Zapatistas et voyage pour la vie

27 ans après le soulèvement …

Dessin de Posada

Le 1er janvier 1994, quelques milliers d’hommes et de femmes des peuples mayas pauvrement armé.e.s, l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN), occupaient plusieurs villes du Chiapas, état du sud du Mexique et déclaraient la guerre au gouvernement et à l’armée mexicaine :

Les zapatistes exigeaient la démocratie, la reconnaissance des peuples indigènes et de leur droit à l’autodétermination, la dignité, la justice, la liberté, des droits élémentaires pour les indigènes du Chiapas, pour tous les Mexicains et mexicaines, tels que le droit à la terre, à l’éducation, à la santé, à l’alimentation …

« Nous sommes le produit de 500 ans de lutte … mais aujourd’hui, nous disons : Ya Basta !Ça suffit ! »

Les indigènes se sont fait soldats pour qu’il n’y ait plus besoin de soldats. Ils ont enfilé un passe-montagne pour cacher leur visage et ainsi représenter tous les visages, les sans voix de toujours.

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Appel conjoint pour le 15 août

PASSE- MONTAGNE POUR UN MONDE SANS FRONTIÈRES

Posada Fruit de saison

Des deux côtés des Pyrénées, nous attendons avec impatience l’arrivée d’une délégation de représentant.es des zapatistes, du Conseil national indigène et du Front populaire pour la défense de la terre et de l’eau de Morelos, Puebla et Tlaxcala, venu.es du Mexique pour un VOYAGE POUR LA VIE qu’ils veulent entreprendre dans le monde entier, en commençant par l’Europe, à la rencontre des peuples et de leurs luttes.

Depuis le soulèvement armé de 1994 dans l’État du Chiapas (sud du Mexique), les zapatistes construisent la dignité du peuple, expérimentent une autre manière de s’organiser et de gérer leurs territoires autonomes, en opposition aux projets de l’État fédéral, du néocolonialisme et de l’hydre du néolibéralisme. 

Une première délégation est venue en bateau et a débarqué au port de Vigo à la fin du mois de juin. Le reste de la délégation (près de 200 personnes) devait arriver quelques semaines plus tard, mais c’était sans compter tous les obstacles inventés par les gouvernements pour entraver la circulation des personnes, et plus encore en ces temps de pandémie. 

Cela donne encore plus de sens à la marche que nous avons prévue, à l’occasion de la visite de la délégation, à la frontière franco-espagnole, au sommet des Pyrénées.

Les Pyrénées ont toujours été un lieu de vie, d’échange et de passage, d’une région à l’autre et d’un pays à l’autre, à la recherche de travail ou de sécurité : dans l’histoire récente, bien des réfugié.es fuyant l’Europe hitlérienne sont passé.es par là, tandis que quelques années auparavant et bien des années après, ceux et celles qui fuyaient l’Espagne franquiste ont pris les mêmes routes. Aujourd’hui, c’est toujours un passage important sur les routes de la migration.

En organisant cette marche, nous voulons renouer avec cette tradition pyrénéenne de soutien aux victimes de persécution et de frontières ouvertes pour les populations transfrontalières. Nous voulons réaffirmer notre attachement à la liberté de circulation pour toutes et tous, à l’ouverture des frontières et à l’accueil chaleureux de toute personne étrangère, à la recherche de paix, sécurité ou de moyens de subsistance. Ce sera aussi l’occasion d’exiger que la délégation zapatiste, déjà attendue par des centaines de collectifs et des milliers de personnes à travers l’Europe, soit autorisée à passer. 

Le 14 août après-midi: visite du musée de la Poche de Bielsa en mémoire de la résistance héroïque des républicains contre l’armée franquiste, qui s’est terminée par l’exode de quelque 5000 républicains.

LE DIMANCHE 15 AOUT, NOUS NOUS RENCONTRONS AU PARKING DU TUNNEL DE BIELSA-ARAGNOUET(côté espagnol et côté français) à 9 heures pour monter des deux côtés jusqu’au Puerto de Bielsa (2 heures environ) pour une rencontre politico-festive au sommet.

Le matin du 16 août, visite du camp d’internement du Vernet (Ariège).

OUVRONS LES FRONTIÈRES ! LIBERTÉ DE CIRCULATION POUR TOUTES ET TOUS ! Le collectif aragonais et la Coordination du Sud-Ouest de la France d’accueil des Zapatistes 

Aussillon : danse

LA RUÉE DES FORMES COURTES, DANSÉES, À PARTAGER…   Mercredi 18 août à partir de 17h en espace public à AUSSILLON (81) dans le cadre des “Quartiers d’Eté” Six pièces courtes écrites pour l’extérieur, qui nous appellent à gouter l’instant, à retrouver la saveur du vivant et viennent nous rappeler, aujourd’hui, où est notre essentiel : se relier.
>> Du lien par l’énergie du désir d’être ensemble, s’organisant autour d’une danse « tribale » qui porte et transporte. (RUEE#1MAKE STOMP)
>> Du lien par l’intimité de deux corps se cherchant maladroitement qui se retrouvent enfin, dans la relation charnelle de portés singuliers. (RUEE#2ENCORE TOI)
>> Du lien par le plaisir de courses poursuites créant la connivence d’un duo joueur. (RUEE#3SEA SIDE)
>> Du lien par l’humour conduisant deux « catcheurs amoureux » à un rapprochement inattendu. (RUEE#4TOMBER EN AMOUR)
>> Du lien par la rage qui habite trois femmes défendant puissamment leur liberté. (RUEE#5SANG)
>> Du lien par l’évidence d’une danse simple, directe et sensible, au cœur de la cité, pour celles et ceux qui comme nous, rêvent le monde d’après… (RUEE#6PREMIER) Conception et chorégraphie : Olivier NEVEJANS.
Interprètes : Lucien BRABEC, Claire CAUQUIL, Léa DARRAULT, Marie-Pierre GENARD, Nelly HYVERT, Olivier NEVEJANS, Violette VINEL. Musique : Simon PORTEFAIX / Jean-Denis RIVALEAU. Production, soutien et partenariat : Les Âmes Fauves, Gare Aux Artistes, le département de Haute Garonne, Casino-Théâtre de Cauterets, le Frigo (Albi), la ville de Tournefeuille, la ville de Aussillon, ADDA du Tarn PLUS d’INFOS*  

Analyse radicale de l’imposture politique

Dessin d’Alain Guillemot

Abstentionnisme record

Le dégoût et l’abstentionnisme record des dernières élections départementales et régionales, et le constat désabusé fait par beaucoup qu’ « il n’y a plus ni gauche ni droite », sont signifiants en ce qu’ils viennent dévoiler un grand mensonge civilisationnel : oui, en effet, le vote ne fait pas ce qu’il dit et ne sert pas à ce qu’il dit servir, et oui, « il n’y a plus ni gauche ni droite » pouvant aujourd’hui ne serait-ce qu’infléchir la course d’un monde intégralement indexé sur la valeur d’échange, totalement phagocyté par la loi de la marchandise.

« Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes » disaient Marx et Engels. Parce que la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituellement, deviennent toujours dominants, évidents et presque « naturels », les concepts qui permettent d’asseoir la domination. Que penser alors de l’idée si populaire, quasi-naturelle et jamais questionnée, selon laquelle la politique et l’état démocratique pourront créer un monde humain ?

L’État, la politique, la décomposition de la communauté humaine et la domestication

Aujourd’hui, et comme pendant de nombreux siècles, pour beaucoup de gens il y a toujours eu l’état, et il y en aura toujours. Mais sur toute la temporalité où il y a eu des Hommes, il n’y a pas eu des Etats, ou il n’y a pas toujours eu “l’Etat”. Il n’y a pas d’état au paléolithique ; son principe apparaît avec le néolithique.

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Débat sur le Zapatisme

Emiliano Zapata

Le phénomène zapatiste comme manifestation typique de la civilisation du capital contemporaine :

un mouvement qui dénonce l’oppression anti-vie du capital, et partiellement rattrapé par lui

Le Zapatisme rejette les logiques mercantilistes du capitalisme et prône une vie simple.

Mais il n’a pas compris que tant que le Capital a un devenir, tant qu’il a encore une force de poursuite de lui-même, il écrasera ou récupérera toutes les logiques qui voudraient et pensent (pourtant a priori sincèrement) s’opposer à lui, et continuera à fabriquer inévitablement les comportements qui le servent.

Le cas zapatiste est une illustration de plus du fait qu’on ne peut pas détruire le capital en le « rejetant » ; le capitalisme a sa logique propre, qui échappe à la seule volonté humaine. Tant qu’il n’est pas « mûr » pour mourir, tant qu’il a du pouvoir de reconduction, il avance, et détruit ou récupère ce/ceux qui voudraient s’opposer à lui.

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