Areté de Cyrène (400-330 av JC)
Elle vécut à une période de la Grèce antique où l’on imagine la naissance de la dramaturgie « moderne », notamment avec Aristophane, auteur, entre autre, de « L’Assemblée des Femmes » où il imagine les athéniennes s’organisant pour prendre des décisions et gérer Athènes. Elle eut pu connaître aussi le philosophe athénien Antisthène, le fondateur de l’école des « Cyniques ». Ce philosophe niait toutes différences de talent et de vertu entre hommes et femmes.
Arété de Cyrène, est née, selon les données admises, en 400 avant JC, en Afrique du Nord, dans une cité fondée par des colons grecs sur un territoire de l’actuelle Libye.
Elle suivit son père lorsqu’il partit vivre, étudier et enseigner à Athènes.
Son père… Aristippe de Cyrène, probablement le fondateur de l’école Cyrénaïque, il plaçait le plaisir comme un mouvement doux à rechercher comme but ultime de la vie). Lui même disciple de Socrate. Arété fut une des élèves et disciples de son père !
Plus tard, elle succèdera à son père dans l’enseignement de la philosophie (selon certaines versions, notamment celle de l’historien grec Diogène Laërce).
Elle est la mère d’Aristippe le Jeune dit « le Matrodidacte » (qui veut dire en grec ancien « enseigné par sa mère »).
Elle aurait enseigné la philosophie naturelle et morale dans les écoles et les académies de l’Attique pendant une trentaine d’années. Certains textes disent qu’elle aurait écrit une quarantaine de livres, mais ils ne sont pas (encore) arrivés jusqu’à nous.
Ses compatriotes semblaient la porter en haute estime, en témoigne l’épitaphe de sa tombe : « Areté de Cyrène est la splendeur de la Grèce, elle possédait la beauté de Hélène de Troie, la vertu de Pénélope (épouse d’Ulysse selon Homère), la plume d’Aristippe, l’âme de Socrate et la langue de Homère ».
Lorsqu’elle ne fut plus en mesure d’enseigner, c’est son fils Aristippe le Jeune qui lui succède à la tête de l’école cyrénaïque.
Clément d’Alexandrie, un des Pères de l’Église chrétienne, parle d’Arété de Cyrène, comme l’une de ces savantes de l’Antiquité qui cultivaient leurs âmes. Malgré le poids du patriarcat, Clément d’Alexandrie estimait que les femmes comme les hommes pouvaient atteindre la « perfection » (de l’âme, du savoir, de la sagesse).
Dans une société où les femmes n’avaient pas le statut de citoyenne, avoir la possibilité d’enseigner est une preuve de la capacité à l’égalité entre femmes et hommes. Avec Arété de Cyrène un premier pas est lancé vers l’élan d’émancipation des femmes. Cette émancipation prendra un voire deux millénaires, mais il est en marche. Le patriarcat a probablement mis beaucoup plus de temps à s’installer ! Sa chute sera le début d’une nouvelle ère. Probablement que nous vivons les soubresauts de ce système inégalitaire.
Arété de Cyrène est certainement la 1ère femme professeur de philosophie, je place donc, en évitant de la récupérer malgré elle, comme la « Grand-Mère » des femmes qui ont voulu avoir accès à la connaissance, à la culture, à l’enseignement, comme outils de savoir leur permettant de sortir d’une situation de subordonnées. Afin, à leur tour, de transmettre aux générations suivantes les savoirs acquis, pour que la situation des femmes évoluent et soit meilleure que celle de leurs mères !
À suivre…
Patrice. K