Edito du n°68 de Confluences 81

Dessine-moi une gauche “décomplexée” !

C’est annoncé sur l’air des lampions : la droite est décomplexée ! Fort de son élection confortable, le président de la République a mis son gouvernement au travail, mais il garde l’œil du maître sur tout cela ! Et les projets de lois se succèdent, discutés par une Assemblée moins bleue que prévue, mais aux ordres. Notons le « service minimum », véritable machine de guerre contre le droit de grève : il y a eu du monde dans les rues en plein été pour s’y opposer et ce n’est pas fini ! Ajoutons-y le projet de loi « travail, emploi et pouvoir d’achat » dit « paquet fiscal », comprenant le Revenu de Solidarité Active, adopté par le Sénat fin juillet (« abstention positive » (?) du PS), avec un discours sur le travail de C. Lagarde, Ministre de l’Economie, à vous faire frissonner d’inquiétude ! Evoquons au passage la loi « anti-récidive » qui va envoyer en prison quelques mineurs supplémentaires : ça rassurera qui ? Pour ce qui est de la loi « autonomie des Universités », voir notre dossier central. N’oublions pas la multiplication des surfaces cultivées en plantes génétiquement modifiées : là aussi quelques réactions pour s’y opposer, trop rares dans notre département. Pour ponctuer le tout, les rafles et les reconduites aux frontières auxquelles s’affrontent, entre autres, les militant-e-s du Réseau Education Sans Frontières.

Surtout ne pas rire de la volonté de consulter (le « Grenelle de l’Environnement » à la rentrée ?), ni de la volonté d’ouverture (les ministres « de gauche », DSK et le FMI, Jack Lang et la réforme des institutions, …). Le réveil sera rude !

La prise de conscience par certains militants associatifs que les luttes se mènent aussi sur le champ politique est une avancée intéressante. Peut-être faudra-t-il aussi passer à d’autres formes d’action sur le terrain, pacifiques mais déterminées. Ces militants, encore trop peu nombreux, impliqués dans les associations anti-OGM, antiracistes, anti-etc…, ont de plus en plus de mal à jouer les pompiers face à tous ces feux et même à accorder leurs violons.

Conséquence des élections présidentielle et législatives, où toute la gauche – quel que soit le résultat plus flatteur de l’un ou de l’autre des candidats, ici ou ailleurs – vient de connaître une Bérézina sans précédent : où est la gauche en France ?

Avant les élections cantonales et municipales (printemps 2008), reste à savoir comment rassembler la gauche sur des bases écologistes, sociales, féministes, altermondialistes, autogestionnaires. Avec une crédibilité que donne l’expérimentation concrète sur le terrain et une idéologie pas timorée (décomplexée ?) face aux lourdes attaques du capitalisme mondialisé…

Ce sera un des combats des Alternatifs !

Comité de rédaction (17/08/2007)