Edito du n°77 de Confluences 81

Tous pareils ?

La distinction entre « réalisations de gauche » et « réalisations de droite » a-t-elle encore du sens ?

Le citoyen ordinaire éprouve souvent un mal de chien à trouver ses repères dans les positions exprimées et les mesures prises par nos « hommes » politiques. Ajoutons que les médias traditionnels ne contribuent guère à apporter un peu de clarté !

Ainsi en va-t-il dans notre département… Mettons de côté l’insurrection épistolaire du député du Tarn, Philippe Folliot, auprès de Barack Obama pour défendre le roquefort : elle tient plus de la gesticulation médiatique que de la désobéissance active d’un José Bové !

Plus sérieusement, nous remarquons que certaines mesures que l’on classerait a priori comme étant « de gauche » sont mises en œuvre par des élus de droite. Ainsi, la gratuité des transports en commun réalisée à l’automne 2008 par la municipalité U.M.P. de Castres. Sur le fond, la mesure indiscutablement sociale, aurait eu une autre portée si elle s’était accompagnée d’une enquête sérieuse1 afin d’améliorer le service rendu à la population (circuits, horaires, fréquences…). Récemment, La Dépêche du Midi annonce « une ferme photovoltaïque sur 40 hectares au cœur du Causse » (coût 48 millions d’€), grâce à l’action conjuguée de la Communauté d’Agglomération Castres-Mazamet (majoritairement à droite, le président est P. Bugis) et du Syndicat mixte de l’aéroport. Qui s’en plaindra ? Mais n’oublions pas : en dehors de la future ex-taxe professionnelle (« une des plus importantes » selon la DdM) qui va tomber dans l’escarcelle de la Com d’Agglo, le projet va à l’évidence beaucoup rapporter à la société Hyséo, productrice d’électricité à partir de ressources renouvelables…

A l’inverse, rappelons la position nationale des Verts et du P.S., favorables en 2005 au très libéral Traité Constitutionnel Européen et, plus récemment, le vote scandaleux de parlementaires de gauche (dont la sénatrice PS du Tarn !) pour éviter que le peuple se prononce à nouveau sur cette question (traité de Lisbonne)… Dans la cuisine politique de notre pays, l’expression « développement durable », devenue l’ingrédient incontournable de toutes les sauces, de droite comme de gauche, constitue le « bling-bling » de tous les Grenelles de l’Environnement passés et à venir !

Ce brouillage généralisé ne laisse guère de place à un discours clarificateur. Pourtant, des éclaircissements sont plus que jamais nécessaires. Considérons les montagnes de « contre-réformes » lancées par la droite qui nous gouverne ! Attardons-nous sur les pratiques policières musclées qu’elle utilise (voir notre précédent édito) ! Analysons les causes des « crises » qui secouent le système capitaliste et les conséquences des profits de quelques privilégiés que le système accroît sans cesse au détriment de l’ensemble d’une population qui en subit les effets néfastes !

Alors est-il utopique de penser que va se lever enfin une gauche « vraiment de gauche », claire dans ses options et combative dans ses actions ?

Le Comité de rédaction 14/02/09

1 consultation amorcée en décembre 2007 par les Alternatifs de Castres, voir Confluences 81 n° 71