Edito du n° 114 de Confluences 81

114 page 3 Kalié édito FSCN1180 (2)Conte de printemps

En ce début d’année, on pourrait croire que le printemps, tout neuf, va tout transformer.

 

La nature, naturellement ! Les poussées de sève font reverdir les arbres, fleurir les boutons d’or. De jeunes pousses vont reboiser la forêt de Sivens, sauvagement décimée pendant la morte saison par une armée de robocops, dont on avait remonté à fond (par erreur ?) le mécanisme. Ils étaient aidés par des agriculteurs à qui l’inactivité hivernale donnait des aigreurs d’estomac, au point d’aller menacer de mort de jeunes elfes et farfadets vivant dans le bois pour le protéger. Les notables du coin ont profité de la situation pour régner en maîtres absolus et mener à terme leurs sinistres desseins.

 

Les animaux aussi sont heureux au printemps. Ici les mâles et les femelles se lutinent, les abeilles aménagent leur ruche, les oiseaux construisent leurs nids, pendant qu’ailleurs  les 1000 vaches songent à de vastes prairies, les 1000 poules s’imaginent à picorer des vers de terre et les 12000 porcs se voient gambader le nez au vent ! Ils rêvent tous d’un monde où les humains se nourriraient gratuitement d’amour et d’eau fraîche. Mais avec le printemps tout peut changer !

 

Car il y a ces femmes et ces hommes qui imaginent une société différente. Une société sans chefs et sans experts, sans la haine et la violence des groupes d’excités avides de pouvoir, sans la guerre, sans l’argent roi. Des femmes et des hommes  qui rêvent que leurs besoins essentiels et élémentaires soient satisfaits gratuitement,  qui manifestent leurs envies dans la rue et dans les urnes. Mais ils sentent bien que la poussée de sève ne suffira pas à réaliser leurs projets.

 

Alors ils vont continuer à se rassembler, dans les bois, dans les prés, dans les rues, toujours plus nombreux, pour un printemps permanent.

Il faut si peu de choses pour être heureux !

Le Comité de rédaction

2 avril 2015