Edito du n°61 de Confluences 81

Un pas vers une autre Europe ?

En Europe, pour les divers scrutins, point n’est besoin d’observateurs étrangers pour en contrôler la régularité. Pour les exécutifs des états membres, il suffit de passer outre les résultats, les mouvements sociaux, les sondages d’opinion malgré une humeur anti-libérale vraisemblablement majoritaire.

En France, les gouvernements issus du 21 avril 2002 sont illégitimes : ils s’emploient à faire adopter des textes d’un extrémisme ultralibéral, alors qu’ils ne devraient qu’expédier les affaires courantes.

En contradiction avec les résultats des élections Régionales, les charges financières sont décentralisées, rendant le principe de l’égalité sur tout le territoire complètement caduc… Malgré le NON du 29 mai 2005, les privatisations se poursuivent, les attaques contre les hôpitaux publics se multiplient, la libéralisation du secteur de l’audiovisuel, pourtant hors A.G.C.S., est en cours de discussion…

Quelles sont les vraies raisons d’un tel entêtement de la part du quatuor Chirac-Villepin-Sarkosy-Borloo, face à la mobilisation déterminée contre la loi d’égalité des chances ? Pourquoi les médias ont-ils orienté notre lutte uniquement sur le C.P.E. ?

Pourquoi employer une répression policière de plus en plus violente contre les Faucheurs Volontaires alors qu’une large majorité des Français rejette les O.G.M. ? Comment deux chefs de gouvernement successifs peuvent-ils se maintenir avec une telle cote d’impopularité ?

Ces problèmes, contrairement à ce qu’on laisse entendre, ne sont pas Franco-Français. Une fois de plus il y a manipulation, car il s’agit en fait de poursuivre les réformes voulues dans le cadre de la stratégie de Lisbonne et l’on se doit d’être servile auprès de la Commission européenne. Celle-ci a mis en place un suivi renforcé de l’accompagnement des 28 objectifs libéraux à atteindre d’ici 2010. Chaque état membre est tenu d’établir un Plan National de Réformes (P.N.R.) et d’adresser annuellement un rapport à la C.E. Puis celle-ci présente devant le Conseil européen un bilan annuel de l’application de la stratégie de Lisbonne : celui du 24 Mars 2006 était intitulé «Passons à la vitesse supérieure !».

Voilà où se trouve le vrai exécutif, entouré de milliers de conseillers dépêchés par les actionnaires du grand capital. Voilà pourquoi les résultats des scrutins ne comptent pas, pourquoi ce n’est pas la rue qui gouverne. Il vaut mieux être populaire auprès de la Commission que des peuples !

Les gouvernements des états membres ne sont que de petits officiers, les experts, les journalistes des grands médias que de petits soldats, et celles et ceux qui pleurent sur les quais des R.E.R. les jours de grève de grands esclaves qu’il faut libérer. Comment les libérer (et nous aussi, bien sûr) ? Pour les Alternatifs, il ne fait aucun doute que des candidatures unitaires, par le biais des Collectifs départementaux, locaux pour des candidatures communes, peuvent mettre à bas la contre-révolution libérale en cours.

Comité de rédaction (08/06/2006)