Il était jugé ce mercredi pour avoir subtilisé un appareil. La défense a plaidé l’état de nécessité. Le militant est par ailleurs dispensé de peine pour avoir refusé de se soumettre à des relevés d’empreintes et d’ADN
Ce n’était pas un vol. Ainsi a décidé le tribunal correctionnel de Bordeaux, qui jugeait ce mercredi le militant Stéphane Lhomme. Il lui était reproché d’avoir escamoté un compteur Linky, le 3 novembre 2020 à Saint-Macaire (Sud-Gironde). « Une victoire totale », commentait l’intéressé à l’annonce de sa relaxe, en fin d’après-midi.
Depuis un an et demi, le quinquagénaire a toujours reconnu les faits, mais nié sa culpabilité. D’abord, il a d’abord refusé une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, qui lui proposait un an de prison avec sursis. Hier, il a maintenu cette position d’équilibriste au fil des questions du président de la cinquième chambre. Même quand Romain Jouanneau lui faisait comprendre qu’il risquait peu – « Il ne s’agit pas de la plus grosse affaire que ce tribunal aura à traiter ! » « Oui, monsieur le procureur, l’élément matériel du vol est constitué. Mais l’état de nécessité excuse cet acte »
Il semblait compliqué de qualifier les faits autrement que de vol. Le procureur Olivier Étienne l’a rappelé dans son réquisitoire : « Prendre quelque chose à quelqu’un, c’est un vol. Même si vous le restituez quelques secondes après. »
Arrêté municipal
À la barre, Stéphane Lhomme a retracé les circonstances dans lesquelles il a subtilisé l’objet du délit. « J’ai répondu à l’appel à l’aide d’une retraitée vulnérable, qui refusait l’installation que tentaient de lui imposer des prestataires d’Enedis. En fait, je m’attendais à être félicité par les gendarmes. »
Et de rappeler que dans sa commune de Saint-Macaire, deux arrêtés municipaux anti-Linky ont été pris, interdisant leur pose sans consentement. C’est sur la base de ce texte que Me François Ruffié, l’avocat de la défense, a plaidé. « Oui, monsieur le procureur, l’élément matériel du vol est constitué. Mais l’état de nécessité excuse la personne qui, face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui ou un bien, accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien. Aujourd’hui, grâce à M. Lhomme, cette retraitée a encore son vieux compteur. Et elle est très contente. »
Plusieurs dizaines de personnes sont venues de Nouvelle-Aquitaine, de Bretagne ou de la région parisienne pour soutenir le prévenu. Fabien Cottereau / « Sud Ouest »
Il était aussi reproché au militant d’avoir refusé de se soumettre à des relevés d’empreintes et d’ADN. Pour le vol, le procureur Étienne était prêt à requérir la dispense de peine. Mais pour ces deux autres infractions, il a requis deux amendes de 250 et 300 euros avec sursis. Pour la défense, Me Ruffié a plaidé que ces relevés étaient sans objet, « mon client étant connu comme le loup blanc ». Stéphane Lhomme a été reconnu coupable de ces faits, mais dispensé de peine.
Comité de soutien
Plusieurs dizaines d’anti-Linky étaient venus soutenir le prévenu de Nouvelle-Aquitaine, de Bretagne ou de la région parisienne. Leurs raisons de s’opposer au « compteur mouchard » sont diverses. Des plus terre à terre – « les surfacturations, les risques d’incendie » – aux plus audacieuses – « J’accuse Linky d’empoisonner les diabétiques », a-t-on pu entendre lors de la conférence de presse organisée mercredi matin à l’Utopia. Tous sont en tout cas d’accord pour continuer à refuser les installations, et assurent qu’« Il n’y a aucun surcoût, du moment qu’on autorelève sa consommation ».
Photo Fabien Cottereau/ « Sud Ouest »
Lors d’une conférence de presse ce mercredi matin, Stéphane Lhomme a rappelé qu’il était possible de refuser le compteur Linky sans être pénalisé : « il suffit de faire l’autorelève de la consommation ».