Big Brother is watching you [1]

107 page 4 NSA Vue aérienneSnowden Edward, Assange Julian, Manning Chelsea, Ellsberg Daniel. Ces noms ne vous disent sans doute rien, ou pas grand chose. Vus de France, ils sont des personnes recherchées pour avoir mis à mal la sécurité intérieure des USA en permettant la publication de documents classés secret défense.

Le premier était employé par un sous traitant de la NSA et de la CIA : Booz Allen Hamilton à Hawaii. Il s’agit de l’affaire de ce type la plus récente, Snowden a quitté l’Amérique pour Hong Kong en juin 2013, non sans avoir contacté Glenn Greenwald, journaliste au Guardian (journal Anglais indépendant d’investigation).  Chaque information publiée, selon les dires de Snowden est prudemment choisi pour ne pas mettre en danger la vie des militaires déployés par les américains autour du monde. Le Guardian via son équipe de rédaction a toute discrétion pour choisir quels documents publier et dans quel ordre, Il a partagé les informations avec le New York Times et Propublica sur lesquels des articles sont accessibles. Pour autant les révélations n’en restent pas moins assourdissantes. Snowden a passé un mois à l’aéroport de Moscou en août 2013, et y a reçu l’asile diplomatique à la seule condition qu’il stoppe la publication des documents classés en sa possession. L’asile lui a été accordé dans certain pays d’Amérique du sud. Les services secrets américains sont sur les dents, pour preuve, la séquestration d’Evo Moralès et de son avion en Hongrie assortie d”une interdiction de survoler le territoire français italien et britannique… Et d’une injonction de fouille du même avion… Les services secrets américains supputaient la présence de Snowden dans cet avion. L’incident diplomatique a d’ailleurs valu à Évo Moralès un article dans le Diplo du mois de septembre.

Les gouvernements Européens se sont écrasés face aux États Unis, tout puissants. Snowden a été à la source de plusieurs incidents diplomatiques fournissant des preuves que non content d’enregistrer des informations sur les communications (et il s’agit de toutes les communications, téléphone, mail, réseaux sociaux) sur leur territoire, les américains font de même au Brésil, en Allemagne, et sans doute dans beaucoup d’autres pays… Mme Roussef, présidente du Brésil a annulé et reporté à une date ultérieure un voyage diplomatique aux États-Unis où elle devait rencontrer le président américain.

Globalement, toute communication “indirecte” peut être écoutée, les mails peuvent être lus, en clair il n’y  a aucune confidentialité garantie.

Julian Assange est Australien, porte-parole et rédacteur en chef de WikiLeaks. WikiLeaks est un site internet permettant la publication de câbles diplomatiques normalement confidentiels. Julian Assange est accusé d’agression sexuelle en Suède, il est pour le moment et depuis plusieurs mois dans l’ambassade de l’équateur, pays qui lui a offert l’asile politique, il ne peut en sortir car l’Angleterre refuse de lui accorder le droit de passage jusqu’à l’aéroport. Les accusations d’agression sont survenues après publication de câbles sur la guerre en Afghanistan qui a mis la Maison Blanche sur les nerfs. Julian Assange et WikilLeaks ont mis à disposition d’Edward Snowden leur expertise juridique.

Chelsea Manning est une analyste militaire de l’armée ayant fourni à WikiLeaks un document confidentiel dans lequel les soldats américains tuent des soldats du même camp. Après un procès en cour martiale de quelques semaines dans lequel Manning a évité la peine de mort pour trahison, un certain nombre de charges ont été retenues. La peine prononcée se monte à 35 ans de prison. Manning est aujourd’hui en isolement maximum à la prison militaire de Fort Leavenworth (Kansas).

Tous ces événements se sont produits dans les derniers mois. L’Histoire des USA est jalonnée par ce genre d’histoires par exemple le scandale du Watergate ou à la même époque, au début des années 1970, Daniel Ellsberg fourni au New York Times les pentagon papers, plusieurs milliers de pages décrivant les relations entre le Vietnam et les États-Unis entre 1945 et 1961. Ce document met au jour les mensonges de l’état américain envers le public durant la guerre du Vietnam, à une époque où la contestation était très forte.

Rémi FRITZEN

Confluences n° 107

N.B. : Cet article est écrit sur mon ordinateur et publié sur le serveur d’Apple sur mon “espace privé” m’en permettant l’accès à partir de mon téléphone. Il est très clair qu’étant donné son contenu, les noms cités, etc… J’imagine qu’il a déjà pu être lu par les analystes (sous-traitant ou non) de la NSA.

 

[1] Pour les non anglicistes : le grand frère te surveille !