage s’inscrit dans cette artificialisation de la nature.

– Le système productiviste veut donner l’impression qu’il se préoccupe d’écologie en récupérant ses thématiques. Par exemple, il artificialise la nature et en échange propose de créer des zones de compensation écologiques hors-sol ! (Depuis la loi sur la Nature de 1976, les destructions sont admises et reconnues mais il faut en échange de ces destructions et de ces pillages réparer ailleurs les erreurs et abomination commises ici !) Les technocrates et autres hypocrites veulent nous faire croire qu’ils sont en capacité de recréer des biotopes pour « compenser » ceux qu’ils ont détruit !

Ce barrage s’inscrit dans ce déni des réalités écologiques.

– Le système productiviste et capitaliste est un système globalisant : tout doit pouvoir à un moment ou à un autre appartenir à quelqu’un et devenir marchand afin de créer de la « richesse » comptable, capitalisable.

Ce barrage s’inscrit dans une globalisation de l’espace privatisé. – Le système productiviste est croissanciste. Il court derrière une croissance économique qui ne correspond qu’à des indices économiques et non pas à des besoins. Une pensée magique entretient le dogme que la croissance a la vertu de créer des emplois et du bonheur collectif. Suivant les théories de John Keynes et de Roosvlet, en période de crise, il est important que les collectivités investissent dans de grands travaux d’infrastructures pour maintenir des emplois !… Et en ces temps où de nombreuses personnes se retrouvent stigmatisées parce que au chômage, je serai mal venu de les écarter de la course au pouvoir d’achat et de la participation à croissance de la consommation ! Ainsi on voit une prolifération de projets inutiles et nuisibles : aéroports de NDDL, lignes Grande Vitesse Limoges-Poitiers, LGV Bordeaux-Tours, LGV Bordeaux-Toulouse, LGV Turin-Lyon, un hyper-incinérateur en Charente Maritime, un Stade de foot à Lyon, des centrales Nucléaires EPR (réacteur à eau pressurisée) dans la Manche à Flamanville ou à Penly en Seine Maritime, des projets totalement mégalo tels que le surgénérateur ASTRID à Marcoule (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration prototype de réacteur rapide refroidi au sodium du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives sur le site nucléaire de Marcoule. Suite aux réacteurs expérimentaux Rapsodie, Phénix et Superphénix. Le CEA a pour ambition de permettre d’évaluer la capacité des réacteurs à neutrons rapides à incinérer les isotopes du plutonium), ITER à Cadarache dans les Bouches du Rhône (Réacteur thermonucléaire expérimental international. Machine expérimentale visant à démontrer la faisabilité d’un réacteur nucléaire utilisant le principe de la fusion.), un centre d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, des projets d’autoroutes Marseille-Grenoble, Castres-Toulouse, des Lignes THT dans l’Ouest de la France, des projets de méga-hypermarchés (tel les Porte de Gascogne en région toulousaine…), de zones commerciales inutiles (Portes du Tarn…), ferme des 1000 vaches à Ramery… j’en oublie forcément…

Ce barrage s’inscrit dans cette vision croissanciste de l’économie.

– Le système productiviste est élitiste et anti-démocratique : des élu-e-s politiques sont sollicités par des « porteurs de projets », des technocrates et des chefs d’entreprises qui ont besoin de travaux pour faire des bénéfices ! Les Enquêtes publiques et autres consultations citoyennes sont là (et encore pas toujours) pour tenter de donner une coloration démocratique à des décisions qui sont prises au sein de sphères où le peuple n’a pas son mot à dire ! TOUS ces projets soulèvent de l’indignation populaire À LAQUELLE LES POUVOIRS EN PLACE RÉPONDENT PAR LE MÉPRIS OU LA VIOLENCE !

Ce barrage s’inscrit dans l’opacité et le déni démocratique.

– Le système productiviste est « scientiste » : il veut nous persuader que la science est forcément du côté du bien et que s’opposer aux projets apportant un prétendu progrès est de l’obscurantisme ! Ainsi s’impose la parole d’experts qui prétendent savoir !

Ce barrage s’inscrit dans une vision scientiste de la société.

– le système productiviste vise la privatisation de l’espace public. Les biens communs, les biens publics sont gérés ou le deviennent par des entreprises privées ! L’eau, bien commun par excellence, est gérée par des entreprises privées.

 Ce barrage s’inscrit bien dans la privatisation des biens communs. 

Oui, ce barrage correspond à cette société productiviste-énergétivore que je dénonce :

– toujours plus d’eau pour produire toujours plus de maïs (plante qui n’est pas adaptée ni à ce climat, ni à nos besoins)

– toujours plus d’argent public pour une agriculture inadaptée et vivant sous perfusions subventionnées

– toujours plus d’eau pour refroidir les réacteurs de Golfech

– toujours + d’eau pour diluer les pollutions au lieu d’éviter de produire ces pollutions

– et probablement toujours plus de détournements d’argent public pour des intérêts privés…

Dans son utilisation même, ce barrage s’inscrit dans ce système : sa raison d’être est la preuve de l’incapacité de la société à vivre au sein de son environnement sans chercher à tout prix à le modifier au profit de quelques-uns.

  • l’agriculture destinée à bénéficier de cette eau stockée est une agriculture qui a apporté les preuves de ses nuisances. Tant écologique (utilisation de pesticides, d’intrants de synthèse, utilisation de matériels lourds abîmant les sols…), qu’économique et sociale (élimination progressive des petits paysans).
  • le soutien au débit d’étiage. En hydrologie, l’étiage est la période de l’année où le niveau d’un cours d’eau atteint son point le plus bas (basses eaux). Souvent du à une forte sécheresse prolongée, qui peut être aggravée par les pompages agricoles pour l’irrigation. De plus, lors de la période d’étiage, les pollutions peuvent être + importantes à cause des polluants qui se retrouvent concentrés dans moins d’eau ! Le manque d’oxygène est aussi un des risques lors de la période d’étiage, certaines espèces y sont sensibles…

Au lieu de réfléchir à éviter les pollutions, les technocrates, les décideurs politiques et les ingénieurs choisissent des solutions techniques : comme les centrales d’épuration ou les barrage pour soutien d’étiage !  

Lien possible avec la centrale nucléaire de Golfech :

Les 2 réacteurs de la centrale nucléaire de Golfech prélèvent dans la Garonne environ 220 millions de m3 par an et leurs tours de refroidissement en évaporent 40 millions de m3.
Les centrales nucléaires et l’irrigation des grandes cultures (maïs principalement) entraînent ainsi la diminution de la ressource en eau des bassins versants.

Ce barrage du Testet est prévu pour stocker 1,5 million de m3 d’eau.

Selon certaines sources, ces 1,5 millions de m3 d’eau permettraient d’assurer entre 3 et 5 jours d’alimentation à la centrale nucléaire de Golfech.

Pour l’étiage total, Edf prétend que 5 m3/s permettent de mettre en sécurité le refroidissement des 2 réacteurs arrêtés (5 m3/s  x  3600 s  x 24 h = 432 000 m3/jour. Selon ce calcul, les 1,5 millions de m3 de réserve de Sivens permettraient 3 jours ½ de sécurité… (et je cite mes amis Marc Saint-Aroman et Henry Chevalier « (…) quand une catastrophe est imminente ce talon de flotte reste un atout majeur ! (…) »

Si on replace de façon + globale ce barrage dans l’organisation du bassin Adour-Garonne, on s’aperçoit qu’il rajoute ses 1,5 million de m3 au 78 millions de m3 de capacité stockable sur la Garonne en amont de Golfech… Ce qui n’est pas négligeable…

On peut et on doit continuer à espérer : assez proche de nous, 2 projets de grands barrages ont été annulés… En 1988, celui proche de Vabre qui aurait noyé 3 hameaux, (60 millions de m3) sur le Gijou et celui de Laurélie sur le Viaur (50 millions de m3)… 

Ce ne sont pas les ZAD qui manquent ! Puisque la Terre elle-même est une ZAD ! Pour finir, un petit clin d’œil à Ivan Illich (1926-2002 Autriche), avec un de ses propos lu dans son ouvrage « La Convivialité » (1973) : Ivan Illich est  l’inventeur du concept de monopole radical (lorsqu’un moyen technique est ou semble trop efficace, il crée un monopole et empêche l’accès aux moyens plus lents, comme les autoroutes vis-à-vis de la marche à pied par exemple).

« (…) Au stade avancé de la production de masse, la société produit sa propre destruction. La nature est dénaturée. L’humain déraciné (…) ».

Parfois, même les technocrates admettent :

Dominique Dront & Michel Cohen de Laran (de la Cellule de prospective et stratégie) dans un rapport remis au gouvernement en 1995, intitulé « Pour une politique soutenable des transports » estiment que dire que des entreprises vont venir s’installer ou se créer dans les zones traversées par de nouvelles « infrastructures routières relèvent plus du slogan que de la réalité » ! Cette folie des grandeurs semble pourtant participer des mêmes recettes qui nous ont mené dans les impasses dans lesquelles se trouve le système