Alain Deneault

Bonjour,

J’ai découvert ce penseur, lors d’une interview d’Aude Lancelin sur “Là bas si j’y suis”

Je vous recommande de visionner cet entretien que vous trouverez en libre accès sur You tube à cette adresse
https://www.youtube.com/watch?v=GhCEZ1nvzrQ
Il développe d’abord la notion critique “d’extrême centre” et montre que c’est le contraire du “centre”: le discours centriste se situe sur un axe gauche/droite, alors que le discours d’extrême centre explicite une position présentée comme étant la seule possible.
C’est le fait d’une oligarchie qui structure le discours public et fait passer comme centriste des positions en fait extrêmes;
positions ultra libérales présentées comme étant raisonnables modérées, équitables.
Le programme de l’extrême centre est en fait très simple: encore plus de bénéfices pour les entreprises, de dividendes pour les actionnaires, des accès facilités aux paradis fiscaux, moins de droits pour les travailleurs, moins de fonds pour les services publics.

Et ceci est présenté comme si cet ordre mondial auquel on est invité à se conformer était un fait de nature, alors que c’est précisément l’ œuvre même de cette oligarchie.
Il cite Guy Debord: “Dans un régime idéologique, l’important n’est pas que les gens croient à ce qu’ils entendent, mais pensent que ce qu’ils entendent soit la seule chose à laquelle ils aient droit”.
Le travail sémantique des dominants fait son œuvre afin que certains mots chargés de sens disparaissent du langage courant :

que les citoyens deviennent des partenaires, ou des consommateurs, que le peuple devienne la société civile, les droits collectifs soient plutôt exaltés en responsabilité sociale des entreprises, les conflits de classe plutôt évoqués en termes d’acceptabilité sociale….
Puis il décortique les processus utilisés par les multinationales pour soumettre les états aux “lois du marché” en ayant ainsi réussi à transformer en “lois”, la satisfaction de leur intérêts.Il s’appuie sur le cas de Total.
Si vous dites comme tout le monde Total est “une entreprise pétrolière française”, vous avez tout faux sur chacun des 4 mots de cette définition. Il montre qu’en fait ce n’est pas une entreprise mais bien un pouvoir, une nouvelle souveraineté. Il nous faut apprendre à regarder comme telles à présent  les Bayer, Monsanto, Microsoft, et toutes les multinationales agissant dans les champs où la transition nous semble vitale.

C’est une pensée puissante, exprimé dans un langage extrêmement accessible.

Bien à vous

Didier Loufrani