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En apercevant l’antenne-relais de l’autre côté de la rue de ce village, il détourna le regard. Avec tant de cadres d’ingénierie qui recherchent dans le secteur, rêvent de co-working et de « changer l’économie pour changer le monde »1, des niaiseries auxquelles il n’avait jamais cru, il avait malgré tout accepté l’évolution de sa carrière. Sa formation d’énergéticien au temps du monopole d’État lui permettait à l’époque d’assumer des choix plus large que ceux de quelques illuminés dévouant leur existence au numérique. Monsieur Machaind est représentant en objets connectés, et ce qui l’inquiétait ce soir, dans la salle du café, contemplant cette antenne, était la proximité de l’EPHAD auquel s’ajoutait l’écriteau d’une cantine pour gamins2. Peut être dix mètres seulement séparait le pylône de la maison des anciens. Que la mairie se trouve aussi à proximité ne l’étonnait guère, il avait même eu vent d’un maire décédé d’une tumeur au cerveau lors de son second mandat, avec une antenne à quelques mètres de son bureau. Cela n’avait pas eu l’air d’affoler grand monde, et puis comment prouver l’influence seule du pylône ? Le marché hebdomadaire y prospère toujours dessous. Et puis il se souvint du faisceau de l’antenne en direction de l’école primaire de Saint-Aubin à Toulouse, combien ? 50 mètres peut être…3 Ce soir, la vision de cette grue connectée, une heure avant le Conseil municipal où il doit intervenir, le fit sourire, comme s’il constatait une bêtise de gosse que lui n’aurait jamais commise.
– Vous regardez l’antenne ? Lui lança Odile, qui était accompagnée de Bertrand, tous deux conseillers. Elle prit place face au commercial, et poursuivit :
– C’est le fait de vos collègues qui n’ont aucun respect pour la santé des personnes les plus fragiles.