FRALIB : pas un boulon ne sortira de cette usine !

110 page  4 fralibVoilà ce qu’avait déclaré Olivier Leberquier, délégué CGT au Comité d’entreprise de Fralib lors de l’annonce de la fermeture de cette usine de 170 salariés en septembre 2010. 1336 jours plus tard, cette prophétie est devenue réalité : les salariés de l’usine de conditionnement de thés et d’infusions de Gémenos (13) ont signé un accord avec le groupe Unilever qui leur permet de maintenir la production avec la SCOP TI.

Au total, ce sont pas loin de 20 millions d’euros que la multinationale apporte pour favoriser le démarrage de la SCOP. Les salariés de Gémenos ont eu raison de la multinationale. C’est le résultat d’une double stratégie : le développement d’un contre projet alternatif de maintien de l’unité de production ; une offensive juridique en amont des licenciements menée au Tribunal d’Instance.

Côté alternatif, les salariés ont développé un projet de reprise de la production en SCOP qui intègre la relance de filières de production d’arômes naturels et de commerce équitable pour les thés. Il s’agissait alors de rompre avec les pratiques de la multinationale qui avait introduit les arômes chimiques et s’approvisionnait au Kenya dans ses propres exploitations. Ce projet alternatif est le témoin d’une volonté de redonner sens à son travail et de ne plus produire pour le seul profit marchand.

Côté juridique, trois plans « sociaux » successifs ont été invalidés par le Tribunal d’instance. La multinationale se trouvait ainsi dans l’incapacité de licencier les salariés de Gémenos. Finalement, elle décidera en toute illégalité de cesser de payer les salaires à partir d’avril 2013. Elle utilisait ainsi l’arme économique pour étouffer la résistance des salariés mais seule une négociation sérieuse avec ces derniers pouvait leur permettre de sortir de cette situation.

Rarement, des salariés auront autant obtenu d’une multinationale contre une fermeture mais, cerise sur le gâteau, l’usine de conditionnement de thés et d’infusions se maintiendra, cette fois-ci directement contrôlée et gérée par les salariés.

Benoît Borrits

Confluences n° 110