A l’heure où ces lignes sont écrites, des centaines de personnes se rassemblent partout en France pour exprimer leur indignation après le meurtre en pleine rue de Clément MERIC et pour dire leur refus du fascisme.
Le choix de consacrer notre dossier central à « la montée des extrêmes droites en Europe » est largement antérieur à cette actualité.
Ce dossier pointe du doigt quelques uns des dangers qui nous guettent et tente d’en repérer quelques unes des causes. En contre-point, l’article sur Marx DORMOY (après ceux sur Jean ZAY et sur MANDEL) donne un éclairage historique à son contenu.
Il ne s’agit pas de « crier au loup », mais de comprendre ce qui produit ce phénomène, ce qui provoque son développement, à quoi il sert (ou, plutôt, quels intérêts il sert), comment le combattre. Faut-il s’étonner de telles résurgences dans un pays où, durant ces dernières années, le Code du travail a été systématiquement mis à mal, où les fondements de la Solidarité nationale sont sapés régulièrement, où les expulsions d’étrangers se sont multipliées, -le plus souvent dans l’indifférence quasi générale -, et où ces politiques continuent sous un gouvernement qui se prétend socialiste. Gouvernement sous lequel se développent les comportements homophobes, les agressions de femmes voilées ou, plus généralement les agressions et propos « islamophobes »… Ces politiques sont soutenues par une présentation faussement bénigne et rassurante des médias à la botte, capables par exemple de transformer une “agression fasciste” en “rixe entre partisans de l’extrême droite et partisans de l’extrême gauche”.
Une campagne d’Education Populaire est plus que jamais nécessaire, pour montrer que les adeptes de l’extrême droite sont de « faux amis », porteurs de réponses inappropriées et « piégeuses » aux maux dont souffre notre planète.
Il s’agit surtout de construire des réponses, de proposer de réelles alternatives aux crises qui secouent la planète. Réponses de classe, nécessairement. Réponses mobilisatrices, permettant de rêver ensemble un autre avenir. La démarche autogestionnaire que nous défendons, nous paraît être un des moyens permettant de bâtir ces réponses. C’est celle qui s’expérimente dans certains coins d’Amérique Latine, mais aussi en Grèce, en Espagne ou au Portugal, par exemple. C’est celle à laquelle le Collectif Marinaleda 81 consacre chaque année une journée de réflexion publique au mois de septembre (nous en reparlerons dans le prochain numéro).