La lente agonie du modèle agricole et le glyphosate

La LENTE AGONIE du MODELE AGRICOLE et le GLYPHOSATE

Le modèle agricole productiviste n’en finit plus de montrer se limites : destruction de l’équilibre climatique et écologique de la planète, ruine et disparition des paysans, médiocrité de produits le plus souvent bourrés de pesticides, etc. Mais la bête reste agressive et n’en finit plus de mordre.

Dernière trouvaille de la FNSEA pour prolonger l’autorisation des Roundup : « vous allez nous empêcher de faire de l’agriculture de conservation par le semis direct ! ». Pratique bien évidemment généralisée en grande culture ? La réalité est toute autre : traversant le Lauraguais le 12/10 pour aller au tribunal de Foix, je n’ai vu que des tracteurs en train de labourer ou des champs déjà travaillés. Aucun semis direct ! Celui-ci reste une pratique ultra minoritaire partout en France :

Répartition des modes d’implantation de la culture (labour, travail du sol sans labour ou semis direct)
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Travail du sol sans labour Labour Semis direct
01 Blé tendre 40% 56% 4%
02 Blé dur 53% 42% 4%
03 Orge 30% 69% 1%
04 Triticale 23% 74% 2%
05 Colza 50% 49%
06 Tournesol 27% 72% 1%
07 Pois protéagineux 27% 70% 2%
08 Maïs fourrage 15% 85%
09 Maïs grain 18% 82%
10 Betterave sucrière 14% 86%
11 Pomme de terre 14% 86%
Source : Agreste – Enquête Pratiques culturales 2011

Mieux, nombreux sont ceux qui labourent 50 à 80 %, souvent après désherbage chimique. Par contre, il est exact que le sans labour (20 à 50 % selon culture) mais avec travail plus ou moins superficiel est plus gourmand en heures de travail et carburant, et demande beaucoup d’attention.

 

Nombre moyen de passages mécaniques (travail du sol, semis, récolte, apports d’engrais et traitements phytosanitaires)
Nombre de passages mécaniques
01 Blé tendre 11
02 Blé dur 11
03 Orge 11
04 Triticale 8
05 Colza 15
06 Tournesol 9
07 Pois protéagineux 11
08 Maïs fourrage 10
09 Maïs grain 10
10 Betterave sucrière 17
11 Pomme de terre 26
12 Prairie temporaire 3
13 Prairie permanente 2
Source : Agreste – Enquête Pratiques culturales 2011

Renouvellement et politiques ?

Une immense colère a saisi les Faucheurs Volontaires devant les atermoiements des décideurs qui, pour ne pas déplaire à leurs maîtres, mais très inquiets quant aux risques pénaux en cas de procès de la part des futures victimes du Roundup, tardent à prendre une décision. Nous avons donc interpellé vigoureusement ces « responsables » (4 ministres français, 4 commissaires eu, toutes les commissions, tous les députés eu, afin de les mettre face à leurs responsabilités : « vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas ! ». Nous leur avons fait parvenir un « Appel aux Décideurs, Glyphosate, crime contre l’humain et tout le vivant ». Extrait :

«… Pendant que l’on recule la date d’interdiction du glyphosate, des gens meurent. Il s’agirait donc d’un crime contre l’humain, contre tout le vivant (1), contre toutes les ressources naturelles (sol, air et eau) qui s’en trouvent polluées : ETHNOCIDE et ÉCOCIDE.

Tout responsable qui, par son vote, renouvellerait l’autorisation du glyphosate et de ses co-formulants associés devrait être dénoncé comme criminel et poursuivi personnellement comme tel … »

Les pressions de toutes parts allant dans le même sens, le ministre de l’Agriculture, S. Travers, a d’ailleurs réduit ses prétentions de prolongation de 7 à 3 ans !

9/11/17 : toujours pas de décision ! La France refuse toute prolongation au-delà de 3 ans et son poids démographique (pour une majorité qualifiée) suffit à bloquer la dernière proposition de la Commission (5 ans).

 

Jugement de Foix, déjà une grande victoire

Le juge a tranché : les quatre questions « préjudicielles » (préalable à tout jugement) seront posées à la Cour de Justice de l’Union Européenne. La reconnaissance de la légitimité de ces questions est déjà une grande victoire en soi …

Les questions portent sur le fait de laisser au pétitionnaire [le soin] de choisir ce qu’il dénomme substance active dans son produit, et la possibilité d’orienter l’intégralité de son dossier de demande sur une unique substance active alors que son produit fini en comprend plusieurs ? Dans ces conditions, « le principe de précaution et l’impartialité de l’autorisation de commercialisation sont-ils assurés ». La non prise en compte des effets toxiques cumulatifs des multiples co-formulants dans les formulations commerciales (Roundup, etc.) [est manifeste].

… mais l’enjeu est énorme : les questions portent sur l’ensemble des procédures d’évaluation, et pour toutes les préparations mises sur le marché. Si la cour nous donnait raison, c’est l’ensemble des pesticides qui seraient hors la loi !

Glyphosate dans les urines

Les faucheurs mis en cause dans les procès pour barbouillage de bidons de Roundup ont fait des recherches de glypho dans les urines (sous contrôle d’huissier). Résultat : ils ont entre 10 et 30 fois le maximum toléré dans l’eau de boisson (0,1 µg/l) bien que consommant bio depuis longtemps !

Roundup et enfumage Monsanto

Devant la montée mondiale de la contestation de sa molécule, la firme semble tout faire pour qu’on ne parle que de celle-ci – d’autant qu’elle est maintenant dans le domaine public -, essayant de faire oublier que les co-formulants sont mille fois plus toxiques et accroissent énormément la pénétration et la toxicité du glyphosate.

Roundup et ambroisie

Utilisé largement en Rhône-Alpes pour lutter contre l’ambroisie, celle-ci est vite devenue résistante au Roundup. La stratégie de substitution (variétés de tournesol et de colza rendues tolérantes aux inhibiteurs de l’ALS) aboutit rapidement au même résultat : la même famille de pesticides étant utilisée sur les céréales suppriment l’avantage des rotations de culture.

La Commission n’en peut plus de l’incapacité des états à se mettre d’accord. Faute de majorité qualifiée, elle sera, une fois de plus en matière d’OGM, obligée de décider par elle-même. Sinon, le glyphosate seraient interdits à partir du 15 décembre !

Pour le collectif des Faucheurs Volontaires,contacts :

Annick Bossu : 06 84 88 57 88  

Alain Hébrard : 06 83 90 53 33     

http://www.faucheurs-volontaires.fr/

  

collectif@faucheurs-volontaires.fr