Edito du n° 101 de Confluences 81

101 page 3 édito Kalié DSCN0309Un phénomène de mode sans doute !

A moins qu’en janvier, les poches et les comptes bancaires soient vides après les excès de fin d’année ? Bien sûr nous parlons des comptes et des poches des pauvres, vous l’avez compris.

Après la vieille dame exclue de sa maison de retraite pour défaut de paiement, après la fillette de 5 ans virée – pour défaut de paiement – de la cantine scolaire d’Ustaritz par la police municipale (vous n’avez pas pu manquer cela qui a même fait la une des journaux télévisés !), « nous au village aussi l’on a… »[1] des dérapages de ce style. Ainsi La Dépêche du Midi du 15 janvier 2013 nous informe d’un cas (presque) similaire à Saint-Sulpice (81) : samedi 12 janvier, la police municipale de cette bourgade de plus de 7500 habitants a frappé à la porte d’une mère de famille pour l’informer qu’à partir du lundi son fils de 5 ans ne pourrait plus bénéficier des activités périscolaires et donc de la cantine. Motif : défaut de paiement (50 €).

Contacté par les journalistes, le Maire de Saint-Sulpice a déclaré : « Si elle avait du retard, elle était hors-jeu. Qu’on soit hors-jeu d’un ou 10 mètres ne change rien. Nous avons de nombreux impayés, c’est insupportable. » Le mot est lâché : à Saint-Sulpice comme dans bien des villes, le fric de la commune compte plus que l’estomac d’un enfant de maternelle. Cela en dit long sur les priorités du « jeu » municipal ! Il y a une réflexion à mener rapidement sur l’argent et surtout sur la gratuité…

Le plus étonnant, c’est l’apathie des populations face à ces actions pour le moins choquantes. L’apathie ? Non, non, l’approbation silencieuse ! Virer des vieux et des jeunes de services satisfaisant leurs besoins élémentaires, « c’est normal » !, « c’est pas grave ! ». Nous aurons vraisemblablement l’occasion de revenir, sans doute dans un dossier spécial, sur ces attitudes, comment elles s’expliquent et non se justifient.

En attendant le changement profond des mentalités et le développement des solidarités, faut-il se résigner à ce que l’austérité soit la seule issue pour ceux qu’on désigne par un euphémisme : « les personnes peu fortunées » ?

Est-il réellement impensable de mener une réflexion sur les priorités dans une commune, même si l’on doit l’endetter ?

Et, pour faire bonne mesure, si l’on jouait à réfléchir aussi sur la question des dettes publiques, de la fiscalité en France, des services publics et de leur gratuité ? Chiche ! Qui veut jouer ?

La rédaction

(11/02/2013)

[1] La suite chez Georges Brassens.fr !