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Le jour d’après ?

La pandémie de corona virus a laissé les pouvoirs et structures institutionnelles totalement désemparées et désarmées devant son caractère imprévu (bien qu’attendu !) et l’ampleur gigantesque de ses conséquences dans tous les domaines. Il n’est pas question, à ce jour, de rechercher des responsabilités dans l’impréparation, la gestion erratique et parfois calamiteuse de cette crise. Cela viendra très vite, n’en doutons pas !

A contrario, il est urgent de mettre en lumière les nombreuses conséquences positives de cette situation.

Comme en temps de guerre, les crédits que l’on n’avait pas pour gérer le fonctionnement harmonieux de la société, on les trouve, multipliés par cent, voire mille, pour faire face à la situation !

La prise de conscience, par un nombre grandissant, du caractère suicidaire pour l’humanité du modèle économico financier de croissance exponentielle dans un monde fini, déjà amorcée dans l’opinion bénéficie d’un coup d’accélérateur extraordinaire : les producteurs en vente directe, les plateformes, les AMAPs, voient la demande exploser malgré l’obstacle du confinement. Les citoyens découvrent la nécessité de relocaliser une part importante des productions et de s’approvisionner au plus près. A nous d’aider à en formuler les reconquêtes possibles :

autonomie alimentaire ainsi que dans tous les besoins stratégiques en augmentant la capacité de chaque pays à être autosuffisant ;

remplacement d’une grande partie des cultures industrielles, qui ruinent les paysans et les terres, ici comme dans les « pays émergents », par des cultures vivrières ;

diminution drastique de la circulation des marchandises ;

diminution conséquente des intermédiaires générateurs de profits financiers largement parasitaires ; …

Mais surtout, comme toujours en période de catastrophe, renaît l’extraordinaire capacité de créativité des citoyens concernés pour inventer, individuellement ou en groupe des solutions permettant de faire face à la situation. En témoignent les guides de mesures barrières élaborés à la base par les producteurs permettant une meilleure protection que les grandes surfaces. Après une décision calamiteuse d’interdiction des marchés de plein air, le gouvernement, devant la pression, est revenu sur cette mesure. Par contre, en bon ortho libéralisme, et comme en matière d’épandage de pesticides, il renvoie la responsabilité (y compris pénale) au maire : c’est à ce dernier qu’incombe de demander la réouverture du marché.

Il ne faudra surtout pas laisser les forces dominantes et la routine d’avant reprendre le dessus pour faire comme si rien ne s’était passé.

Il faut maintenant tout mettre en œuvre afin de pérenniser toutes les structures et formes d’organisations préexistantes ou inventées à l’occasion de cette pandémie, ainsi que l’état d’esprit de solidarité, d’entraide et d’empathie qui s’est épanoui pendant cette crise.

Alain Hébrard