Edito du n° 121 de Confluences 81

121 page 3 Marc N'GVacances debout !

Des Nuits Debout continuent de s’organiser dans plusieurs villes de France depuis fin mars 2016 suite à une manifestation contre le projet de loi El Khomri sur une réforme du Code du travail. La volonté de faire converger les luttes y est très présente. Même si certaines luttes ne pourront jamais converger (on ne peut pas militer pour la reconduite des migrant-e-s aux frontières et pour un meilleur accueil des migrant-e-s !), l’idée de convergence pour un nouveau projet de société est séduisante.

Pour pouvoir passer des « nuits debout », encore faut-il ne pas être astreint à une activité salariée la nuit ! Le Code du Travail actuel régit le travail de nuit comme étant une activité exceptionnelle. Ce même Code du Travail que certains, MEDEF et gouvernement en tête, aimeraient réviser pour le rendre plus souple et adapté aux contraintes du monde économique moderne ! De même, pour pouvoir profiter des vacances que les congés payés nous permettent, il a fallu que certains fassent des journées de grève, sans solde, et parfois des nuits d’action, afin d’arracher au patronat et au gouvernement d’alors deux semaines de repos, bien méritées, tout en continuant à percevoir un salaire. Juin 1936 est une date importante dans la conquête des vacances. Le peuple pouvait à son tour profiter de quelques jours de détente (sans toutefois avoir les mêmes moyens et les mêmes loisirs que les nantis, ne rêvons pas trop). En 1956, une troisième semaine de congés payés est votée (en partie grâce aux mobilisations des ouvrier-e-s de chez Renault). En 1969, une 4° semaine de congés payés est acquise et en 1982, la 5° semaine !

De nos jours, nous n’en sommes pas à nous mobiliser pour une 6° semaine de congés payés, hélas, mais simplement à essayer de conserver ce que deux siècles de lutte ont permis comme avancées sociales. Et ses acquis, ses brèches, ont été permis par des mobilisations, des grèves, de la sueur et du sang. Pour profiter de vraies vacances, il nous faudra donc lutter, debout, dans les rues, sur les places publiques, dans les entreprises, le plus grand nombre possible. Au risque de voir filer les bénéfices des luttes des générations précédentes. Il ne nous restera alors que les yeux pour pleurer ! Sans le sable, ni la montagne…

Le comité de rédaction