Edito du n°88 de Confluences 81

Pour l’émancipation humaine, le combat continue !

Cette phrase, que notre camarade Michèle RIVALS, des Alternatifs 06, récemment disparue, se plaisait à répéter, est plus que jamais d’actualité.

Plusieurs mois de luttes contre le projet sur les retraites, des kilomètres de cortèges dans près de 300 villes, de nombreuses journées de grève dans certains secteurs n’y ont rien fait : la contre-réforme a été votée et promulguée. Echec ? Demi-succès ? Lutte terminée ? Pause momentanée ?

Pourtant, cette mobilisation exceptionnelle a fédéré les colères et les révoltes contre toutes les injustices du système et contre l’Etat sarkozyste. Grâce à elle, à travers elle, des dizaines de milliers de jeunes ont découvert la force de l’unité et de l’auto-organisation, le goût du collectif plutôt que du chacun pour soi, l’importance du débat politique. De nombreux anciens les redécouvrent, et avec elles le goût et l’aspiration à la lutte et à la victoire.

Les organisations actrices de ce mouvement ont une kyrielle de leçons à en tirer. Aussi bien l’Intersyndicale qui a su développer les mobilisations maissans les mener jusqu’au bout, que les formations se réclamant de la gauche antilibérale, jamais en mesure de proposer ensemble une alternative crédible aux millions de manifestants. Ceci, alors qu’étaient posées 2 questions essentielles et intimement liées : celle du renouvellement complet des politiques publiques permettant de renforcer la cohésion sociale au lieu de la détruire et celle de la légitimité de ce pouvoir au service d’une oligarchie financière.

Une réflexion approfondie sur l’état du salariat et le type de luttes à mettre en place pour attaquer et le capital et le capitalisme, sur les inégalités (entre hommes et femmes, singulièrement), sur la dégradation du travail, sur le «travailler toujours plus», sur la domination de la finance, sur la collusion entre élites politiques et économiques, sur le déficit démocratique, sur les finalités du modèle de développement … est à mener. La Fondation Copernic s’y emploie.

Les plans d’austérité continuent à s’abattre en Europe : après la Grèce, l’Irlande ; en attendant le Portugal puis l’Espagne. Qui ensuite ? Serons-nous en capacité de mener de façon coordonnée une riposte au niveau européen ?

En France, après les retraites, ce sont d’autres pans du système de solidarité issu du programme du CNR et, tout d’abord la santé, qui sont dans le collimateur des prédateurs. A Carmaux, la lutte pour conserver à l’hôpital de proximité le service des Urgences s’amplifie. Les actions de défense d’un service Public Postal digne de ce nom continuent, comme à Salvagnac. Reste la question récurrente : comment fédérer ces luttes ? Et, avec elles, celles contre la loi Besson et pour le droit à la citoyenneté active de tous les résidents, quelles que soient leur origine et leur nationalité. Et aussi toutes les tentatives éparses de « construire un autre monde », où l’économie serait «relocalisée » au plus près de ses acteurs, où l’agriculture paysanne « propre » serait favorisée, où déplacements ne rimeraient plus ni avec autoroutes ou LGV, mais avec transports en commun facilement accessibles et gratuits, où chacunE de nous aurait la possibilité de donner son point de vue, de prendre part à la décision et d’en contrôler la réalisation et les résultats. Continuer à œuvrer à l’émergence de cette gauche de transformation sociale et écologique, nécessaire pour conforter l’espoir.

La marmite est pleine. Va-t-elle déborder ?

Vaste chantier pour 2011 !

Le comité de rédaction