Autoroute Castres-Toulouse, la cabale tarnaise,
ou « On nous prend vraiment pour des … ».
Le 10 février prochain se tiendra l’audience au conseil d’État des 3 recours déposés par les associations et les élus des communes contre la Déclaration d’Utilité Publique de l’A69.
Le 12 février, 2 jours plus tard, l’appel d’offre sur cette autoroute A69 va se clore, après deux reports, de fin décembre à début février, puis au 12 février, cette date étant annoncée juste après l’annonce de l’audience. La synchronicité de ces reports et de l’audience n’échappera bien sûr à personne.
Autant les conclusions du rapporteur public sur les recours déposés par les requérants ne sont pas encore connues, autant celles sur l’appel d’offre et le choix à terme du futur concessionnaire présentent peu d’incertitudes.
Et pourtant, les députés et sénateurs tarnais, farouches partisans de l’autoroute, la Direction Régionale de l‘Environnement et de l’Aménagement et du Logement (DREAL) et les représentants locaux de l’Etat (préfecture du Tarn et d’Occitanie) nous assurent qu’ils ne connaissent pas le nombre et les noms des prétendants à la concession de l’A69. Ce secret de polichinelle est mal gardé, il s’agit de Vinci, Eiffage et Bouygues. Et Vinci se pose comme le leader des candidats. Sa filiale, Vinci Construction Terrassement, contacte en catimini depuis 2016 les agriculteurs propriétaires le long de la RN126, pour leur proposer à prix d’or des conventions afin de transformer leurs terres en carrière et fournir en remblais l’autoroute Castres-Toulouse. La société NGE, moins discrète, a lancé une pré-consultation en juillet 2020 auprès des communes de Montcabrier, Villeneuve-les-Lavaur et Saint Germain des prés pour avoir l’avis de la population sur la création de nouvelles carrières sur leurs communes. La naissance du collectif Stop-carrières-Montcabrier-81 et l’envoi de lettres à la ministre Pompili dénonçant l’illégalité de ces carrières, a fait disparaitre subitement du site de la NGE, le dossier et les résultats de la pré-consultation. Nouvelle synchronicité ? La DREAL a juré ses grands dieux, que c’était une initiative privée et inacceptable de la NGE et que l’État n’y était pour rien. On apprendra par la suite que cette pré-consultation a été organisée à la demande du préfet Mougard du Tarn en 2019. A l’évidence, l’information cir cule fort mal entre préfecture et DREAL, à moins que l’on nous prenne pour …
Et les sénateurs tarnais Folliot et Bonnecarrère de s’empresser de nous dire que les carrières ne se feront pas à Montcabrier, car ils sont intervenus là où il fallait. Ne nous prendraient-ils pas eux aussi pour des … ?
Cette histoire de carrières nouvelles, est une démonstration supplémentaire de la façon que le porteur de projet et ses partisans ont de considérer le citoyen lambda pris, ou bien pour un naïf, ou bien pour une entité à négliger dans les décisions sur l’aménagement de son territoire. Ce besoin de nouvelles carrières était connu de l’Etat bien avant l’enquête publique, et il a été volontairement omis du dossier soumis à enquête publique pour ne pas aggraver le bilan négatif de cette autoroute. Rappelons que le Commissariat Général à l’Investissement (CGI) et l’Autorité environnementale (Ae) ont épinglé sans équivoque l’impact environnemental et le coût sociétal de cette autoroute et l’inadéquation au réel besoin. La commission d’enquête a donné un avis favorable, mais avec des réserves telles que cet avis semble lui avoir été arraché. Cet avis dénote tellement avec l’analyse du CGI, de l’Ae, et des expertises citoyennes, que l’on est en droit de douter de l’honnêteté ou de l’indépendance du travail de la commission.
L’affaire des carrières est la dernière de toutes les « combines » orchestrées pour franchir les obstacles. En 2007, tentative d’éviter le débat public en présentant un projet en dessous des seuils obligatoires (40km et 300M€), en 2009 débat public tronqué sur l’opportunité d’une autoroute, pression d’élus sur la commission nationale du débat public pour faire rejeter la demande d’expertise faite par les associations, en 2013 intervention de la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM) auprès de la commission DURON pour reclasser en priorité 1 l’autoroute alors qu’elle était classée initialement en priorité 2 dans le scénario 2, fin 2016 présentation d’un dossier pour l’enquête publique incomplet, aux r ésultats tronqués, orientés, voire faux, présentant un bilan socio-économique trompeusement avantageux, pour justifier d’un avis favorable avec réserves de la commission d’enquête.
En 2007, l’autoroute c’était 289M€ et 36 km, 100M€ de subvention d’équilibre, une ouverture en 2013, et un péage de 12 €. Aujourd’hui c’est une autoroute à ½ Milliard d €, 60 km, 300 M€ de subvention d’équilibre, une ouverture en 2025, voire plus, un péage à plus de 20 € l’aller/retour, et de nouvelles carrières non prévues.
Élucubrations de citoyen ? Peut-être, mais attendez donc de voir les résultats de l’appel d’offre avant de juger. L’autoroute n’est pas rentable avec son trafic ridicule, Vinci le sait, c’est pourquoi il demandera le prix fort sur la subvention d’équilibre pour s’assurer un minimum de bénéfice. Quant au péage à plus de 20 €, il réserve l’autoroute aux quelques entreprises et particuliers les plus aisés. Mais rassurez-vous, la RN126 déclassée en simple route départementale, moins sécurisée et moins confortable, restera ouverte à tous les autres usagers, c’est-à-dire le plus grand nombre.
L’autoroute Castres-Toulouse, c’est la dernière cabale tarnaise pour quelques privilégiés, ou s’expriment à plein démagogie, incompétence, et collusion. Après Cap découverte, puis Sivens, l’A69 sera donc pour le Tarn, le troisième couronnement d’une gestion désastreuse de l’aménagement du territoire.
Un citoyen qu’on prend pour un … —
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