Le déblog de Dédé (2) : Magic Macron !

Depuis l’élection de Jupiter à la magistrature suprême, chaque jour apporte son lot de surprises toutes plus épastrouillantes les unes que les autres.

Il est vrai que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, et le monde ancien est bien avisé de se laisser oublier, après s’être obstinément accroché bec et ongles aux cercles du pouvoir et avoir désespérément griffé les ors de la République pour ne pas être emporté par la vague dégagiste.

Mais nous voilà enfin En Marche ! Après tant de surplace assumé et d’impuissance proclamée, voilà que le pouvoir politique revendique le droit de reprendre prise sur le réel et de mener, main dans la main avec le pouvoir économique, les transformations radicales que le pays a trop longtemps attendues en vain.

Et voilà que le magicien de l’Elysée a posé son huit-reflets sur le bureau présidentiel, et en tire à jet continu lapins, colombes, foulards multicolores, mais aussi couleuvres, cactus, montres molles et pétards allumés.

Devant une telle débauche d’apparitions mirobolantes, le spectateur n’a pas trop le temps de se demander si tout ce bric à brac institutionnel correspond bien à ce qui était annoncé sur le programme de la baraque foraine lors de la parade matinale.

D’autant que le bonimenteur vante lui-même la marchandise comme un camelot sur le champ de foire. Inutile d’envoyer des journalistes pour rendre compte des faits et gestes présidentiels et gouvernementaux : le Président et son Premier Ministre sont la Presse à eux tout seuls : le premier fixe la ligne éditoriale et le second pisse la copie: le premier marque les repères au sol et le second tient la caméra : que d’économies dans les salles de rédaction et sur les plateaux de télévision !

C’est ainsi que dans le nouveau Monde, celui En Marche ! sur la Tête, il n’y a soudain plus personne qui dort dans la rue, sauf évidemment celles et ceux qui y tiennent absolument, y compris les enfants en bas âge qui revendiquent haut et fort le droit de crever de froid et de pleurer de faim.

Dans ce Monde Merveilleux, les Chômeurs partent se changer les idées aux Bahamas et refusent obstinément les ponts d’or que leur font en vain les patrons pour les supplier de passer la porte de leur Entreprise.

Entreprises dans lesquelles les heureux salariés n’ont de cesse de se jeter par les fenêtres pour embarrasser leurs Directeurs des Ressources Humaines, qui font tout pour leur faire oublier leurs drames conjugaux et leur addiction à l’alcool et aux médicaments…

Et pour que ces ingrats ne puissent plus se plaindre d’être prisonniers de trop longues carrières qui les enferment dans un avenir trop prévisible, ils multiplient les petites missions sur le lieu de travail, donnant du piment et de l’inattendu à ce qui pourrait vite s’avérer comme une routine insupportable.

Enfin, pour que le tableau soit complet, et pour accélerer la baissse du coût du travail, sous Magic Macron surgit le tour de passe-passe utime, celui que le MEDEF attend depuis des décennies et que personne dans les Allées du pouvoir n’avait osé inclure dans son spectacle :

LE TRAVAIL GRATUIT !

Après l’interim, après les contrats courts, après l’ubérisation, après les stages payés au lance-pierre, après les contrats de mission, les emplois aidés, les mille et une versions des petits boulots à la ramasse, voilà le travailleur payé au RSA, c’est-à dire le salarié sans salaire, sans cotisation sociale, maladie, retraite et congé payé.

Et depuis que cette idée prend forme et pousse sur la friche du désert industriel, voilà que le chômage se met à baisser ! Chapeau bas, l’artiste !

Bientôt, nous aurons le peuple des chômeurs sans chômage, comme nous avons les immigrés sans papiers et les salariés sans salaire et les SDF…SDF ! Il n’y a que les actionnaires sans dividendes qui ne risquent pas d’exister, ça c’est un tour que MAGIC MACRON n’est pas près de sortir de son chapeau ! Son numéro n’aurait pas le temps d’arriver à son terme qu’il se trouverait fissa expulsé par le Régisseur GATTAZ vers la sortie des artistes…

A la réflexion, le Monde de Macron ressemble fort à l’ancien. Mais comme la mode est au recyclage, personne ne trouvera à redire si le maître de maison retourne la pelisse parlementaire pour en faire un pardessus en peau d’éléphant, et si Emmanuel chausse sans façons les bottes de Manuel…

Ce qui est nouveau, on l’a vu, c’est l’art de faire disparaître les problèmes en les changeant de nom et en cessant d’en faire le décompte… Ca laisse plus de temps pour compter les Euros, comme le biznessman de la Planète visitée par le Petit Prince comptait les étoiles afin de les enfermer dans un coffre-fort…

Et le tour est joué !