Education = service public

       Le service public d’éducation un recours face à la dérive autoritaire de l’Etat

        Ceci sur la base d’une analyse caricaturale, fondée sur des amalgames entre différents fauteurs de troubles réels ou supposés : terroristes, délinquant.es ordinaires, jeunes de quartiers populaires, Gilets jaunes, manifestant.es. A l’Université, une cabale est organisée par le ministère pour éradiquer les ferments « séparatistes » des études post-coloniales et de l’ «islamogauchisme ».

         Pour mémoire,  un arsenal législatif –antiterroriste, anti-migrants, anticasseurs, antiséparatiste…-s’est constitué au fil des derniers mandats présidentiels. Dans cette gestion assez exclusivement répressive, sont exclues les responsabilités de l’Etat français dans les causes des violences incriminées. Cet engrenage du conflit systématique n’épargne pas les policiers dont l’exercice professionnel est souvent à risques, ni la justice, institution critiquée par leurs syndicats et dont, pour autant,  de nombreux.ses représentant.es optent pour l’impunité des forces de l’ordre.  

       Dans les faits, en matière d’insécurité, les pays du Sahel subissent une occupation militaire sans perspectives de paix depuis 2013, d’autres peuples subissent une politique de ventes d’armes qui alimentent des conflits guerriers ou des dictatures (en Egypte, en Arabie saoudite…)[1], les quartiers populaires français comptent leurs morts issus de bavures policières, les manifestant.es comptent les mutilations ou condamnations à des peines disproportionnées de prison…Quand les manifestations ne sont pas purement et simplement interdites dans le « pays des droits de l’homme ».

             Endiguer les violences : le recours de l’Ecole et des sciences sociales

          Seule l’étude objective des causes peut enrayer cette fuite en avant irresponsable. Une preuve en est, à un an de la présidentielle, le ralliement inédit et dangereux de responsables de la gauche de gouvernement à la « cause sécuritaire», et la promotion simultanée de la fachosphère.

           Cause ou effet de cet ordre inquisitorial en gestation, auquel s’ajoute une gestion parfois infantilisante de la crise pandémique, le système éducatif est, quant à lui, un grand absent du débat actuel. La loi sur « l’Ecole de la confiance », votée en 2019, y est pour beaucoup, instituant entre autres « le devoir d’exemplarité » des enseignant.es et mettant fin à la cogestion de leurs carrières avec les syndicats.

         Au nom d’une idéologie scientiste portée par un ministre adepte des neurosciences et d’une gestion managériale de l’Ecole qui impose progressivement un esprit de compétition et de mise en concurrence des établissements scolaires, les libertés pédagogique et d’expression des enseignant.es se restreignent toujours davantage, tandis qu’augmentent pressions, stress, souffrances et répressions. Pendant que l’Université pâtit toujours davantage de sa pseudo autonomisation et d’un manque de moyens criant, notamment en termes de personnels.

       Face à la déferlante réactionnaire, le service public d’éducation a pourtant légitimité à renforcer les préventions et à réaffirmer l’autorité morale et intellectuelle de ses agents, dont une majorité est constituée de femmes. C’est, en effet, sur les bancs de l’Ecole et de l’Université que doit se forger la conscience collective du pays, à partir de l’exercice de l’esprit critique et des valeurs républicaines.  

         Pour une campagne unitaire en faveur de l’Ecole et de l’Université

       Les institutions peu démocratiques de la 5e République sont les principales responsables de la montée des violences intercommunautaires en France.  Continuer à inverser les causes et les effets comme c’est le cas des présidences depuis une à deux décennies ne laisse rien présager de favorable pour l’avenir du pays, notamment électoral. Il serait salutaire que les forces vives, singulièrement dans les catégories socio-professionnelles précitées, expriment leur refus radical de cette surenchère dite sécuritaire et de sa médiatisation.  Il serait précieux également qu’une campagne intersyndicale dans l’Education nationale en appelle à l’arrêt de la caporalisation hiérarchique et à la promotion des conditions de travail des enseignant.es et des personnels d’éducation. C’est l’une des conditions d’une authentique refondation de ce service public.

Enfin, dans ce débat pré-électoral, qui tourne en boucle, devraient être médiatisés les programmes et expérimentations pratiques qui concernent Ecole et Université, sur lesquels les états-majors politiques ont à se prononcer publiquement.

Premier.es signataires :

Martine Boudet didacticienne
Pierre Cours-Salies, sociologue
Alain Refalo professeur des écoles

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Références de lecture:

Education nationale : silence, Blanquer avance dans l’indifférence Par  Marie Piquemal, Libération, 7 juin 2021
https://www.liberation.fr/societe/education/education-nationale-silence-blanquer-avance-dans-lindifference-20210607_GUCZRPRT6BGOPIOBKFRQYFQGAE/

Présidentielles : Les enseignants dernier bastion de la gauche ?
François Jarraud, Le Café pédagogique, 3 juin 2021

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2021/06/04062021Article637583833753966372.aspx

SOS Ecole Université –Pour un système éducatif démocratique Martine Boudet coord, Le Croquant, 2020
https://editions-croquant.org/hors-collection/609-sos-ecole-universite-pour-un-systeme-educatif-democratique.html

Ce que le projet de loi Blanquer vous réserve par Marie Piquemal, 17 mai 2019
https://www.liberation.fr/france/2019/05/17/ce-que-le-projet-de-loi-blanquer-vous-reserve_1727796/?redirected=1

La catastrophe est en marche

9 JUIN 2021 PAR EDWY PLENEL

https://www.mediapart.fr/journal/france/090621/la-catastrophe-est-en-marche?utm_source=article_offert&utm_medium=email&utm_campaign=TRANSAC&utm_content=&utm_term=&xtor=EPR-1013-%5Barticle-offert%5D&M_BT=19551246184