Il paraît…

Quand j’entends des gens bien nourris, bien vêtus, qui dorment au chaud me parler de fraternité alors que leur mode de vie et leurs actes les rendent complices de ce système producteur de misères… je me dis qu’il reste encore beaucoup de travail d’éducation et de pédagogie pour leur expliquer leurs responsabilités dans cet état de fait.

Il n’y a pas de fraternité dans une société hiérarchisée qui stipule clairement la supériorité des uns, des unes sur les autres au même titre qu’il n’y a ni liberté ni égalité tant que nous n’avons ni les mêmes droits ni les mêmes moyens d’exercer notre émancipation, notre autonomie.

Lorsque j’exprime mes convictions écologistes et que je tente d’expliquer les responsabilités que nous avons toutes et tous dans le maintien de ce système qui nous broie, j’entends toujours une personne venir me reprocher mes propos culpabilisateurs. Il parait qu’il faut cesser de culpabiliser le bon peuple. Que c’est démobilisateur. Que c’est assez de rejeter la faute sur les gens qui n’y sont pour rien si ils polluent, si ils gaspillent, si ils surconsomment ou achètent des produits issus de l’exploitation d’êtres de toutes les régions du monde ou d’une agriculture intensive qui pesticide, déforeste et détruit les sols…

Il parait qu’il ne faut pas s’en prendre aux gens… Ils ont déjà tant souffert. La responsabilité serait ailleurs. Plus haut… Les vrais responsables comploteraient derrière des murailles infranchissables à l’abri des regards. « On » ne sait pas trop qui ils sont mais une chose est certaine, « nous » n’y sommes pour rien. « Ils » prennent les décisions qui « nous » mettent dans cette situation.

Légitimement je pose la question du que faire pour changer cette situation. Que faire pour reprendre en main nos destinées ?

Certain-e-s me répondent qu’il faut aller voter mais pour des gens honnêtes, sympas, compétents, des gens de gauche bien sûr. Et qu’une fois majoritaire, tout ira mieux… D’autres me disent qu’il n’y a plus rien à faire ; que tout est foutu ! D’autres encore pensent qu’il faut faire la paix intérieure et communier avec l’esprit de la Terre Mère qui règlera les problème le jour venu…

Bizarrement, aucune de ces réponses n’a pour l’heur de me satisfaire.

Décidément, non, je préfère continuer à analyser ce système afin d’en trouver les failles, à trouver la vérité, à la partager, à la confronter avec les faits, à écouter ce que d’autres ont compris… Afin de convaincre, sans manipuler, d’autres personnes, que l’union d’individus organisés et/ou autonomes sera la force qui pourra un jour mettre à bas ce système destructeur. Afin de permettre l’éclosion d’un (ou plusieurs) autre(s) système(s) pacifié(s), permettant l’émancipation et le développement d’une vie harmonieuse. Par contre, faut faire vite. Faut pas traîner… les dégâts commis par le système nous rattraperont rapidement (notamment la radioactivité, les conséquences des pesticides, des OGM, des nanotechnologies, des divers produits sévèrement toxiques..).

D’ici là, « on » peut se retrousser les manches !

 

Mato Witko

Confluences n° 109