Vers une société policière
L’activité juridique ne chôme pas, elle ! L’UMP veut cibler les troubles chez l’enfant : “On dit qu’il faut le faire dès l’âge de trois ans pour être efficace”, déclare Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, qui espère ainsi mieux combattre la délinquance des mineurs. (Nouvel Observateur du 1er décembre 2008) ; dorénavant on va pouvoir jeter en prison les enfants dès l’âge de 12 ans !
En cette fin du mois de novembre et en décembre, l’activité policière dans notre beau pays est en regain de forme… Nous apprenons par les médias – le jour même – qu’un journaliste de Libération, suspect de diffamation, est appréhendé chez lui de façon plutôt musclée. Nous avions déjà appris l’emprisonnement des jeunes du plateau de Millevaches, accusés de terrorisme. Quid de la présomption d’innocence ?
Plus longue, voire nulle, a été la diffusion par les mêmes médias d’autres violences policières tout aussi répréhensibles. France 3 diffuse le 2 décembre l’affaire du collège Gersois de Marciac (chien policier renifleur de drogue, fouille au corps d’adolescents de 14 ans…) plus de 12 jours après les faits. On découvre qu’une descente de gendarmerie au CFA d’Auch s’est déroulée dans des conditions quasi identiques. On est informé, surtout grâce à Internet, que de jeunes enfants sont enlevés dans une maternelle de l’Isère parce que leurs parents sont sans papiers.
Depuis, nous avons appris que ces pratiques sont « courantes » : fouilles de l’internat du CFA d’Albi (2 à 3 fois par an) ou de celui du Lycée Hôtelier de Mazamet… Peut-être y a-t-il d’autres exemples dans les établissements scolaires du Tarn ? Merci de nous en informer, nous le ferons savoir.
Plus tôt dans l’année 2008, faut-il rappeler l’interpellation « vive » de jeunes adultes dans les rues de Mazamet (jugement au tribunal de Castres le 12 décembre) ?
Les Alternatifs de Midi-Pyrénées, réunis en coordination régionale le 30/11 à Auch ont réagi contre ces procédés/procédures. Leur communiqué dit notamment : « Nos enfants aujourd’hui violentés, contraints, fichés, raflés jusque dans les maternelles et incarcérés puis expulsés quand les parents sont sans papiers, cela rappelle de mauvais souvenirs, racontés dans les livres d’histoire, et devrait nous interpeller tous. » Il nous est en effet impossible de considérer ces actes comme la norme, comme une banalité sans importance à laquelle il convient de s’habituer et contre laquelle il faut s’abstenir de réagir.
Il est dommage que les différentes polices paraissent moins s’intéresser à d’autres délinquants et/ou prédateurs qui s’épanouissent dans les paradis fiscaux, les banques, voire les milieux politiques et gouvernementaux, sans doute avec l’argent des impôts des citoyens bien sages, bien disciplinés, bien obéissants…
Une bonne nouvelle quand même : les étudiants pauvres vont pouvoir, sans être le moins du monde être inquiétés, travailler le dimanche : « c’est plus humain » que le soir, selon X. Bertrand !
Le Comité de rédaction (10/12/08)
P.S. d’A.R. : Le Monde qui n’est certes pas un journal anarcho-autonomiste titre à la UNE le 9/12 : «Le nombre des fichiers de police ne cesse d’augmenter.»