Dernières nouvelles de Grèce par Y. Youlountas (2)

 
  
 Plusieurs  ports grecs privatisés  à vendre  au plus offrant
  
 Les ports  d’Igoumenitsa, Patras et Héraklion sont sur le point d’être bradés aux  richissimes armateurs grecs qui financent les campagnes électorales de  Mitsotakis et qui possèdent la plupart des médias dans le pays. Pas vraiment une  surprise  !
  
   
 
  
 Le nouveau  business des plages et bords  de mer en Grèce
  
 La privatisation des  plages est maintenant relancée. La protection du littoral repasse au second  plan. Les investisseurs en immobiliers vont pouvoir bétonner à gogo dans des  zones jusqu’ici protégées. Au large de la côte ouest du pays, Total et  Exxon-Mobil prospectent déjà, suite à un accord avec l’État grec, et espèrent  commencer leurs forages pétroliers dans quelques mois, y compris à quelques  dizaines de kilomètres des plus belles plages de Crète. Des plages qui sont  désormais payantes à beaucoup d’endroits : au prétexte des nombreuses chaises  longues et des parasols installés un peu partout, il faut maintenant payer de 7  à 15 euros la journée, là où c’était gratuit, que vous soyez touriste ou  riverain. Plusieurs échauffourées ont déjà eu lieu sur certaines plages de la  première des îles grecques : « cela fait des décennies que nous venons nous  baigner ici et nous ne paieront pas ! » Sur certaines plages, la stratégie est  de faire payer 3 euros la première année pour faire accepter le principe, et  ensuite augmenter dès la suivante. Les espaces de gratuité se réduisent dans la  société, au bord de la mer comme  ailleurs.
  
   
 
  
 Bilan des  incendies : tout pour  les flics, rien pour les pompiers
  
 Les feux de l’été ont  montré encore un fois la faiblesse des moyens de lutte contre les incendies.  Pourtant, dès l’arrivée de la droite au pouvoir, en 2019, des sommes colossales  ont été investies pour la police, mais toujours rien pour les pompiers. Rien  d’étonnant à cela : en réalité, le pouvoir ne protège pas sa population, mais la  surveille et la réprime. Son obsession est de la mater, de la contrôler pour  conserver sa place dominante et tout ce qui en découle. Il n’y a rien à attendre  du pouvoir. Au sein de la population sinistrée, beaucoup l’ont compris. La  population en danger s’est débrouillée le plus souvent toute seule avec les  moyens du bord. L’entraide et l’autogestion ont été, une fois de plus, les deux  mots clés et ont montré de quoi le collectif est capable quand il est abandonné  à lui-même. Cette nouvelle expérience violente et dramatique continue néanmoins  d’ouvrir les yeux sur l’hypocrisie du pouvoir et sur notre faculté à nous  organiser nous-mêmes, sans ceux qui prétendent nous gouverner et, en  particulier, résoudre les problèmes dont ils sont le plus souvent la  cause.
  
   
  
 
  
 Afidnes, août 2021 (Photo de Mario  Lolos)
  
  
 La Grèce  en pleine catastrophe
climatique et écologique
  
 Les incendies nous ont  aussi rappelé l’impact du changement climatique sur l’environnement et la  multiplication des risques qui en découlent. La sécheresse devient très intense  l’été, les pluies d’hiver sont parfois diluviennes, on ne compte plus les  innondations tout comme les incendies, mais aussi les petites tornades qui sont  plus nombreuses qu’avant selon les insulaires, notamment dans le sud de la  Crète. La mutation de l’agriculture a, elle aussi, participé à cette catastrophe  : ici, la terre est épuisée, là, elle est abandonnée à des amas de broussailles.  On recherche frénétiquement les grandes surfaces planes pour en faire le maximum  de profit et on ne s’occupe plus du reste. On pulvérise des tonnes de produits  phytosanitaires au point de décupler certains cancers chez les ouvriers  agricoles dont l’espérance de vie a encore chuté ces dernières années. On  bétonne les collines et les bords de mer, puis on s’étonne des innondations  mortifères, des coulées de boue et de gravas. Tout cela relève d’un choix  criminel : au bout du compte, en organisant ainsi la société et l’économie, on  tue la Terre et toutes celles et ceux qui y vivent. Pas besoin d’être devin pour  voir ce qui nous attend si nous continuons dans cette  voie.
  
   
 
  
 Une  population qui va passer sous les  10 millions d’habitants
  
 Il y a dix ans,  la Grèce dépassait largement les 11 millions d’habitants. Depuis, elle a perdu  un demi-million d’habitants et, selon plusieurs projections (dont celles  d’Eurostat), la dégringolade devrait continuer dans les prochaines années au  point de passer sous la barre des 10 millions d’habitants avant 2030. Un exemple  frappant en ce moment : en cette rentrée scolaire 2021, près de 40 écoles  ferment en Épire (nord-ouest de la Grèce) faute  d’élèves.
  
   
 
  
 Plusieurs  sabotages d’usines durant l’été
  
 Des actions  anticapitalistes nocturnes se sont multipliées dans plusieurs villes grecques  ces dernières semaines. Notamment à Volos, à mi-chemin entre Athènes et  Thessalonique, contre la plus grande cimeterie d’Europe : l’usine AGET qui  appartient au groupe Lafarge. Cette action a été dédié à la mémoire de Vassilis  Maggos, mort sous la torture au commissariat de Volos l’année passée. D’autres  actions de ce type se sont déroulées à Athènes contre diverses entreprises,  notamment dans le quartier de Vyronas ou encore contre la société de  recouvrement de créances Paladino SA dans le quartier de Nea  Ionia.
(à suivre)