Edito du n°84 de Confluences 81

Contribution(1) au débat

Il serait faux de croire que l’abstention sanctionne uniquement la dispersion des listes « à gauche ». Elle touche aussi la droite et l’ensemble du système électoral. L’évidence, c’est que nos représentants élus ne représentent plus grand monde ! Comment contester leur légitimité, puisqu’ils ont été « démocratiquement » élus ?

1- Organiser «le grand soir» révolutionnaire où nous pourrions enfin changer la société ? Le système est bien armé et ne le tolèrera pas. Multiplier les mouvements de rue ? Comment éviter qu’ils ne finissent en émeutes sanglantes, sauvagement (et légalement !) réprimées par les «forces de l’ordre» au service de ce même système ? Impulser un «mouvement social» puissant emportant tout sur son passage ? Comment ne pas se heurter au constat que, seul, il n’aboutit à rien ? Les millions de citoyen-ne-s qui ont arpenté les rues au printemps 2009 ont-ils obtenu quoi que ce soit ?

2- Montrer par l’exemple concret qu’une société alternative est possible ? Les AMAP progressent, des consommateurs se rassemblent dans des groupements d’achat, des coopératives renaissent, des banques « solidaires » se créent, des tentatives diverses pour « vivre autrement » se mettent en place un peu partout à grâce à de valeureux pionniers ! Il faut les encourager, et, mieux, participer à leurs initiatives. Mais peut-on garder l’illusion que la multiplication – fût-elle possible – de ces expériences sera à même de mettre à bas le système capitaliste ?
3- Exprimer par le vote le souhait de changer de société ? Dans le système actuel, les citoyen-ne-s n’ont eu, à aucun moment, le « sentiment » d’avoir été associés à la prise de décision. Les médias ont-ils fini par imposer l’image du « politicien professionnel », celui qui est « compétent » ou qui s’appuie sur des « experts » performants2 ? Si les citoyen-ne-s ne peuvent discuter, amender, faire leurs les mesures à prendre, comment éviter leur indifférence et/ou le rejet de celles-ci par le « peuple » ? Seule la technocratie gouverne, le peuple n’est là que pour battre des mains aux jeux du cirque politique que nous présentent complaisamment les médias ! Et qu’il vote ou pas, le peuple, cela n’a aucune importance, cela n’entame pas la légitimité de nos élu-e-s !
Y aurait-il un système électoral moins mauvais ? Comme en Suisse, faudrait-il obliger les citoyen-ne-s à voter ? Sous peine de perdre quelques droits ?
Encore cette solution « technique » n’aurait-elle de sens que si, en même temps et entre autres mesures :

  • tous les scrutins deviennent des scrutins de listes (et non plus uninominaux à un ou deux tours), afin de combattre la personnalisation et le vedettariat ;
  • ces listes sont obligatoirement paritaires (une femme + un homme ou inversement) ou alors cesser de fêter le 8 mars ;
  • les résidents étrangers, quels qu’ils soient, ont le droit de voter à tous les scrutins, ou alors cesser de parler «d’intégration»  ;
  • la proportionnelle intégrale est introduite à tous les scrutins, afin – entre autres – de combattre le bi-partisme ;
  • le non cumul des mandats est instauré, avec un statut de l’élu permettant une représentation plus large de la société française et notamment des classes sociales actuellement sous représentées ;
  • le vote blanc est reconnu comme l’expression d’une opinion et donc comptabilisé. Ce dernier point supposerait que les assemblées élues soient amputées d’un nombre de représentants égal au pourcentage de voix « blanches » !

Nous ne pensons pas que, seule, une des pistes évoquées plus haut, soit à même de changer la société. Mais en les combinant, qui sait si … ? Ou alors cessons de faire de la politique !

Les Alternatifs du Tarn

1 Envoyée à l’exécutif national des Alternatifs pour transmission à la coordination générale des 3 et 4 avril à Paris et publiée dans Rouge et Vert n°306 du 8 avril 2010
2 pour la performance, il suffit de constater l’état de notre société capitaliste !