ce texte nous a été transmis par Catherine T.
BOYCOTT CITOYEN
Cessons d’écouter les sempiternelles injonctions à la consommation :« Achetez cela, vous vous sentirez mieux. Prenez un crédit, vous serez plus riche. Offrez-vous ça, vous serez heureux. Consommez comme ça : nous savons ce qui est bon pour vous… Ecoutez-nous. Ecoutez-nous à la télé, dans la rue, dans le métro, à la radio, dans votre boîte aux lettres, dans vos journaux, sur internet, dans votre boîte mail. Ecoutez-nous, et consommez. »
Vous en avez marre ?
Nous aussi, eux aussi, elles aussi, moi aussi..
Le gouvernement vient de transférer 577 millions d’euros de recettes de la taxe écologique sur les carburants pour les réaffecter au budget général en 2018, le Conseil constitutionnel vient d’annuler l’autorisation de vente de semences paysannes en censurant 23 articles de la loi EGALIM, Monsanto invente de « faux agriculteurs » pour défendre le glyphosate, 60% des pesticides dans nos assiettes sont des perturbateurs endocriniens suspectés… Et pendant ce temps-là, 60% des animaux sauvages ont disparu, et le pergélisol fond, inexorablement.
Vous en avez marre ?
Nous aussi, eux aussi, elles aussi, moi aussi.
En ces périodes agitées, le mouvement des Gilets Jaunes a l’avantage de montrer très visiblement un ras-le-bol sociétal, qui, au-delà les clivages, est largement ressenti par le reste de la population : un ras-le-bol politique, face à l’inertie de nos dirigeants qui œuvrent très, très loin des préoccupations de leurs électeurs, un ras-le-bol citoyen face à l’urgence climatique, un ras-le-bol économique et social face aux difficultés qu’éprouvent trop de Français pour simplement survivre, un ras-le-bol humain, face aux migrants qui meurent en Méditerranée, face aux enfants esclaves, face aux guerres préfabriquées, face aux ouvriers chinois qui assurent des cadences infernales, face aux déchets qui deviennent continent, face aux banques qui s’enrichissent, face aux géants qui ne paient pas leurs impôts… Un ras-le-bol général, massif, et franc.
Pour exprimer ce ras-le-bol sans pénaliser le peuple, celui qui va travailler de bonne heure pour pouvoir nourrir ses enfants et payer ses crédits, pour exprimer ce ras-le-bol en visant juste, en ne mettant la pression que sur les pouvoirs publics et les multinationales qui multiplient les injonctions à consommer sans se soucier des travailleurs qu’elles emploient et des ressources qu’elles pillent, il y a le boycott. Le boycott citoyen.
Ne l’oublions surtout pas : ce système qui nous dégoûte et que l’on croit subir tire sa force de notre capacité à consommer. « Nous sommes les rouages indispensables de cette machine à broyer les humains, les animaux, les plantes, la Nature et finalement la Planète entière », rappelle Artsurvie.
Alors agissons. En silence, calmement, mais de façon déterminée, et implacable.
Tous ensemble, réduisons notre consommation, et limitons-la, autant que possible, à ce que nous considérons comme juste. Méthodiquement :
1/ Boycottons Mcdonald’s, Coca-Cola, Nestlé, et toutes les multinationales irresponsables en nous renseignant bien sur l’identité de leurs marques tentaculaires, et privons-les de leurs bénéfices faits au détriment du vivant.
2/ Boycottons Amazon, le Black Friday, les achats intempestifs de noël, les soldes monstres de janvier, les cadeaux de la Saint-Valentin, les oeufs en chocolat d’origine douteuse à Pâques, et tous les prétextes à la surconsommation qui nous font oublier ce qu’est vraiment l’art de la fête. Ne gardons que le plaisir de nous réunir, et la joie de nous offrir des cadeaux immatériels, qui n’ont pas de prix.
3/ Limitons nos voyages d’affaires parce qu’ils peuvent être, la plupart du temps, remplacés par des réunions skype, et qu’ils nous empêchent de profiter vraiment de nos proches.
4/ Retirons nos éventuelles économies pour priver les banques de leur spéculation outrancière.
5/ Et changeons de banque parce que BNP Paribas et la Société Générale pratiquent l’exil fiscal.
6/ Optons pour un fournisseur d’énergie responsable parce qu’Engie et EDF sont les mauvais élèves de la transition énergétique. Et mettons deux pulls plutôt qu’un.
7/ Refusons le plastique à usage unique qu’on nous sert le matin, le midi et le soir comme s’il n’allait pas finir dans l’estomac des poissons, et faisons de nos tupperwares et de nos couverts en inox des outils militants.
8/ Désertons les supermarchés qui vendent sans scrupule des produits ultra-transformés et mauvais pour notre santé, et privilégions les circuits courts pour aider nos agriculteurs à vivre décemment et sans pesticides, ni dans ce qu’ils produisent, ni dans leur urine.
9/ Réduisons notre vitesse sur les routes et garons-nous bien comme il faut pour priver les pouvoirs publics des recettes des amendes.
10/ Coupons la télé pour priver les marques de leurs injonctions à consommer les chaînes de leurs programmes abrutissants.
On nous sert une démocratie de pacotille ? Chérissons la liberté qu’il nous reste, et utilisons notre pouvoir de consommateurs pour contester, sans relâche, un système qui nous mène droit dans le mur.
Mettons-nous y tous ensemble : les citoyens angoissés face aux enjeux climatiques, les citoyens révoltés par des choix politiques en inadéquation totale avec l’urgence écologique, les citoyens en colère face à leur perte de pouvoir d’achat, les retraités qui survivent comme ils peuvent, les associations qui militent depuis des années sans se faire entendre, les travailleurs qui croulent sous les crédits sans pour autant voir leur vie s’améliorer, les jeunes cadres qui croulent sous le boulot sans pour autant gagner de quoi partir en vacances, les étudiants qui n’ont plus d’avenir, les profs qui essaient tant bien que mal d’éduquer la génération à venir, les infirmier.e.s qui tentent tant bien que mal de soigner nos vieux, les employés qui travaillent pour des entreprises irrespectueuses, les handicapés qui se voient dans l’incapacité de se déplacer normalement…
Mettons-nous y tous ensemble, calmes et déterminés. Inutile de sortir dans les rues, de nous mobiliser, de trouver des slogans, de hurler notre colère. Notre mission est très, très simple : dépenser au compte goutte, au cas par cas, seulement quand et comme nous le voulons, pour des produits dont nous avons besoin, et qui sont respectueux de la terre et des hommes. Soyons clairs : nous ne mourrons pas de ne pas avoir un vrai sapin dans notre salon à noël (en revanche, nous pourrons très sûrement d’avoir coupé tous les arbres de l’Amazonie pour faire de l’agriculture intensive)
Si nous nous y mettons tous, vraiment tous, à cette période de l’année, il ne faudra pas 6 semaines pour que les pouvoirs publics et les lobbies, soudain, nous écoutent. Il nous suffira d’être les consommateurs les plus silencieux, les plus inexistants possible. Imaginons un peu : pas de sapin de noël, pas d’achat neuf de cadeaux (mais cadeaux quand même : troc, seconde main… de très nombreux sites existent ! Et Emmaüs aussi, et tant d’autres solutions…), des achats raisonnés pour les repas de fête… Et c’est toute une économie de la surconsommation qui se meurt !
Et puis pour le reste, surtout, surtout, ne changeons rien d’autre. N’oublions pas pour autant de garder intacte notre joie de vivre, n’oublions pas de profiter de chacune des 86400 secondes que la vie nous offre chaque jour, ici, là où nous sommes, et pas là-bas où on a faim, où on fuit un conflit, où on vit sous la menace. N’oublions pas de sourire au matin, de parler à nos voisins, de chérir nos enfants, de saluer le soleil, de rire avec nos frères et sœurs, de cuisiner avec amour, de se promener en admirant le ciel, d’écouter le chant des oiseaux, de faire la sieste sous un arbre, de nous souvenir des bons moments, d’en préparer d’autres pour demain, et après-demain, de nous extasier devant la beauté d’une plante qui pousse, de faire des surprises à nos proches, de donner des coups de pouce à des inconnus, de faire un coucou aux étoiles avant d’aller nous coucher. Tout cela est gratuit, et essentiel.
Chiche ?
Carole Galand
Boycott citoyen 21 novembre 2018