Marie Le Jars de Gournay

118 page 20 Marie Le Jars de Gournay (1565-1645) (2)Marie Le Jars de Gournay et la notion d’égalité

Marie Le Jars naquit en 1565 à Paris. Son père décède alors qu’elle n’a que 13 ans. Malgré l’éducation traditionnelle que tente de lui inculquer sa mère, peu enthousiasmant pour une fille, elle décide d’apprendre seule le Latin et le Grec ancien. Vers l’âge de 18 ans, elle découvre la 1ère édition des « Essais » de Michel de Montaigne qui sont pour elle comme une révélation ! En 1588, elle parvient enfin à rencontrer Montaigne. Bien que 35 ans ne les séparent, une forme de communion intellectuelle les unit*. Rapidement Montaigne la désigne comme sa « fille d’alliance » !

Devenue veuve en 1592, Françoise de Montaigne charge Marie le Jars de Gournay de publier une nouvelle édition des « Essais » avec des annotations du philosophe. Malgré cette publication, elle a du mal à se faire accepter au sein de l’intelligentsia européenne d’alors ! Heureusement Marie de Médicis et Richelieu lui octroient une pension royale, ce qui lui donne le privilège de publier ses propres écrits.

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Féminismes (Confluences 81 n° 116)

116 page 16 Louyse Bourgeois (1563-1636)Les premiers pas de la réflexion sur l’avortement thérapeutique en France.

Assez récemment, le 29 juin 2015, le Mozambique dépénalisait l’avortement (en même temps qu’il dépénalisait les relations homosexuelles). L’occasion pour moi de donner un coup de projecteur sur une femme oubliée dans la longue histoire de la lutte pour l’accès à l’avortement en France, Louyse Bourgeois. Elle est née en 1563 et décédée en 1636. En 1594, elle épouse Martin Boursier, un chirurgien, élève d’Ambroise Paré. En novembre 1598, elle obtient son diplôme de sage-femme et acquiert rapidement une renommée auprès des dames de la cour. Elle accouche la reine Marie de Médicis à six reprises. Elle est rétribuée 500 couronnes pour la naissance d’un garçon et 300 pour la naissance d’une fille.

En 1609, elle publie « Observations diverses sur la stérilité, perte de fruits, fécondité, accouchements et maladies des femmes et enfants nouveau-nés, », qui est considéré comme un des 1ers ouvrages d’obstétrique écrits par une femme (après celui attribué à Cléopâtre VII d’Égypte et ceux de la médecienne Trotula de Salerne au XI° siècle). Dans cet ouvrage, elle avoue avoir eu recours à des avortements thérapeutiques pour sauver la vie de la mère. Acte alors inacceptable ! Une cinquantaine d’années avant la publication de cet ouvrage, le roi Henri II promulguait son Édit de février 1556 qui obligeait les femmes et les veuves à se déclarer quand elles se trouvaient enceintes et réservait la peine de mort aux personnes qui se rendaient coupables d’infanticide (et par extension, d’avortement). On peut aussi voir dans cet Édit une tentative du pouvoir royal de reprendre au clergé la responsabilité de gérer l’avortement, longtemps « chasse gardée » des tribunaux ecclésiastiques.

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Anne de France

115 page 16 Anne de France (1461-1522) Régente de France (1461-1522)Anne de France et le Marteau des Sorcières.

Lorsque le roi de France Louis XI meurt en 1483, son fils, Charles VIII, pressenti pour lui succéder* n’a pas encore atteint l’âge de 14 ans, majorité donnant accès au trône**. Avant de décéder, le roi désigne sa fille, la princesse Anne de Beaujeu, duchesse de Bourbon, comme tutrice du futur roi, car il la considère comme la « moins folle des filles de France ». Elle est alors âgée de 23 ans et devra gagner sa légitimité face à son cousin, Louis, Duc d’Orléans*** lors des États Généraux de 1484****. En 1491, elle parvient à marier son frère avec Anne de Bretagne, préparant ainsi l’union du duché de Bretagne et du royaume de France. Charles VIII, fraîchement marié, se sent alors capable d’assumer seul la charge royale. Anne de Beaujeu, aussi nommée Anne de France, sombre alors peu à peu dans l’oubli et en profite pour écrire un ouvrage pour sa fille, « Les enseignements d’Anne de France, duchesse de Bourbonnais et d’Auvergne, à sa fille Susanne de Bourbon » sorte de manuel d’éducation des jeunes filles de l’aristocratie de cette époque.

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Madeleine de Scudéry

XIR53726J’ai souvent pensé à me marier. Et puis j’ai réfléchi.” *

Dans son ouvrage « Les Structures élémentaires de la Parentalité » (paru en 1948), l’anthropologue Claude Lévi-Strauss estime que le mariage est l’organisation familiale la plus répandue à travers le monde. La grande majorité des sociétés humaines organisent donc la famille en liant des personnes entre elles par des liens civils ou religieux. Naïvement on pourrait penser que les individus qui contractent cette forme d’union sont considérés comme égaux. Hélas, cela n’est pas systématique.

Pour de nombreuses femmes, à travers le monde et à travers les âges, le mariage a été synonyme d’asservissement, d’aliénation, d’infantilisation.

Exceptions faites des unions issues de rapt ou d’achat des femmes, le mariage permettait d’unir des familles, des clans, des territoires, des royaumes… au-delà des épousailles des personnes mariées. Très souvent, l’avis des principaux intéressés était facultatif ! Mariage de raison et d’intérêts… L’amour n’avait pas sa place dans cette histoire !

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Trotula di Ruggero de Salerne

Confluences 81 publie depuis janvier 2014 (n° 106) une série de textes de Patrice Kappel qui enrichissent notre réflexion sur les femmes qui, dans l’histoire (ou la légende ?) ont amené un apport exceptionnel, même s’il est parfois très méconnu… Ci-dessous une première série de 7 articles.

Quand une femme fait une découverte importante, on l’attribue à un homme.

 

112 page 16 Trotula_di_Ruggero_de_Salerne_(10-1097)Trotula de Salerne et l’effet Matilda.

 

Contrairement à une idée répandue et savamment entretenue, la première femme toubib n’est pas Elizabeth Blackwell en 1849 aux USA (cela ne minimise en rien le courage qu’il a fallu à toutes celles qui ont bravé les interdits pour obtenir le droit d’exercer !). En étudiant les médecines traditionnelles, on constate que des femmes exerçaient la médecine sur tous les continents dès la « médecine primitive ». Et même, dans certaines régions du monde, les femmes sont les seules à exercer cet art, comme c’est le cas chez les Olo-Maanyam sur l’île de Bornéo.

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Anne de Kiev

111 page 16 Anne de Kiev (1032-1079) Reine des Francs (2)La vie des femmes en Occident du temps des premières Reines de France

Le Moyen Âge occidental est une période de l’Histoire où les droits des femmes et ceux des hommes sont clairement différents et codifiés comme tels. La définition des rôles que l’on voulait imposer aux filles et aux femmes y a fait l’objet de nombreux ouvrages, de nombreuses homélies. Essentiellement d’origines masculines ! Des religieux, des moralistes, des philosophes ont couché sur des kilomètres de parchemins, sur des milliers de tomes les obligations et interdits, les devoirs et tabous que devaient respecter les femmes au cours de leur vie. La plus importante somme d’écrits qui nous vient de cette période est issue des clercs et d’hommes d’Église. C’est donc leur vision des femmes qui se diffuse : une vision faite de peurs et de fantasmes, d’incertitudes et de doutes… et de certitudes bancales.    

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Christine de Pizan

110 page 16 B 8  Christine de Pisan (1364-1430)L’autonomie par l’indépendance économique.

 

Dans un système sociétal où l’autonomie et l’émancipation sont permises grâce à l’indépendance économique, les personnes écartées des emplois rémunérateurs sont, de fait, reléguées à l’impossibilité de subvenir d’elles-mêmes à leurs propres besoins.

Les femmes ont longtemps été tenues à l’écart des emplois rémunérateurs (mais nombre d’entre elles étaient affectées aux travaux domestiques, agricoles… non rémunérés) ce qui est une des raisons de leur mise sous tutelle par les hommes.

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Hildegarde de Bingen & Marguerite de Porete

109 page 16 Hildegarde de Bingen (1098-1179)La volonté d’accéder à l’instruction

La première revendication proto-féministe * que l’on trouve dès le Moyen Âge, en Europe de l’Ouest, est la volonté de nombreuses femmes d’accéder à l’instruction, aux savoirs, aux sciences. Aux éléments qui leur permettraient de s’émanciper des hommes et de sortir de la sujétion et de la misère.

Les femmes ont été très longtemps écartées des lieux d’apprentissages et d’instruction. Pour divers prétextes. Mais surtout pour continuer à leur imposer un ordre. Celui d’un système aux mains d’une caste d’hommes.

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Hypathie d’Alexandrie

108 page 16  Hypatia (1885 par Charles-William-Mitchell)Hypatie d’Alexandrie

Hypatie d’Alexandrie était une mathématicienne, astronome et philosophe grecque dont la naissance est établie en 370 (soit 10 ans avant que l’Empereur Théodose 1er proclame le christianisme comme religion officielle de l’Empire romain).

Son père, Théon d’Alexandrie, serait le dernier directeur du Musée d’Alexandrie. Il l’initie à l’arithmétique et à la géométrie. Elle étudie ensuite la philosophie à Athènes, où elle suit les enseignements d’Asclépigénie, une philosophe néo-platonicienne (et oui, des femmes enseignaient la philosophie en ce temps là, mais on s’est habilement ingénié à faire disparaître leurs traces de l’histoire officielle !)

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SAPPHO

107 page 16 Bust_Sappho_Musei_Capitolini_MC1164Sappho (environ 630 av JC-580 av JC)

Sappho aurait vécu à Mytilène, sur l’île de Lesbos

Poétesse grecque et joueuse de barbitos (lyre au son un peu plus grave), de harpe et de plectre, sa réputation fit d’elle « la Lesbienne* » ce qui signifiait en ce temps « la personne célèbre de Lesbos ».

Certains pensent que l’ensemble de ses œuvres a été brûlé en 1073. Quelques fragments de poèmes et des citations sont quand même arrivés jusqu’à nous. Ce que nous savons de Sappho provient surtout des écrits de ses contemporains !

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