Jacques P. DE LA BOLLARDIERE

108 page 12 image JP Bol 1JACQUES PÂRIS DE BOLLARDIERE

 

Chez les DE BOLLARDIERE on est militaire de père en fils : Jacques ne déroge pas à la règle ; mais… 

Comme la plupart des grands personnages qui se sont illustrés au cours de la dernière guerre PÂRIS DE BOLLARDIERE naît au début du XX°, en 1907 à Châteaubriand. Son père est officier de marine et le jeune homme se forme au Prytanée de La Flêche : sa carrière est déjà tracée. Il entre ensuite à l’école militaire de Saint -Cyr ; il en sort au bout de trois ans avec le grade de sergent-chef alors que normalement les cyrards obtiennent le grade de sous-lieutenant au bout de deux ans : son non-conformisme aurait-il déplu dans un milieu quelque peu guindé? Très tôt cependant sa valeur sera reconnue : promu lieutenant en 1932 , il s’engage au premier régiment étranger d’infanterie (légion étrangère) de Saïda (Algérie) et rejoint bientôt Marrakech ;début 1940 il reçoit ses galons de capitaine avant de partir à Narvik en Norvège à la tête de la treizième demi- brigade (DBLE) : ce sera la seule grande victoire des alliés au début de la guerre!

Lors de la débacle il est à Brest et avant même l’appel de DE GAULLE il décide de passer en Angleterre pour rejoindre au sein de la treizième demi-brigade ce qui deviendra “la France libre”. A la fin de l’année il est au Gabon ; en 1941 en Erythrée à la bataille de Massaoua à la tête d’une unité de 90 hommes il parvient en quelques heures à faire tomber le fort “Vittorio Emmanuele” que l’on disait imprenable et à faire plus de 300 prisonniers ce qui lui vaudra la croix de la libération ! Toujours en 1941 promu chef de bataillon il participe à la campagne de Lybie et en 1942 lors de la bataille d’El Alamein (Egypte) qui “signe” la défaite de “l’Afrika Korps” il est blessé . Il ne reprend du service qu’au printemps 43 à Sousse en Algérie où il rejoint son unité avant de passer en Angleterre pour perfectionner ses talents de parachutiste : il désire être envoyé en mission en France occupée ; le 12/4/1944 il est largué au dessus de Mourmelon dans le cadre de la mission “Citronnelle” pour organiser le maquis des Ardennes ; tous ces maquis importants sont “malmenés” par l’occupant (Glières , Vercors..) mais malgré la pression allemande celui-là réussit à se maintenir : face aux atrocités PÂRIS DE BOLLARDIERE commence à se poser des questions sur l’usage de la “force”. Début 45 on le retrouve en Angleterre avant qu’on ne le largue au dessus de la Hollande pour la dernière phase de la guerre.

Est-ce la fin des missions militaires?… Il prend le temps de se marier et en février 1946 à la tête du premier bataillon de parachutistes il part pour l’Indochine : il y reste jusqu’en 48 , rentre en France , puis repart de 50 à 53 . Malgré la dureté du Viet Minh il parvient à se montrer toujours humain en cherchant à s’intégrer au maximum dans la population et en faisant condamner par exemple un militaire qui avait tiré dans le dos d’un ennemi . Rentré en métropole il enseigne à l’école militaire la stratégie et la tactique des troupes aéroportées . Bien entendu il est amené à combattre en Algérie : en 1956 il a en charge une partie de l’Atlas blidéen où il commande deux brigades de rappelés : malgré ses grandes distinctions militaires – il est alors le plus jeune général de l’armée française – il essaie au maximum “d’être algérien” en suivant son “éthique chrétienne”. Mais dès le début de la bataille d’Alger en 57 cette attitude devient impossible et après des échanges orageux sur la torture qu’il ne saurait tolérer, avec MASSU , SALAN et surtout LACOSTE gouverneur d’Algérie , il rentre en France en mars , déchargé de toute mission . Les choses s’enveniment davantage lorsqu’il prend la défense de son subordonné J J.SERVAN SCHREIBER condamné pour atteinte au moral de l’armée pour son ouvrage “lieutenant en Algérie” . Cet épisode lui vaudra un emprisonnement symbolique de soixante jours! Le seul Gaston DEFFERE ministre aux colonies prendra sa défense . Dès lors il ne joue plus aucun rôle dans l’armée et en avril 1961 il démissionne au moment du putsch des généraux ou plutôt comme dira son épouse c’est “l’armée qui l’abandonne”. …

Il participe alors au “mouvement pour une alternative non violente” (MAN) ce qui l’amène à manifester à partir de 1970 sur le Larzac contre l’extension du camp militaire et en Polynésie près de Mururoa en compagnie de Brice LALONDE (juillet 1973) ce qui poussera le président POMPIDOU à lui enlever tous ses grades . C’est l’époque où il publie “bataille d’Alger, bataille de l’homme (1972)” et “la guerre et le désarmement (1976)”. Enfin en 1982 il refuse la loi d’amnistie qui lui aurait permis de “reprendre ses droits”. Il est vrai que les putschistes de 1961 étaient aussi “pardonnés”; PÂRIS DE LA BOLLARDIERE refusa de faire partie de la même “fournée”! Il a préféré avec son épouse se tourner vers l’écologie . Il décède dans la simplicité à Guidel en Bretagne sa terre natale en 1986.

Au lendemain de sa mort peu d’hommages lui furent rendus ; mais petit à petit on commence à se souvenir de lui : à Paris a été créé le carrefour “général Jacques PÂRIS DE BOLLARDIERE”[ 2007] . La décision a été prise à l’unanimité par le conseil de la ville : belle revanche “post-mortem”.

JP SHIEP

NB.il existe de nombreux sites donnant des informations sur J.P.DE BOLLARDIERE : rien n’empêche d’aller voir même du côté de MASSU ou d’AUSSARESSES !