Article publié dans le n° 137 de Confluences 81 (mars 2019)
Au début de la locomotive à vapeur, après 1804, nombreuses étaient les voix qui s’élevaient pour en dénoncer les horreurs : une infrastructure qui modifie les paysages et l’occupation des terres, odeurs et fumées pestilentielles, bruit infernal, dangerosité…
Et puis quand la voiture individuelle à moteur à explosion est arrivée alors certaines voix se sont faites entendre pour dénoncer ces dangers mécaniques et ces bourgeois hautains qui écrasaient, polluaient, empoussiéraient sans vergogne, regrettant ainsi les trains dont les déplacements étaient canalisés par les rails.
On retrouve la même idée dans l’opposition « autoroutes contre Ligne Grande Vitesse » pour les TGV. De même avec les sources d’énergie. Quand ont été construits les grands barrages hydrauliques pour produire de l’électricité, on a pu entendre l’expression de résistances légitimes à la noyade de prairies, de forêts et de villages entiers.
Mais quand les centrales nucléaires sont arrivées, alors on s’est mis à regretter les bons vieux barrages hydrauliques considérés alors « pas si nocifs que ça » (sauf pour les concerné-e-s).
Puis sont arrivées les éoliennes géantes (+ de 100 m de haut) modifiant à leur tour les paysages, tuant des oiseaux et perturbant les chauves-souris, tout en bétonnant des zones jusque-là épargnées.
Alors certains se mettent à tolérer la présence du danger nucléaire en luttant contre les moulins à vent modernes (alors qu’on peut lutter contre les 2 à la fois, comme symptômes d’une société de croissance en quête de toutes les sources possibles de production d’énergie pour le profit de quelques-uns). Dénonçant les extractions de métaux précieux et des terres rares pour les innombrables batteries de stockage d’électricité on va en venir à être nostalgiques du plomb.
Je m’inquiète vraiment de ce qui va nous faire regretter les éoliennes et les voitures individuelles !
Patrice K