Jules FERRY

109 page 12 Jules FerryJULES FERRY…

 

Certains hommes politiques fascinent l’historien : leur réussite au service de tous, leur panache, leur héroïsme emportent l’adhésion de tout un chacun ; Jules FERRY ne fait pas partie de cette catégorie : il est devenu un personnage historique pour d’autres raisons…

1832, Saint-Dié dans les Vosges, une famille bourgeoise aisée : telles sont “les marques de fabrique” de Jules ; sa scolarité se déroule au lycée impérial de Strasbourg avant son inscription à la faculté de droit de Paris ; ses études terminées il devient un avocat réputé qui excelle dans la défense des républicains et il participe à quelques “feuilles” dont “le temps”. Il semble avoir pris conscience dès cette époque que les “révolutions extrêmes” qui ont échoué et les “coups d’état” résultaient de l’ignorance du peuple. Janséniste dans son comportement il se rattache à ce que l’on pourrait appeler le centre gauche. En 1869 il est élu député de Paris lors d’un “ras de marée” républicain ! Le 4 septembre 1870 (1) il devient membre du gouvernement de la défense nationale sous la houlette de THIERS et en tant que maire de Paris il gère la disette ce qui lui vaudra comme surnom : FERRY la famine ! Dès que la commune éclate en mars 1871 il fuit la capitale sur les conseils de son “patron”. Il venait d’être élu en février représentant des Vosges à l’assemblée nationale, poste qu’il conservera jusqu’en 1888. Au lendemain de la guerre il se montre intransigeant vis à vis des allemands qui annexent l’Alsace et la Lorraine, à tel point que THIERS (toujours lui) l’éloigne en lui confiant le rôle d’ambassadeur à Athènes ; rentré en métropole en 1873 on le retrouve aux côtés de CLEMENCEAU et de GUESDE pour empêcher une restauration monarchique, ce qui lui vaudra de solides inimitiés à droite.

109 page 12 jules Ferry 2En février 1879 il est nommé ministre à l’instruction publique ; il jouera un rôle important jusqu’en novembre 1883 : dès le début il fait créer dans chaque département une école normale féminine, il retire l’enseignement supérieur aux groupes privés et fait disperser les congrégations non autorisées ; il fait ensuite bénéficier les jeunes filles de l’enseignement secondaire d’Etat et instaure la gratuité pour tous dans le primaire ; pendant le premier semestre de 1882 il fait voter l’obligation d’instruction ainsi que la laïcisation de l’enseignement. Enfin en novembre 1883 il fait parvenir personnellement aux instituteurs une incitation à l’enseignement d’une morale laïque et civique ; FERRY dans cette série de réformes désire avant tout donner à l’ensemble des Français une conscience civique seule capable d’éviter les révoltes et le populisme ; mais dans un tel contexte il évite soigneusement l’anticléricalisme : le jeudi est réservé à l’instruction religieuse.

Entre 1879 et 1885 il est à deux reprises président du conseil (1880-1881 ; 1883-1885 ). Il lance alors une politique coloniale d’envergure : protectorat sur la Tunisie en 1881 après “l’autorisation” de BISMARCK (“la poire tunisienne est mûre”) ; seconde expédition du Tonkin et guerre avec la Chine qui reconnaît finalement la présence française dans ces régions. Cette attitude impérialiste est immédiatement critiquée par la gauche et par la droite à cause des dépenses – FERRY est alors surnommé “le tonkinois !” : la droite lui reproche aussi de détourner les forces des armées de la revanche sur l’Allemagne ce qui était d’ailleurs un des buts de FERRY ; la gauche est vent debout surtout après un discours qu’il prononce à la chambre sur “l’inégalité des races” et le devoir des “races supérieures envers les inférieures” ; la réponse de CLEMENCEAU est cinglante (est-elle totalement sincère ?) ; elle entraîne la mise en minorité du gouvernement de FERRY et sa démission ; la défaite de Lang-Son et une fausse rumeur sur la chute de “la bourse du Tonkin” ont accéléré cette chute. La carrière politique de FERRY est dès lors beaucoup plus aléatoire : échec aux présidentielles en1887, aux législatives en 1889 ; mais élection au Sénat en 1991 ; il en devient président en 1893 pour vingt jours seulement : il décède d’une crise cardiaque…

Jules FERRY a suscité de grandes haines : à deux reprises on tente de l’assassiner en 1883 et 1885 : le deuxième attentat lui laisse une balle dans le corps ce qui causera sa mort quelques années plus tard ; contrairement à ce qu’on pourrait croire ce n’est pas son “paternalisme” très troisième république qui a provoqué cette haine mais avant tout sa lutte à l’encontre du boulangisme (2) naissant ! Mais il reste pour nous le père de l’éducation pour tous… Pas mal comme carte de visite !

Jean-Pierre Shiep

1° date de la proclamation de la république en pleine guerre contre la Prusse (Allemagne) . Paris est assiégée

2° mouvement séditieux qui se développe autour du général BOULANGER et qui met en danger la république.